Correspondance Exalus Mergenat
Gonaïves, 28 janv. 2014 [AlterPresse] --- Les autorités de la commune de Gros-Morne, dans le haut Artibonite, ont interdit, le weekend écoulé, l’utilisation d’un produit antianémique, distribué dans les écoles par le Programme alimentaire mondial (Pam), apprend AlterPresse.
Connu sous le label « ELEV VANYAN » (en français : élève vaillant), le produit contient des micronutriments(vitamines et minéraux).
Il a été distribué dans environ 70 écoles nationales et privées de Gros-Morne, dans le cadre du programme national de cantines scolaires (Pncs), pour les élèves âgés de 6 à 15 ans, indique le vice-délégué de l’arrondissement de Gros-Morne, Hérold Sainvil.
Cependant, les autorités locales ont dénoncé le produit comme étant périmé et susceptible de nuire à la santé des enfants.
Elles ont cloué le Pam au pilori, utilisant les mots « poison » et « génocide planifié ».
Le problème, il a été découvert qu’en dessous de la date de péremption, sur les boîtes, se trouvait une autre date masquée, celle-ci déjà dépassée.
Contacté par AlterPresse, le coordonnateur de l’unité communale de santé (Ucs) de Gros-Morne, Dr. Charleton Charlemagne, a fait savoir que le programme alimentaire mondial (Pam) aurait distribué ces produits à son insu.
« Je n’ai pas été mis au courant de cette distribution au préalable. C’est l’agent exécutif intérimaire principal de la commune, Rubin Baugé, qui m’a alerté sur la présence des agents de cet organisme, distribuant des médicaments dans les écoles », déclare le docteur Charlemagne.
Les éclaircissements du Pam
Joint au téléphone par AlterPresse, le chef du programme au Pam, Antoine Renard, reconnaît avoir livré effectivement le produit mis en cause.
Contrairement à ce que pensent les autorités communales de Gros-Morne, ces produits ne sont pas expirés. Ils ont une date de consommation, valide jusqu’à l’été 2014, fait remarquer Antoine Renard.
Les emballages portaient une date optimale d’utilisation d’une année, mais le fabriquant aurait confirmé que le produit serait propre à la consommation humaine pour une durée de deux ans à compter de la date de la production, poursuit le responsable du Pam.
« De même que le fabricant avait fait, en ce sens, une analyse qui confirmait la validité de ces produits pour deux ans, le Pam a aussi effectué une analyse indépendante qui a confirmé, le 23 décembre 2013, l’intégrité physique et microbiologique des produits », informe le chef du programme de Pam.
Antoine Renard indique avoir informé le ministère haïtien de la santé publique et de la population (Mspp), avant d’ajouter la nouvelle date de validité de deux ans sur les emballages.
« En aucun cas, le programme alimentaire mondial ne prendrait quoi que ce soit comme risque, puisque nous avons la confirmation, par une analyse indépendante, que les poudres de micronutriments étaient donc valables », se défend-il.
Cette affaire de micronutriments a déjà causé beaucoup de méfiance dans la zone.
Le tout, maintenant, est de savoir si le Pam va réussir à calmer la tension soulevée, ou si le ministère de la santé va parvenir à jouer véritablement son rôle, un jour, en remplaçant durablement les intervenants internationaux. [em kft rc apr 28/01/2014 9:20]