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Haïti-Justice : Un ancien opposant au régime de Jean-Bertrand Aristide, entendu à la cour d’appel des Gonaïves

Correspondance Exalus Mergenat

Gonaïves, 06 févr. 2014 [AlterPresse] --- Les séances d’audition de l’ancien membre du front de résistance de l’Artibonite, Wilfort Ferdinand, dit « Ti Wil », et cinq autres inculpés, qui ont débuté le 3 décembre 2013, ont pris fin le mardi 4 février 2014 à la cour d’appel des Gonaïves, constate l’agence en ligne AlterPresse.

Les juges de la cour d’appel ont entendu Wilfort Ferdinand sous plusieurs chefs d’accusation, dont vol, assassinat et association de malfaiteurs.

L’avocat de la défense, Guy Latortue, a plaidé non coupable jusqu’au bout.

Selon lui, les accusations, portées contre son client, ne seraient pas fondées.

L’argument de l’innocence

Il est reproché à Wilfort Ferdinand d’avoir volé un véhicule, au préjudice d’un prêtre catholique romain aux Gonaives, Rony Alexandre, en 2003, lors de la lutte armée contre Jean-Bertrand Aristide dans la cité de l’indépendance.

« Le délai de poursuite de son client, pour ce prétendu vol, a été expiré. Après trois ans, il n’y pas de prescription possible pour une telle poursuite »,a argumenté Guy Latortue.

Pour ce qui concerne l’assassinat, en avril 2007, de l’ancien journaliste, correspondant du journal Haïti progrès et membre alors du parti Fanmi Lavalas, Johnson Édouard, l’avocat de la défense fait savoir que cette accusation est vide.

« Pour parler d’assassinat, il faut qu’il y ait préméditation. Or, personne, même le ministère public, n’est capable de prouver que Wilfort Ferdinand a pris part à une quelconque réunion pour planifier cet acte », avance-t-il.

Se félicitant du bon déroulement de la séance, l’avocat se dit confiant que son client sera libéré dans les prochains mois.

Pendant la séance d’audition, Wilfort Ferdinand a interrompu son avocat pour solliciter la parole.

Il a en profité pour clamer son innocence dans le vol de véhicule qui lui est reproché.

Il reconnaît, toutefois, avoir en sa possession une Toyota Prado.

Mais, ce véhicule, dit-il, lui a été remis par le président du front de résistance d’alors Butteur Métayer, décédé quelques mois après la lutte ayant conduit au départ (le 29 février 2004) de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide.

Le ministère public confiant

Pour sa part, le représentant du ministère public, à cette séance d’audition, demande aux juges de la cour d’appel de confirmer l’ordonnance du cabinet d’instruction, qui a renvoyé les inculpés par-devant le tribunal de répression pour répondre des actes qui leur sont reprochés.

« Le juge d’instruction Denis Pierre Michel, qui a travaillé sur ce dossier, a fait un bon travail, ses arguments son solides », se félicite le commissaire principal à la cour d’appel des Gonaïves, Jean Frédéric Benêche.

Cinq autres inculpés - Sylvestre Charles alias Gripaille, Alix Suffrant alias Bout Zòrèy, Dieuny Jean alias Bled, Jean Camille et Jerry Bien-Aîmé - ont été également auditionnés par les juges de la cour d’appel.

Incarcéré actuellement au pénitencier national, ce dernier est déjà condamné à perpétuité pour son implication dans l’assassinat (le 16 mai 2007 à la rue Liberté, non loin du marché communal, à proximité du mémorial de l’indépendance) du journaliste Alix Joseph aux Gonaïves.

L’ordonnance du cabinet d’instruction des Gonaïves a cité Jerry Bien-Aîmé comme complice, dans certains dossiers, avec son ami Wilfort Ferdinand.

Bien-Aîmé était présent à l’audience.

La cour d’appel prendra environ deux mois pour rendre son arrêt dans le cadre de ce dossier, annonce le président de la cour, Octélus Dorvilien.
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« La loi donne aux juges le délai d’un mois pour rendre un arrêt. Mais, compte tenu de plusieurs autres dossiers, qui sont en traitement à la cour, nous pouvons prendre au moins deux mois pour ne pas donner un travail bâclé », déclare Dorvilien.

Lors de la première séance d’audition, le 3 décembre 2013, des dizaines de proches de l’ancien commandant du front de résistance de l’Artibonite, dans le quartier populaire de Raboteau (à l’ouest du centre-ville), ont organisé une manifestation dans les rues de la ville pour exiger la libération de Wilfort Ferdinand.

Cette manifestation a été dispersée à coup de gaz lacrymogènes par la police départementale. [em kft rc apr 06/02/2014 9:35]