P-au-P, 24 janv. 2014 [AlterPresse] --- Deux grandes figures de l’opposition, le mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod) et le parti Fanmi Lavalas, manquent à l’appel au dialogue entre les pouvoirs exécutif, législatif et les partis politiques.
Depuis la rencontre du mercredi 22 janvier 2014, jusqu’à l’événement de ce 24 janvier, pour lancer les assises officiellement sous la médiation de la conférence épiscopale [catholique romaine] d’Haïti (Ceh), cette absence - non moins remarquable et retentissante - soulève certaines interrogations.
En tout cas, se démarquant de Religions pour la paix - dont l’église catholique est membre -, la Ceh - menée par le nouveau cardinal Chilby Langlois - entend mettre les acteurs politiques sur une table de franc-parler autour des thèmes « Constitution, gouvernance et élections ».
Déjà, une trentaine de partis sont présents à un luxueux hôtel (à l’est de la capitale), où se dérouleront les assises.
Que s’est-il passé avec le Mopod ?
L’ingéneur-agronome Jean-André Victor, un haut responsable du Mopod, informe à AlterPresse que « la force de mobilisation » à laquelle il appartient, a participé, « comme un bloc » à toutes les phases de consultation avec la Ceh.
Pourtant, l’invitation - au premier tour de table du 22 janvier 2014 - a été faite à chaque membre du Mopod.
« Des structures politiques, telles le Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rdnp), le Groupe 77 et Veye Yo, ont écrit à la conférence épiscopale pour exposer leur refus de se désolidariser du Mopod. C’est à ce moment que nous avons reçu une invitation, la veille de la réunion, avec obligation de produire des commentaires écrits sur le projet de médiation », explique Victor.
Le parti Konvansyon Inite Demokratik (Kid) de Evans Paul a décidé de « faire cavalier seul, en toute autonomie », souligne Jean André Victor, principal dirigeant du parti Libéral haïtien (Plh), annonçant qu’à la retraite politique du Mopod [qui débute ce 24 janvier également], l’assemblée générale décidera du sort du Kid.
N’ayant pas reçu de réponse à sa lettre, informant la Ceh de l’impossibilité de participer aux discussions, vu l’invitation tardive et suggérant de réviser le calendrier de la démarche, l’ingénieur-agronome Victor soutient que « le Mopod, donc, n’a pas pu être là le 22 [janvier] ni aujourd’hui [24 janvier] ».
Et Lavalas ?
« Se avèk anpil plezi Fanmi Lavalas anonse li deja kòmanse dyaloge avèk òganizatè dyalòg la ».
« Dans cet esprit, les avocats de Fanmi Lavalas ont fait acheminer aux organisateurs du dialogue les recommandations juridiques élaborées pour enrichir l’initiative prise », fait savoir le comité exécutif de Fanmi Lavalas dans une note de presse, datée du 23 janvier 2014 et signée de Dre Maryse Narcisse, de l’ex-député Lionel Étienne, de l’ingénieur-agronome Anthony Dessources et de Joël Édouard Vorbe.
Lavalas aurait-il été invité tardivement ?
Ce qu’on sait, c’est que la force patriotique pour le respect de la constitution (Fopark, en Créole) - se présentant comme « les plumes de l’oiseau Fanmi Lavalas » - se déclare contre toute participation à ce dialogue, selon Rony Timothée.
Le militant Lavalas invite le cardinal Langlois à ne pas entrer « tête baissée » dans cette démarche.
« Fopark ne peut soutenir un dialogue, dans lequel sont évacuées les questions relatives aux prisonniers politiques, à la mort du juge instructeur Jean Serge Joseph, au retrait des arrêtés nommant l’épouse du président et son fils à la tête de commissions étatiques », soutient Timothée, annonçant une manifestation contre Martelly et consorts, pour le vendredi 7 février 2014, du Bel-Air en direction des ruines du Palais national.
Rattraper le train en marche ?
Pour sa part, le regroupement de l’opposition Mopod n’exclut pas la possibilité de participer au dialogue enclenché, moyennant certaines conditions.
Pour entrer dans les négociations, « la réponse de la Ceh à la lettre du Mopod, la révision des calendriers et du protocole de médiation » sont les exigences du Mopod, qui affirme s’accrocher à sa proposition d’élections générales en 2014, impliquant le départ du président Michel Martelly, pour résoudre la crise. [efd kft rc apr 24/01/2014 14:25]