P-au-P, 10 févr. 2014 [AlterPresse] --- 28 ans après la chute de la dictature des Duvalier, le rapatriement de la souveraineté nationale et la reconstruction des mouvements sociaux, ou encore une politique de développement, basée sur la reforme agraire, demeurent parmi les grands défis à relever en Haïti, suivant les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
« Les revendications du peuple n’ont pas été satisfaites », 28 années après la fin du règne des Duvalier, reste convaincu Chavannes Jean-Baptiste, du Mouvman peyizan Papay (Mouvement des paysannes et paysans de Papaye / Mpp).
Une réalité, qui s’explique par l’absence d’une alternative clairement définie, d’après le porte parole du Mpp.
Il n’est pas « trop tard. La bataille continue ».
« Il faut tout repenser », dit Chavannes Jean-Baptiste, qui plaide pour une reforme générale des institutions politiques du pays.
Le Mpp préconise une politique de développement, axée sur l’agriculture paysanne, tenant compte des défis environnementaux, et un plan de décentralisation des services sociaux (santé, éducation et accès à l’eau potable).
La reforme agraire devrait être la base de la politique de développement. Cela n’est pas réalisable sans un plan d’aménagement du territoire, d’après le Mouvement des paysannes et paysans de Papaye.
« Il n’est jamais trop tard pour avancer dans une lutte pour le changement », estime, de son côté, le professeur Chenet Jean-Baptiste, directeur exécutif de l’institut de technologie et d’animation (Iteca).
La reconstruction des mouvements sociaux, qui ont contribué dans la chute de la dictature, est un défi à relever pour le pays. Haïti doit aussi parvenir à reconquérir sa souveraineté, ajoute le professeur.
Évoquant aussi la nécessité d’une alternative, Chenet Jean-Baptiste appelle à « un projet politico-électoral ».
Essentiellement, le projet « politico-électoral » devrait émaner d’« un consensus entre tous les partis de gauche émergents et les mouvements sociaux ».
Cela doit être une entreprise « de lecture et de relecture de la situation du pays », dont les dix départements doivent être décentralisés, en vue de « formuler des réponses, à travers lesquelles les masses s’identifient ».
Le professeur invite toutefois à barrer la route « au piège de l’électoralisme », qui veut faire croire que tout finit avec les élections.
Depuis le lundi 27 janvier 2014, des représentants d’une cinquantaine de partis politiques, de l’exécutif et du parlement discutent autour de la gouvernance, de la constitution et des élections, attendues pour cette année 2014.
Des critiques ont fait sentir l’absence de sujets cruciaux, qui ont un lien avec des problèmes sociaux, économiques et de droits humains.
Entre-temps, les victimes de la dictature duvaliériste continuent de réclamer justice, trois ans après que le dictateur est revenu, le 16 janvier 2011, de son exil en France. [srh kft rc apr 10/02/2014 11:05]