Par Pierre Jean-Claude*
Document traduit de l’Espagnol
Soumis à AlterPresse le 11 février 2014
Cardinal Nicolás de Jesús López Rodríguez
Archevêque Métropolitain de Saint-Domingue et Primat d’Amérique
Président de la Conférence Episcopale Dominicaine
République Dominicaine
Son Eminence :
Depuis que le Tribunal Constitutionnel (TC) de la République dominicaine (RD) en violation flagrante des conventions internationales de droits de l’homme, a rendu son jugement TC/0168/13 qui affecte des centaines de milliers de citoyens dominicains de différentes ascendances, dont la plupart sont d’origine haïtienne, je suis très minutieusement vos commentaires où vous manifestez un soutien inconditionnel à cette décision injuste, inhumaine et honteuse. En effet, je ne suis pas prêt à me taire devant une telle injustice, dont les effroyables conséquences ne font que ronger des plaies déjà ouvertes.
Selon le Catéchisme de l’Eglise catholique, au numéro 888 du chapitre troisième, vous avez « pour tâche première d’annoncer l’Évangile de Dieu à tous les hommes " (PO 4), selon l’ordre du Seigneur (cf. Mc 16, 15) ». Au numéro 893, il est clair que vous avez une mission de sanctifier l’Église par votre prière et votre œuvre, « par le ministère de la parole et des sacrements (…) », par votre exemple, « non pas en faisant le seigneur à l’égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant le modèle du troupeau ». Et au numéro 894, il est écrit que vous avez la charge de diriger l’Eglise par vos conseils, vos encouragements et vos exemples. Sur la base de ces principes fondamentaux de la Doctrine de l’Eglise, Monsieur le Cardinal, je vous rappelle ce que devrait être votre travail en tant que pasteur de l’Eglise qui a pour mission de rassembler le peuple de Dieu, pas de le diviser ; et vous ne devriez pas avoir autre préférence que celle pour les plus démunis, les oubliés, les sans-voix, les exclus de la société, ceux qui sont objets de persécution.
Monsieur le Cardinal,
Comme pasteur, ayant pour obligation essentielle d’œuvrer pour le salut des âmes, vous soutenez une décision de la Cour constitutionnelle de la République Dominicaine qui dénationalise des centaines de milliers de Dominicaines et Dominicains, et efface ainsi leur existence citoyenne en les dépourvoyant de leur identité légale. Des gens dont l’unique crime commis est d’avoir pris naissance en République Dominicaine, de parents migrants en situation irrégulière. L’unique pays qu’ils connaissent est la République Dominicaine ; l’unique langue qu’ils parlent est l’espagnol (dominicain).
Monsieur le Cardinal,
En plus d’avoir une position sectorielle dont le fondement rationnel et éthique est très douteux, maintenant vous vous attaquez à la Congrégation des Jésuites.
Primat d’Amérique,
Dans le n°47 du second chapitre de la Constitution Sacrosanctum Concilium, préparée par le Concile Vatican II, sur le Saint Mystère de l’Eucharistie, il est clair que le sacrifice eucharistique du Corps et du Sang du Christ est « sacrement de pitié, signe d’unité, lien de la charité, banquet pascal (...)". La messe est un moment spécial et de rencontre intime entre les fidèles et Dieu. Vous utilisez cet espace, rejetant ainsi son sens sacré, pour s’en prendre au Père Serrano, en déchargeant tout votre colère et votre rage.
Vous lui avez crié : « Je ne suis pas son compagnon ». Si lui, étant prêtre, votre frère dans le sacerdoce du Christ n’est pas votre compagnon, alors, qui va vous croire dans votre enseignement pastoral, Monsieur le Cardinal ? Que le Père Mario Serrano et la Compagnie de Jésus se rappellent de la huitième béatitude, pour y puiser de la force afin de continuer leur travail missionnaire : « Heureux sont ceux qui souffrent de la persécution pour la justice, car le royaume des cieux leur appartient ! »
C’est avec fureur que vous vous êtes adressé au Supérieur du Père Mario Serrano lui ordonnant de faire taire son confrère : « Il (Père Mario Serrano) s’est mis du côté des gauchistes pour faire comme bon lui semble (...). Je suis très mal à l’aise, moralement je n’accepte pas qu’un prêtre jésuite soit en train de dire des sottises publiquement (...). Qu’il la ferme et point barre ! Excusez-moi, mais je me suis profondément fâché contre les Jésuites (...) ». Avec de telles déclarations intimidatrices, une violence verbale aussi criante, vous remettez en question tout le travail de mission évangélisatrice menée par la Compagnie, depuis déjà cinq siècles. Pourtant, dès la création de cet ordre religieux, des missionnaires comme le Père Mario Serrano ont toujours été au soutien des plus nécessiteux, des oubliés de la société, des personnes sans domicile, des maltraités, et ceci dans les lieux où d’autres n’osent pas arriver. J’espère que Notre Pape, jésuite come Père Serrano, prête l’oreille à ce qui se passe.
Monseigneur,
Quand les attaques contre l’Eglise viennent de l’extérieur, cela peut se comprendre. Mais quand elles sont intestines, c’est vraiment regrettable. En effet, vous devriez discerner pour voir si vous n’agissez pas sous l’influence d’un esprit malin. Prenez un peu temps de silence, réfléchissez, récitez le chapelet, allez-vous confesser, dites la messe mais aussi et surtout vivez ce que vous prêchez, agissant ainsi in Persona Christi, non en répétant sans intériorisation les textes du missel. Vous devriez vivre ce que vous sermonnez et ne pas vous comporter comme les pharisiens que Jésus avait sévèrement critiqués et comparés aux tombes blanchies qui, de l’extérieur, attirent la vue tandis qu’à l’intérieur elles ne sont que pourriture.
Eminentissimum ac Reverendissimum Dominum,
Quel témoignage pouvez-vous donner au peuple de Dieu avec cette posture, semblable à celle des activistes politiques malformés, malintentionnés et malveillants, qui ne respectent aucune norme en matière des droits humains ? Dites-moi ! Comment allez-vous contribuer à l’avènement du royaume de Dieu et travailler pour la sanctification de l’Église avec un tel comportement xénophobe ? Pourquoi ne vous mettez-vous pas à défendre la voix du Vatican à l’ONU qui est menacée par des forces puissantes qui tentent de la réduire au silence ?
Je veux terminer en utilisant les paroles que son Excellence, Mgr Guy Sansariq, Evêque auxiliaire de Brooklyn, vous a adressées sur le même sujet dans une lettre ouverte en date du 2 janvier de l’année en cours : « Malheureusement, l’impact social négatif que vous provoquez va causer beaucoup de tort à l’Eglise ».
Seigneur, aie pitié !
Christ, aie pitié !
Seigneur, aie pitié !
Dieu, aie pitié de Son Eminence le Cardinal Nicolas de Jésus López Rodriguez qui ne sait pas ce qu’il fait. Amen !
Sincèrement Vôtre,
7 février 2014
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*Etudiant en Génie informatique
Coordonnateur de NAPSA-Venezuela (NAPSA : N’ap sove Ayiti)
Contact : jcpcsm@gmail.com