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Haïti-R.D. : Les droits humains ne sont pas respectés en territoire dominicain, répondent des organisations dominicaines à Medina

P-au-P, 5 févr. 2014 [AlterPresse] --- Des organisations dominicaines contredisent les déclarations du président dominicain, Danilo Medina, faisant croire que les droits humains sont respectés en République Dominicaine, apprend AlterPresse.

Le président dominicain, Danilo Medina, a fait ces déclarations lors du 2e sommet de la Communauté d’Amérique latine et des Caraïbes (Celac), réalisé à la Havane, les mardi 28 et mercredi 29 janvier 2014.

Des représentantes et représentants du mouvement dominicain Reconoci.do et de l’organisme Centro Bonó disent prendre leur distance par rapport à ces déclarations.

Me. Noemí Méndez, du mouvement Reconoci.do, affirme ne pas comprendre comment le président Medina peut parler de respect des droits humains, dans un pays qui est train de dénationaliser des dizaines de milliers de ses citoyennes et citoyens sous prétexte qu’ils soient d’origine étrangère.

L’application de la sentence 168-13 de la cour constitutionnelle dominicaine, depuis le 23 septembre 2013, a enlevé la nationalité à plus de 250,000 Dominicaines et Dominicains, d’ascendance haïtienne pour la plupart.

La déclaration du président Medina au sommet de la Celac est assimilée à « un mensonge » par le directeur exécutif de « Centro Bonó », Roque Feliz.

C’était un discours « vague » et plein de « demi-vérités » qui doivent être analysées et contextualisées, précise-t-il.

Feliz a passé en revue les cas de violations de droits humains, enregistrés dans la société dominicaine, comme ceux qui sont en procès par-devant la Cour suprême de justice, l’interdiction faite aux travailleuses et travailleurs de s’organiser et de former des syndicats, et les rapatriements irréguliers.

Discriminatoire et raciste, la sentence 168 -13 du tribunal constitutionnel dominicain aura des conséquences néfastes qui affecteront toute une communauté raciale et ethnique, avance-t-il.

Le fait d’appliquer une sentence, qui privera un groupe de citoyennes et citoyens du droit à la nationalité, est une violation flagrante des droits humains, insiste-t-il.

Avec la sentence de la Cour constitutionnelle dominicaine, la discrimination de longue date - qui touche les Dominicaines et Dominicains d’ascendance haïtienne - a pris un tournant désastreux, déplore, pour sa part, Chiara Liguori, chercheuse sur les Caraïbes à Amnesty International dans un article rendu public le 4 février 2014.

Le gouvernement dominicain ignore les critiques et reste déterminé à l’appliquer, condamne-t-elle, soulignant combien l’État dominicain serait en train de préparer actuellement un projet de loi sur la naturalisation, dont le contenu est encore ignoré.

Elle redoute que ce projet « ne présume à tort que les personnes, concernées par cette décision, soient des étrangers qui doivent être naturalisés ».

On craint que des milliers d’autres personnes soient contraintes de s’installer dans le pays de leurs ancêtres, même si elles n’y ont jamais mis les pieds ni n’en parlent la langue, met en garde Liguori.

Le droit international prévoit qu’aucun individu ne peut être privé arbitrairement de sa nationalité, particulièrement si cette privation doit le rendre apatride, rappelle Liguori au gouvernement dominicain. [emb kft rc apr 05/02/2014 12:55]