P-au-P, 27 janv. 2014 [AlterPresse] --- Les rues de Ounaminthe, ville frontalière (Nord-Est d’Haïti) avec Dajabon, sont débarrassées des barricades. Les quartiers sont nettoyés. Les institutions fonctionnent à nouveau. Un calme apparent y règne, ce 27 janvier 2014.
Aujourd’hui, lundi, le marché binational haïtiano-dominicain étale ses produits. Vendeuses et vendeurs, acheteuses et acheteurs sont là. Et, les taxis-motos, les écolières et écoliers se rendent en classe.
C’est la description que fait, à AlterPresse, un habitant de Ouanaminthe (ville du Nord-Est, frontalière avec Dajabon / République Dominicaine).
Mais, depuis le weekend, une rumeur court. Et elle fait son chemin.
La population pourrait reprendre le macadam pour continuer à revendiquer du courant électrique, en provenance de la zone franche industrielle de Caracol (inaugurée à la fin de 2012).
Pour faire face à tout mouvement, sont remarqués des agents des forces de l’ordre, dont de l’Unité départementale de maintien de l’ordre (Udmo), de la Brigade d’intervention motorisée (Bim) et des soldats de la mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), avec leurs camions, armes, bâtons et gaz lacrymogènes.
La semaine dernière, plusieurs jours de manifestation ont été enregistrées à Ouanaminthe, ainsi que dans d’autres communes frontalières (comme Ferrier et Fort-Liberté), où la population a fait une sortie fracassante, médiatisée, avec une certaine violence, pour réclamer de l’électricité publique.
Pour calmer les tensions, le ministre de la défense, Rodolphe Joazile –ancien sénateur du département – et celui de l’intérieur, David Bazile, sont allés discuter, le 22 janvier 2014, avec les mécontents.
Bazile n’a pas connu son plus beau jour sur cette terre ouanaminthaise.
Chahuté d’abord, il a ensuite essuyé des jets de pierres de la part de la population.
Le mercredi 22 janvier 2014, une partie de la population s’est, quand même entretenue, avec les autorités, dont un représentant du bureau du premier ministre Laurent Salvador Lamothe.
8 heures d’électricité ont été promises (5 dans la soirée et 3 au cours de la journée) sur le réseau de l’Électricité d’Haïti (Ed’H).
Les habitantes et habitants des communes frontalières, dont Ouanaminthe, doivent encore attendre les résultats d’une étude pour savoir s’ils peuvent bénéficier du courant électrique public en provenance de Caracol.
« Depuis le samedi [25 janvier 2014], nous recevons plus ou moins ces 8 heures d’électricité. Mais combien de temps cela va durer ? », se questionne déjà un habitant de Ouanaminthe, contacté par AlterPresse.
Les abonnés de l’Ed’H à Ouanaminthe seraient en mesure de contribuer mensuellement pour environ un million de gourdes (US $ 1.00 = 45.00 gourdes ; 1 euro = 63.00 gourdes aujourd’hui), alors que les investissements de la compagnie publique tourneraient autour de plusieurs millions de gourdes pour ladite période, suivant des informations obtenues par AlterPresse.
Pour le moment, une commission locale est formée pour rencontrer les autorités étatiques sur la question.
« Elle est formée d’un juge de paix, d’un représentant du commerce et d’un certain nombre de représentants de partis politiques », informe Chostène Pétion, membre d’un comité de droits humains à Ouanaminthe.
Du côté de Fort-Liberté, une commission similaire n’a pas pu être mise sur pied, car les habitants ont rappelé aux autorités qu’ils ont déjà élu des responsables, notamment députés et sénateurs, qui doivent parler pour eux, selon Pétion.
Le 21 janvier 2014, des agents de l’Udmo et des soldats de la Minustah, déployés dans la commune, auraient créé une situation de choc et de frustration par leurs agissements sur la population.
Le mouvement revendicatif, parfois ponctué de violences, qui a lieu dans des communes frontalières, dont Fort-Liberté, Ferrier et Ouanaminthe, a comme exigence une alimentation régulière en énergie électrique, en provenance de la zone franche de Caracol, au profit de la population. [efd kft rc apr 27/01/2014 15:55]