P-au-P., 7 févr. 2014 [AlterPresse]--- Le Collectif contre l’impunité appelle à la mobilisation contre le retour officiel du duvalierisme et l’impunité qui perdure 28 ans après la chute de l’ancien dictateur haitien Jean Claude Duvalier le 7 février 1986.
"Vingt-huit ans après cette victoire sur la terreur et l’obscurantisme, il faut à nouveau faire front pour contrecarrer le retour officiel du duvaliérisme et la volonté de garantir l’impunité à ceux qui ont imposé le silence et fait régner la peur ; Ceux là même qui ont sciemment organisé l’infernale machine à avilir, torturer, assassiner, violer, disparaître, exiler, déposséder, siphonner", s’insurge le Collectif dans un communiqué transmis à AlterPresse.
Ce 7 février marque le 28e anniversaire de la fuite de Duvalier en France, suite à un soulèvement populaire, après 14 ans d’un régime tyrannique. Il avait pris le relais de son père François, qui était arrivé au pouvoir en 1957 et qui avait instauré dans la terreur la présidence à vie.
De retour au pays, depuis le 16 janvier 2011, Duvalier est inculpé par-devant la justice haïtienne pour crimes contre l’humanité, suite aux poursuites engagées contre lui par des victimes qui attendent actuellement une décision de la Cour d’Appel de Port-au-Prince.
"On veut faire croire à la jeunesse d’aujourd’hui que la soit disant révolution duvaliériste était porteuse de liberté, d’épanouissement et de progrès", s’inquiète le Collectif.
"On tente de travestir l’histoire en prétendant que ce régime ─ancré dans l’arbitraire, la brutalité féroce, l’oppression, le culte de la personnalité, la domestication des institutions et la terreur─ n’avait rien de particulier", poursuit-il.
L’entité, qui regroupe des plaignants et plaignantes contre l’ex-dictateur ainsi que des organismes de défense des droits humains, rappelle que le 7 février 1986 est "l’aboutissement de longues et terribles années de lutte qui ont emporté des milliers de compatriotes".
Revenant sur les mouvements qui ont mis fin au régime dictatorial de Duvalier, le Collectif précise : "après la brutale répression du 28 novembre 1980, qui a particulièrement ciblé la presse, les populations sont à nouveau mises hors jeu. La flamme de la résistance est ravivée en 1984 par les jeunes, en particulier ceux de la ville des Gonaïves, qui expriment leur rejet de la présidence héréditaire et du pouvoir absolu qu’elle implique".
"Le refus de l’impunité, pour l’assassinat de trois écoliers ─Jean-Robert Cius, Makenson Michel, Daniel Israël─ tués lors des manifestations du 28 novembre 1985 dans la ville des Gonaïves, est le fer de lance de la contestation qui embrase les jeunes à travers le pays", souligne l’organisation.
En hommage à ces jeunes, dont l’aspiration était "qu’enfin le duvaliérisme soit à jamais déraciné", le Collectif invite à faire revivre l’esprit du 7 février et à refuser l’inacceptable.
"Le duvaliérisme a été une tragédie pour Haïti ! L’impunité ne peut-être le destin d’Haïti !", conclut le communiqué.
De nombreuses activités sont prévues ce 7 février en Haïti et ailleurs en vue de mettre l’accent sur le devoir de mémoire et la nécessité de donner justice, afin de ne pas occulter l’histoire. [gp apr 06702/2014 06:00]