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Haïti-Salaire : La Pohdh s’insurge contre le rapport du Conseil supérieur des salaires et dénonce les licenciements

P-au-P, 13 févr. 2014 [AlterPresse] --- Alors qu’un silence semble être observé sur le rapport du Conseil supérieur des salaires (Css), depuis les vagues de licenciements des ouvrières et ouvriers du textile, la plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh) ramène cette question sur le tapis en la qualifiant de « antipopulaire, illégale, rapport scélérat ».

La Pohdh « exhorte le Css à retourner sur sa décision, visant à fixer le salaire plancher, en dehors de la loi, et sur sa lecture tronquée relative à l’empiricité exacte du social et de l’économique du pays », dans une position, rendue publique le 6 février 2014 et dont AlterPresse a obtenue une copie.

La plateforme des organisations de défense des droits humains invite le Css à prendre en compte des facteurs, tels les besoins fondamentaux des travailleuses et travailleurs et de leurs familles, le coût de la vie et son évolution, les prestations de sécurité sociale et les niveaux de vie comparés de différents groupes sociaux.

La dépréciation de la gourde par rapport au dollar étasunien (Ndlr : US $ 1.00 = 45.00 gourdes ; 1 euro = 63.00 gourdes aujourd’hui), en particulier, et aux autres devises étrangères, en général, l’inflation sans cesse croissante des produits de première nécessité, les tarifs du transport public, le prix des loyers, la situation chronique des employés de maison, sont des facteurs qui n’ont pas été pris en compte par le Css dans son rapport sur la fixation de salaire.

Ce qui inquiète la Pohdh.

Les lois, ratifiées et publiées sur la fixation des salaires minima en Haïti, notamment celle du 6 octobre 2009, semblent être « d’importance négligeable » pour le Css, lequel se « hisse au-dessus de ces prescrits légaux » pour fixer le salaire plancher à 225.00 gourdes dans les entreprises commerciales, industrielles et agricoles.

L’article 2-2, de la loi de 2009, a prévu une augmentation salariale passant de 200.00 à 300.00 gourdes dans les établissements commerciaux et industriels pour une durée de 8 heures de travail. Ce, à partir du 1er octobre 2012.

Et les employeurs et employés ne sauraient y déroger, si on s’appuie sur l’article 3 de la loi de 2009, stipulant que « tout accord, passé entre l’employeur et le travailleur, sur une base inférieure au salaire minimum, est considéré nul et de nul effet ».

Protestant contre les recommandations du rapport du Css, des centaines d’ouvrières et d’ouvriers ont investi le macadam pour réclamer un salaire minimum journalier de 500.00 gourdes.

Par la suite, certains ont été tout bonnement révoqués par les patrons.

Depuis lors, le dossier est pendant au tribunal du travail avec des renvois répétés et décourageants pour les travailleuses/travailleurs.

Ce que ces derniers interprètent comme un complot, entre l’État et les patrons, contre eux.

Revenant sur le sujet, la Pohdh « dénonce et condamne, avec la plus grande fermeté, ces actes de licenciement injuste et illégal ».

« Cette stratégie répressive » aurait pour objectif d’enlever, à la classe travailleuse, les faibles droits sociaux que le Code du travail haïtien et le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (Pidesc) leur accordent.

Le silence des autorités étatiques sur « cette vague de révocation, infernale et injuste » est inexpliqué, selon la Pohdh.

La plateforme rappelle que le travail n’est pas une faveur, ni une grâce, encore moins un avantage particulier.

« Le travail est un trait spécifique de l’espèce humaine et une condition nécessaire à tous les espaces sociaux », droit que l’État a pour obligation de garantir à toutes les citoyennes et à tous les citoyens sans exception. [efd kft rc apr 12/02/2014 15:00]