Español English French Kwéyol

Haïti- Rép. Dominicaine : La sentence de la cour constitutionnelle dominicaine, une violation du droit international

P-au-P, 3 févr. 2014 [AlterPresse] --- La Plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (Pohdh) appelle les autorités haïtiennes à aborder la décision de la cour constitutionnelle dominicaine sur un plan multilatéral, et non bilatéral, parce que cette mesure concerne une violation massive de droits humains.

« La sentence 168-13 de la cour constitutionnelle [dominicaine] viole, de manière systématique, le droit international. C’est une décision qui choque la conscience humaine », critique le spécialiste en droits humains, Gédéon Jean, lors d’une conférence-débats à Port-au-Prince le vendredi 31 janvier 2014.

La sentence 168-13 de la cour constitutionnelle dominicaine supprime la nationalité de plus de 250 mille Dominicaines et Dominicains, pour la plupart d’origine haïtienne.

« Nous avons un intérêt dans ce dossier, parce que celui-ci est lié à une question de droits humains. C’est une question de droit international », indique ce directeur exécutif du Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh).

« Nous sommes tous égaux en dignité et en droit », avance Jean, plaidant pour une garantie des droits des migrantes et migrants haïtiens en territoire dominicain.

Gédéon Jean critique la « mauvaise foi » de l’État dominicain, qui refuse d’accorder aux migrantes et migrants haïtiens des documents légaux pour pouvoir vaquer à leurs activités.

« Les États doivent s’engager à garantir les droits humains, en dehors de toutes considérations. Des dispositions d’ordre juridique doivent être prises en faveur des migrantes et migrants », encourage-t-il.

Le phénomène migratoire est un drame qui pose de grands défis et enjeux, reconnait, pour sa part, le directeur national du Service jésuite aux migrantes et migrants (Sjm), Lissaint Antoine, soulignant que certains pays s’en servent pour voiler l’esclavage et faire leur capital politique.

Est-ce qu’il existe le droit d’émigrer ?, questionne un participant au débat, ayant réuni plusieurs dizaines de participantes et participants.

Émigrer est un droit que possède tout individu, répond Antoine, constatant combien la violation des droits des Haïtiennes et Haïtiens, dans leur propre pays, les pousse souvent à quitter leur pays pour aller s’établir ailleurs.

Antoine encourage l’État à mettre en place des dispositions pour favoriser l’accès de la population haïtienne à des documents fiables pour voyager.

« Le droit de circuler librement est un droit fondamental. L’enjeu concerne la souveraineté de l’État d’accueil, qui doit établir les modalités et conditions de déplacement de l’individu », explique-t-il.

Le directeur national du Sjm préconise d’aborder la question de migration sur le plan structurel, en créant de meilleures conditions économiques et sociales en Haïti.

Car ce phénomène, dit-il, est, entre autres, une conséquence de la pauvreté. [emb kft rc apr 03/02/2014 10:20]