Correspondance Exalus Mergenat
Gonaïves, 29 janv. 2014 [AlterPresse] --- Une nouvelle manifestation des lycéennes et lycéens, dans les rues des Gonaives (Artibonite / Nord), le mercredi 29 janvier 2014, a paralysé, une fois de plus, les activités dans les établissements scolaires publics et privés de la cité de l’indépendance, constate l’agence en ligne AlterPresse.
Les lycéennes et lycéens, qui ont déjà manifesté plusieurs fois - depuis le mouvement de grève des enseignantes et enseignants -, réclament le retour en classe des professeurs, absents des salles de cours depuis plus d’une semaine.
Comme ils l’ont fait toute la semaine dernière, les élèves en uniforme ont lancé, sur leur parcours, des pierres sur les établissements scolaires privés de la ville, pour contraindre les directions de ces institutions à relâcher leurs élèves.
A l’avenue des dattes, aux Gonaives, où les manifestants tentaient d’empêcher aussi le fonctionnement d’autres établissements scolaires privés, notamment les Collège Diocésain Saint Paul et Fernand Hibbert, la police nationale départementale a fait usage de gaz lacrymogènes pour les disperser.
Des dizaines d’enfants des classes préscolaires (3 à 6 ans), se trouvant dans ces écoles, ont eu des vomissements, tandis que d’autres se sont évanouis.
Dans la cour d’une autre école préscolaire, se trouvant à l’entrée de la route du Parc Vincent, des enfants couraient aussi, en criant sous l’effet du gaz.
Cette situation a créé une vive tension dans la ville, alors que des parents, inquiets, se précipitaient à la recherche de leurs enfants.
« Quel pays ! Même les enfants ne sont pas épargnés à l’école », s’indigne une mère de famille, venue récupérer sa fille de deux ans.
« Ce n’est pas possible pour qu’à chaque année académique, les professeurs des écoles publiques aient une grève à organiser, pour exiger soit le paiement des arriérés de salaires, soit de meilleures conditions de travail. Il faut que les autorités prennent leurs responsabilités », déclare-t-elle.
Les enseignantes et enseignants des écoles publiques des Gonaïves auraient menacé de ne reprendre les cours dans les salles de classe qu’après le carnaval prévu pour début mars 2014, selon certains manifestants.
Interrogés par AlterPresse, les lycéens promettent, de leur côté, de poursuivre leur mouvement, tant que la grève des syndicats d’enseignantes et d’enseignants perdure.
« Qui aurait cru qu’après tant de promesses de Martelly, l’éducation, qui fait partie des cinq E (prioritaires) de son programme de gouvernement, serait encore dans cette situation ? », critique un lycéen.
Pour sa part, le directeur départemental du ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp), Paul Emmanuel Laurent, a dénoncé ce mouvement violent des lycéens, né de la grève illimitée de la plateforme des syndicats d’enseignantes et enseignants.
Cette grève « n’est pas trop catholique », avance-t-il, ajoutant : « des individus malintentionnés ont utilisé la manifestation des élèves à des fins personnelles ».
Le directeur départemental promet d’acheminer un rapport au bureau central de son ministère de tutelle pour l’informer de la tournure de cette crise.
« Le ministère n’est pas insensible aux revendications des professeurs, il est en train d’investir beaucoup pour améliorer le système. En décembre 2013, plus de quatre cent enseignantes et enseignants dans l’Artibonite ont reçu leurs lettres de nomination », indique Laurent.
Parallèlement, la plateforme des syndicats d’enseignantes et d’enseignants dans l’Artibonite déclare ne pas accorder trop d’importance au protocole d’entente signé entre le ministère et les syndicats.
Conclue quelques jours après le lancement du mouvement de grève illimitée des enseignantes et enseignants, cette entente est une promesse fallacieuse des autorités du gouvernement, déclare le coordonnateur de la plateforme des syndicats d’enseignantes et d’enseignants de l’Artibonite, Didier Pierre.
L’augmentation du niveau de traitement (salarial), promise par les responsables du ministère, est conditionnée au vote du budget par le parlement, alors que ce budget augmentant les taxes n’a aucune chance d’être voté par les parlementaires, s’inquiète Didier Pierre, demandant à ses collègues de rester vigilants pour ne pas se faire manipuler par les autorités. [em kft gp apr 29/01/2014 14:25]