Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 28 janv. 2014 [AlterPresse] --- Tremper le pinceau dans un peu de peinture et l’appliquer soigneusement sur un tableau, jouer avec les couleurs, colorer un paysage pour faire apparaître l’image d’une route et d’une rivière en perspective.
Cette activité décrite est, en partie, celle des adolescentes et adolescents, qui se mettent à l’ouvrage, tous les samedis, à l’atelier de peinture de la fondation Orchidée, une organisation qui s’investit dans la formation des jeunes et la valorisation de leurs talents, à Obléon (Kenscoff, à l’est de la capitale d’Haïti), observe l’agence en ligne AlterPresse.
Le bâtiment logeant la fondation est construit en béton avec, au-dessus, un espace aménagé pour le fonctionnement d’une école - offrant une formation de la 1re à la 6e année fondamentale - et d’un atelier de peinture.
Établi sur une colline, près du morne La Selle (2,680 mètres d’altitude), où sont plantés des sapins, l’espace de l’atelier de peinture, réservé à ces jeunes, renferme seulement 8 bancs, 2 tableaux et les matériels à utiliser.
L’espace de travail est à demi-clôturé par des bambous ainsi que des bâches, sur lesquelles figurent les sigles d’organisations internationales.
Deux toilettes mobiles sont installées à quelques pas de l’espace d’apprentissage, aménagé par la fondation Orchidée.
Ce samedi 25 janvier 2014, ils étaient plus d’une vingtaine d’enfants et d’adolescents, répartis en deux groupes, à mettre en pratique la formation reçue en dessins et en peinture par ce centre.
Un groupe d’enfants, entre 6 à 12 ans, s’adonne à des exercices pratiques de dessins, sous la supervision de leur mentor, tandis qu’un autre groupe, composé d’adolescents de 16 à 19 ans, finit de peindre des tableaux, entamés la semaine précédente.
Ces enfants étaient en train d’être initiés par leur professeur de dessins, l’artiste-peintre Jonas Saint-Louis, à des prérequis concernant, notamment, les notions de formes, de lignes et de courbes, en vue de jeter les bases leur permettant d’entamer la peinture.
« Nous leur apprenons, d’abord, à faire des boîtes, à partir desquelles ils feront connaissance avec les formes. Ensuite, nous passons aux dessins de cornes, de pyramides et de cylindres avec eux », explique Saint-Louis, pour préciser les premières étapes, abordées avec ces enfants, dans l’apprentissage de la peinture.
Le travail, réalisé par la fondation Orchidée, avec ces enfants défavorisés, est très important pour le développement de la communauté, fait valoir le professeur qui se réjouit de l’intérêt manifesté par les élèves à ses cours de dessins et de peinture.
Créé en juillet 2013, l’atelier de peinture accueille ces enfants et jeunes, tous les mercredis et samedis.
Pendant les trois mois de vacances d’été (juillet à septembre 2013), les parents de ces jeunes leur ont donné un grand accompagnement, en allégeant leurs travaux domestiques pour plus de disponibilité, se réjouit la responsable haïtienne de la fondation Orchidée, Prima Emilia Giordani, âgée de 57 ans.
La peinture pour s’en sortir
Les œuvres d’art, produites par ces artistes en herbe, ont déjà fait l’objet de plusieurs expositions dans diverses communes du pays, notamment à Obléon, au palais municipal de Delmas (au nord-est de Port-au-Prince, la capitale) et sur la place Boyer (à Pétionville), dans une perspective de valorisation de leurs talents, fait savoir Giordani.
Vu la situation difficile de ces jeunes, la peinture constitue un moyen, pour eux, de tirer des profits de la vente de certains tableaux pour pouvoir subvenir à leurs besoins, avance-t-elle, soulignant l’importance de cette activité artistique dans l’épanouissement de ces enfants et jeunes.
« Au cas où mes parents ne pourraient plus me supporter à l’école, je sais qu’avec la peinture et l’artisanat j’arriverai à payer mes études », espère la jeune peintre Micheleine Candy, élève en 6e année fondamentale dans l’école mise en œuvre par la fondation Orchidée.
Agée de 17 ans, Candy confectionne aussi, avec des bambous, des œuvres artisanales, comme des bracelets, des gobelets, des anneaux et des encadrements.
Elle confie avoir réalisé son premier tableau de peinture après seulement deux mois passés à l’atelier de peinture de la fondation.
« Je suis déjà une artiste, même si je sais qu’il reste des notions à apprendre », dit-elle fièrement, tout en remerciant, l’air ému, la fondation pour l’encadrement reçu.
Pour sa part, le jeune artiste Marckendy Georges dit avoir réalisé son rêve le plus cher : être peintre.
Georges nourrit l’espoir de briller, à l’échelle nationale et internationale, dans son art, grâce à sa persévérance.
Il supplie les jeunes désœuvrés à chercher à apprendre un métier, aussi petit soit-il, pour faire face à la vie et éviter de se laisser tenter vers des actions malhonnêtes.
L’éducation, au-delà de la peinture
En plus de l’atelier de peinture, offert aux jeunes, la fondation Orchidée a ouvert, en octobre 2010, une école gratuite (en 1re année fondamentale), à Obléon, pour 90 enfants défavorisés.
« Peu à peu, les classes ont augmenté et maintenant nous avons la 6e année fondamentale qui compte 8 élèves. (…) En tout, l’école compte 103 élèves, dont 50 filles et 53 garçons », se félicite la responsable, saluant les sacrifices consentis par de jeunes professeurs pour faire fonctionner cette école communautaire avec de maigres moyens.
Éducation sportive, salon de lecture, concours de textes et atelier de bambous sont, entre autres, les diverses activités, réalisées par la fondation en vue de l’épanouissement de ces enfants.
Créée le premier juillet 2006, la fondation Orchidée fait face à des problèmes financiers et d’infrastructures, en ce qui a trait, surtout, au fonctionnement de son atelier de peinture et de l’école classique, installés dans un espace, privé de commodités nécessaires. [emb kft rc apr 28/01/2014 1:05]
Cette chronique est produite dans le cadre du programme de production et diffusion d’informations multimédia, pour une meilleure appréciation des activités culturelles en Haïti. Il est mis en place par le Groupe Médialternatif et Caracoli, institutions impliquées dans la communication sociale et la promotion culturelle, avec le soutien de la Fondation de France et de la Fondation Culture Création, à travers le programme FIL Culture.
Depuis octobre 2012, AlterPresse (agence en ligne du Groupe Médialternatif) et Caracoli éditent un agenda culturel hebdomadaire. Agenda et comptes rendus sont adaptés pour alimenter une chronique radio qui est diffusée sur cinq stations : Radio Kiskeya (Ouest), Radio Express et Radio Jacmel Inter (Sud-Est), Radio Paillant Inter et Radio PSG (Nippes, une partie du Sud-Ouest).