P-au-P, 06 févr. 2014 [AlterPresse] --- Partis politiques, représentants de l’exécutif et du législatif dialoguent, depuis le 24 janvier 2014, dans un hôtel luxueux de Pétionville, sur des questions dites nationales, sur fond de grève des enseignants et de manifestations pré-carnavalesques.
•Politique
Dialogue politique ou partage du gâteau gouvernemental ?
Sous la houlette médiatrice de la conférence épiscopale (catholique romaine) d’Haïti (Ceh), des dirigeants politiques connus, inconnus ou méconnus de tout acabit idéologique – quand il existe au moins – se réunissent autour d’une table, depuis le lundi 27 janvier 2014, pour parler gouvernance, élections, Constitution.
Le parti « Confiance », de l’ex-sénateur Rudy Hériveaux, et le regroupement Consortium des partis politiques (proche du pouvoir) exigent un gouvernement d’ouverture, alors que l’Organisation du peuple en Lutte (Opl), la Fusion des sociaux démocrates et « Kontra Pèp la » souhaitent un gouvernement de consensus.
Absent sur la table des discussions, le Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod) – converti en regroupement politique - lance son mot d’ordre « Élections générales en 2014 ».
Au dialogue politique, des experts montrent l’impossibilité d’organiser 2 élections en 2014. Les proches du pouvoir y tiennent mordicus.
Des questions se posent, par ailleurs, sur le lien entre ce dialogue politique et la première rencontre prévue entre Joseph Michel Martelly et Barack Obama, le jeudi 6 février 2014 à Washington.
•Éducation / Justice
Des lycéens dans les rues, Josué Mérilien invité au parquet
Convoqué par le commissaire du gouvernement pro tempore Kherson Charles, après l’occupation du macadam de Port-au-Prince et des villes de province par des lycéennes et lycéens au cours de la semaine, le dirigeant syndical Josué Mérilien n’a pas pu être entendu, le jeudi 30 janvier 2014, en raison d’un vice de forme.
Les avocats du professeur se sont opposés à ce que ce soit un juge de paix (commis d’avance) qui auditionne leur client, alors qu’il a été invité pour répondre aux accusations de « troubles de la sécurité publique, jets de pierres (actes de vandalisme) et association de malfaiteurs ».
Comprise comme « persécution politique » et « intimidation » par des organismes de défense des droits humains, cette invitation avortée s’est soldée par une manifestation improvisée des supporteurs du syndicaliste, réclamant 50 mille gourdes (US $ 1.00 = 45.00 gourdes ; 1 euro = 63.00 gourdes aujourd’hui) de traitement mensuel de base pour les enseignantes et enseignants.
Plusieurs villes du pays (Port-au-Prince, Cap-Haïtien, Gonaïves, Petit-Goâve, Jérémie) ont connu des manifestations d’élèves, accompagnés de professeurs, réclamant de meilleures conditions de travail, malgré une trêve consentie par la plateforme des syndicats avec des autorités gouvernementales.
•Relations internationales
Au sommet de la Celac, Martelly affaiblit Haïti dans le dossier de dénationalisation en République Dominicaine
Les mardi 28 et mercredi 29 janvier 2014, le président Martelly n’a pas su tenir un discours pouvant pousser la communauté des États latino-américains et caribéens (Celac) à se prononcer sur la dénationalisation des milliers de Dominicaines et de Dominicains d’ascendance étrangère.
Alors que Martelly dément l’existence de tout malaise entre les deux républiques de l’Ile d’Haïti, le président Médina justifie la sentence 168-13, dénonce les accusations de pays violateur de droits humains faites à la République Dominicaine.
Le chef d’État dominicain a assené le coup fatal à Haïti, en voulant même montrer que son pays prendrait en charge Haïti, notamment au niveau de l’éducation, de la santé et des emplois dans le secteur agricole et de la construction.
C’est avec cette gifle, qu’Haïti – dont la diplomatie est très affaiblie suite à la sortie « crabe » de Martelly- doit se mettre à la table des négociations le lundi 3 février 2014 à Jimani. Le premier ministre Laurent Salvador Lamothe préside la délégation haïtienne.
Au quotidien, depuis le 23 septembre 2013, de nombreuses Dominicaines et de nombreux Dominicains d’origine haïtienne, dont l’avocat Antonio Pol Emil, se voient privés d’accès à des services de l’administration publique dominicaine.
•Culture
Préparatifs en cours pour le carnaval de mars 2014
(Une liste de) 17 groupes musicaux participeront au défilé officiel carnavalesque, dans les rues des Gonaïves (Artibonite / Nord), les dimanche 2, lundi 3 et mardi 4 mars 2014, a décidé le comité du carnaval.
Pendant que la majorité d’entre eux produisent des musiques qui ne critiquent pas l’action gouvernementale, d’autres offrent des meringues osant pointer du doigt les dérives du pouvoir.
Évidemment, les groupes contestataires, qui donnent beaucoup dans la satire, sont mis à l’écart pour le grand défilé prévu aux Gonaïves.
La contestation est globalement évacuée des productions de 2014.
Mais, la question dominicaine (ayant pris de l’ampleur avec la sentence du 23 septembre 2013, rendant apatrides plus de 200 mille Dominicaines et Dominicains) est constante dans les meringues.
Malheureusement, la tendance à dévaloriser et chosifier la femme est omniprésente dans la plupart des meringues. Les ministères de la culture, de la condition féminine et des droits des femmes entendent sévir contre ces pratiques, sans préciser la nature des dispositions institutionnelles qui seront adoptées.
Depuis le dimanche 19 janvier 2014, les exercices pré-carnavalesques vont bon train, tous les dimanches, notamment sur la place publique du Champ de Mars à Port-au-Prince, pour le bonheur des personnes qui aiment se déhancher sans limites à l’occasion. [efd kft rc apr 06/02/2014 3:25]