Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 22 janv. 2014 [AlterPresse] --- La nomination des enseignantes et enseignants en poste, exigée par le président Joseph Michel Martelly du ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp), ne va pas changer leurs mauvaises conditions de vie, réagit la secrétaire générale de la Confédération nationale des éducatrices et éducateurs haïtiens (Cneh), Rose Thérèse Magalie Georges, dans une interview accordée à AlterPresse le 21 janvier 2014.
Le problème de la nomination des professeures et professeurs dans le système éducatif révèle un dysfonctionnement de l’appareil étatique à ce niveau, critique la secrétaire générale de la Cneh, précisant que la revendication fondamentale des professeurs concerne leur traitement.
Nommer les enseignantes et enseignants en poste est une obligation administrative, qui relève du ministère de l’éducation, indique-t-elle.
Lors d’une réunion, le lundi 20 janvier 2014, le président de la république, Joseph Michel Martelly a demandé au Menfp, dont le titulaire est Vanneur Pierre, de prendre toutes les dispositions pour que soient nommés les enseignantes et enseignants en poste, répondant au profil du ministère.
Cette demande de Martelly survient, suite à une grève générale lancée, depuis le lundi 20 janvier 2014, par la plateforme des syndicats d’enseignantes et d’enseignants dans les lycées et écoles publiques, en vue d’exiger de meilleures conditions de travail.
Cette grève devrait être maintenue jusqu’à une réponse satisfaisante, du gouvernement, aux revendications du mouvement des enseignantes et enseignants, réitère la secrétaire générale de l’organisation syndicale, Cneh, membre de la plateforme.
Cette plateforme regroupe, entre autres, le Corps national des éducatrices et éducateurs haïtiens (Coneh) et la fédération nationale des travailleuses et travailleurs en éducation (Fenatec).
Une liste d’exigences, au-delà de la nomination
La Cneh réclame plus de justice et d’équité, dans le budget alloué à l’éducation, pour un meilleur traitement des enseignantes et enseignants.
L’État doit mettre les enseignantes et enseignants dans une catégorie professionnelle et leur donner une grille salariale, prenant en considération leur nombre d’années d’expérience et leurs qualifications, préconise t-elle.
« Dans le système actuel, un professeur nommé toucherait plus d’argent qu’un autre ayant trente ans d’expérience. Une promotion salariale éliminerait les conflits dans le système éducatif », fait remarquer Rose Thérèse Magalie Georges.
Une personne enseignante, dont la carrière n’est pas assurée et qui n’a ni un bon traitement (salaire) ni des avantages sociaux adéquats, n’encouragerait point son enfant à devenir professeur (e).
Elle serait plutôt prête à lui infliger des châtiments si ce dernier persiste dans son idée, exprime-t-elle avec humour.
« Personne ne voudrait être enseignante si la situation ne change pas », ajoute t-elle, désapprouvant le mauvais traitement qui est l’apanage des cadres dans le système éducatif du pays .
La secrétaire générale de la Cneh propose une réduction des dépenses futiles au Menfp, notamment celles relatives aux acquisitions de voitures, pour pouvoir payer aux professeurs un salaire équitable et contribuer aussi à une éducation publique de qualité.
Entre-temps, la Cneh se donne un satisfecit par rapport à la première journée de grève, enclenchée le 20 janvier 2014 sur tout le territoire national.
« La grève a réussi et a même dépassé la barre que nous nous sommes fixée. Dans tous les départements du pays, dans la zone métropolitaine de la capitale, le pourcentage est assez élevé. C’est une grève qui montre le ras-le-bol des professeurs dans tous les dix départements du pays », se félicite la Cneh, membre de la plateforme des enseignantes et enseignants.
Par ailleurs, la Cneh se dit très sceptique par rapport à la volonté, manifestée par Martelly, de faire de l’éducation sa priorité en 2014, dans un contexte où les enseignantes et enseignants continuent d’être négligés. [emb kft rc apr 22/01/2014 1:10]