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Haïti-Éducation : Promesses gouvernementales d’un relèvement salarial des professeurs contre la levée de la grève illimitée

20 jours de trêve, de vigilance et de délai pour la satisfaction des promesses

L’Unnoh maintient, tout de même, son mot d’ordre de grève et de mobilisation

Par Edner Fils Décime

P-au-P, 24 janv. 2014 [AlterPresse] --- Les négociations, des mercredi 22 et jeudi 23 janvier 2014 - entre une commission ad hoc, instituée par le gouvernement haïtien, et une plateforme d’enseignantes et d’enseignants, fer de lance de la grève illimitée dans les écoles publiques, du lundi 20 au vendredi 24 janvier 2014 - ont abouti à des promesses d’un relèvement salarial, à appliquer à partir d’avril 2014, et d’un retour à la table des pourparlers dans 20 jours (vers le jeudi 13 février 2014), apprend l’agence en ligne AlterPresse.

Une grille, proposée par l’Office de management des ressources humaines (Omrh), en collaboration avec le ministère de l’économie et des finances (Mef), devrait faire grimper le traitement (salaires de misère) des enseignantes et enseignants du secteur public de l’éducation.

A part des pourcentages, aucune précision n’est donnée sur les montants exacts qui seront attribués, à compter d’avril 2014, aux enseignantes et enseignants qui réclament un traitement mensuel de 50 mille gourdes (US $ 1.00 = 45.00 gourdes ; 1 euro = 63.00 gourdes aujourd’hui).

La grève générale illimitée a été lancée depuis le 20 janvier 2014.

Ce « protocole d’entente » a pour conséquence immédiate, l’observation d’ « une trêve à compter du vendredi 24 janvier 2014, en vue de faciliter la reprise normale des cours », indique une note du ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp) parvenue à AlterPresse.

Cependant, 4 élèves ont été blessés dans la capitale, ce 24 janvier 2014, au moment où leur mouvement de protestation a été maté par des agents de la compagnie d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo) qui ont lancé des gaz lacrymogènes aux abords de la faculté d’ethnologie (Fe) de l’université d’
État d’Haïti (Ueh) à Port-au-Prince.

Enclenché à Port-au-Prince et dans d’autres villes du pays, le mouvement des écolières et écoliersse déroulait de manière pacifique, le 24 janvier 2014, rapportent des témoins.

Que dit le relèvement salarial ?

La proposition, adoptée dans les pourparlers, prévoit de relever les traitements des enseignantes et enseignants de 29%, pour une directrice / un directeur de lycée, à 57%, pour une directrice / un directeur III/ (école fondamentale 1er et 2e cycles).

« Professeur à chaire simple :36% ; professeur à temps plein :38% ; professeur suppléant:34% ; surveillant général : 38% ; censeur : 40% ; directeur-I (Lycée) : 29% ; directeur-II (école fondamentale complète) :43% ; directeurs III (école fondamentale 1er et 2e Cycles) : 57% ; instituteur-I : 38% ; instituteur-II :3 5% ; instituteur-III : 32% ; instituteur- IV : 41% » : tels sont les divers niveaux de relèvement de traitement envisagés.

Un ensemble de revendications, allant au-delà d’une simple augmentation de traitement, constitue la toile de fond du mouvement de grève qui a drainé des milliers d’élèves dans les rues de Port-au-Prince et de villes de province, initiatives écolières de protestation réprimées avec violence par les policiers nationaux.

La normalisation des traitements de base des professionnelles et professionnels de l’éducation publique ; un statut particulier pour les professionnels du secteur public de l’éducation, selon le vœu des articles 77 et 78 du décret portant révision du statut des agents de la fonction publique du 17 mai 2005, sont parmi les exigences des enseignantes et enseignants, à côté de l’amélioration de l’accès aux programmes de Kredi Pa m et Kay Pa m.

L’Unnoh maintient son mot d’ordre de grève et de mobilisation pour fin janvier 2014

Absente aux négociations des 22 et 23 janvier 2014, l’Union nationale des normaliennes et normaliens haïtiens (Unnoh) - qui a toujours réclamé un traitement de base de 50 mille gourdes pour les enseignantes et enseignants haïtiens — crie déjà à « un accord-complot contre les travailleurs de l’éducation par des raquetteurs politiques ».

Rappelant qu’aucune mobilisation sociale ne saurait avoir de « propriétaire », l’Unnoh annonce la continuation du mouvement, dès le lundi 27 janvier 2014, après les deux premières heures de cours.

« Les professeurs vont accompagner les élèves sur le béton pour continuer à exiger la satisfaction pleine et entière de leurs légitimes revendications » informe l’Unnoh à AlterPresse. [efd rc apr 24/01/2014 16:28]