P-au-P., 3 févr. 2014 [AlterPresse] --- La position diplomatique haïtienne, par rapport à la sentence 168-13 de la cour constitutionnelle dominicaine, paraît affaiblie au moment où se tient, ce lundi 3 février 2014 à Jimani (Sud de la RD), un deuxième round de discussions entre les autorités des deux pays, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Le président haïtien Joseph Michel Martelly aurait raté l’occasion, les mardi 28 et mercredi 29 janvier derniers, de porter la communauté des États latino-américains et caribéens (Celac) à se prononcer sur le dossier de la « dénationalisation » de centaines de milliers de Dominicaines et Dominicains d’origine haïtienne.
Au contraire, le président dominicain Danilo Medina a profité de la tribune de la Celac pour justifier et défendre la politique, conduite par son gouvernement vis-à-vis d’Haïti, des migrants haïtiens et en ce qui concerne la sentence 168-13.
Il n’y aurait aucun malaise dans les relations entre Haïti et la République Dominicaine, a, en substance, laissé entendre Martelly, dans son discours devant l’assemblée de la Celac.
Haïti a entamé, le mardi 7 janvier 2014, des discussions avec la République Dominicaine sur des sujets difficiles, indique Martelly.
Tous les problèmes ne sont pas encore évacués, mais les discussions, facilitées par des organisations internationales et le Venezuela, vont bon train, à l’exemple de la poursuite des pourparlers ce 3 février, avance-t-il.
Pour sa part, Medina est monté au créneau pour dénoncer toutes celles et tous ceux qui, selon lui, présentent son pays comme un violateur de droits humains.
La République Dominicaine ne saurait enlever la nationalité dominicaine à des personnes qui n’en ont jamais disposé, a soutenu Medina.
Devant la Celac, Medina a fait un amalgame entre la dénationalisation de ses compatriotes et la régularisation des migrantes et migrants.
Il a également voulu montrer comment son pays prendrait en charge Haïti, notamment au niveau de l’éducation, de la santé et des emplois dans le secteur agricole et de la construction.
Furieux, Martelly aurait eu, par la suite, des échanges orageux, durant 5 heures de temps, avec son homologue dominicain, rapportent des sources concordantes.
Apparemment, Medina n’aurait pas respecté les termes d’un pacte secret que les deux chefs d’État auraient conclu.
Par ailleurs, la faiblesse supposée du discours de Martelly à la Celac aurait favorisé l’ascension du Ministre des Affaires Étrangères dominicain au poste de président du Conseil de Sécurité de l’Organisation des États américains (Oea).
Ce qui a provoqué des critiques de plusieurs médias des pays de la Communauté des États des Caraïbes (Caricom).
Des médias jamaïcains signalent une marginalisation de la position de St-Vincent et Grenadines, qui avait vivement condamné la sentence 168-13.
Ce 3 février 2014, le premier ministre Laurent Salvador Lamothe préside, à nouveau, la délégation haïtienne aux pourparlers avec les autorités dominicaines.
« Il s’agira, au cours de ces discussions, de trouver des solutions acceptables (…) aux questions migratoires, aux échanges commerciaux, à la sécurité frontalière et à la régularisation des marchés binationaux », problèmes qui préoccupent les deux pays, souligne un communiqué du bureau du premier ministre.
Plusieurs organisations de la société civile haïtienne critiquent le fait d’être tenues à l’écart des discussions, dont l’agenda n’a pas été préalablement rendu public.
Elles mettent en garde contre toute tentative d’évacuer la sentence 168-13, déjà en application, et souhaitent sa dénonciation par le gouvernement haïtien. [rc gp apr 03/02/2014 09:00]