P-au-P, 10 févr. 2014 [AlterPresse] --- Le double assassinat, par balles, du coordonnateur de la plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (Pohdh), Daniel Dorsinvil et de sa femme Girldy Larêche (respectivement beau-frère et sœur du député Ronald Larêche Mont-Organisé / Capotille / Nord-Est), à Port-au-Prince le samedi 8 février 2014, est vu, dans le mouvement social, tour à tour comme « une exécution sommaire politiquement motivée », un cas d’ « insécurité programmée ».
Le Groupe d’alternatives et de justice (Gaj, créé en 1987 sous le nom de groupe d’assistance juridique) – membre de Podh -, dont Dorsinvil était un fondateur, partage la thèse de l’ « exécution sommaire » mais précise que « le mobile n’est pas encore déterminé ».
« Le Gaj est frappé en plein cœur » selon Me Méhu Garçon du Gaj, joint par AlterPresse.
Il dit attendre, de pieds fermes, les résultats de l’autopsie et des enquêtes de la police et de la justice pour que la lumière soit faite sur « ce crime crapuleux de plus, ce crime de trop ».
Dorsinvil et sa conjointe circulaient à pied au Canapé Vert (secteur est), lorsqu’ils ont été braqués par un individu armé qui les a froidement abattus, selon les informations obtenues.
Les victimes laissent orphelins 3 enfants, dont un mineur.
« C’est un véritable choc pour la Pohdh », la famille et les proches des deux victimes, confie Antonal Mortimé, secrétaire exécutif de la Pohdh.
Il s’agit, à la fois, d’une « attaque contre le secteur des droits humains » et d’un « crime politique », a-t-il ajouté, pointant du doigt « l’impunité » qui règne à travers le pays.
A part le Gaj, Dorsinvil s’est engagé , ainsi que sa femme, au sein du Comité Résistance Populaire Benoit Batraville (Krbb), qui fait partie de l’initiative pour la mise en place du Mouvement patriotique démocratique et populaire (Mpdp), un regroupement d’une trentaine d’organisations politiques et sociales, actuellement en phase d’établissement.
Dans une note publique, dont copie est parvenue à AlterPresse, le Mpdp exprime « colère et indignation » face à ce double crime qui oblige à questionner le « discours creux » des autorités sur un soi-disant contrôle du phénomène de l’insécurité et l’utilisation de ce discours comme paravent à l’impunité.
« Il est de la responsabilité des autorités du pays de nous fournir des explications sur cet acte criminel. Les autorités ont le devoir de protéger les citoyennes et citoyens. (…) L’impunité va trop loin. Trop de pleurs et de sang, trop de cadavres, trop de douleurs pour les mères et pères de famille », crie le Mpdp.
Interrogé par AlterPresse, le porte-parole adjoint de la police nationale d’Haïti (Pnh), Garry Desrosiers, informe qu’une enquête policière est ouverte sur le dossier. [efd kft apr 10/02/2014 14:35]
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