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Amérique latine : 17 migrants haïtiens, préalablement non admis en Équateur, refoulés par la Colombie vers Haïti

Par Wooldy Edson Louidor

Bogotá (Colombie), 21 janvier 2014 [AlterPresse] --- Qualifié, dans un premier temps, de provisoire et conjoncturel, suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010, le flux de migrants haïtiens vers l’Amérique du Sud semble se convertir, de plus en plus, en un phénomène constant, à la faveur de réseaux complexes de trafiquants de migrants opérant dans toute la région, relève l’agence en ligne AlterPresse.

Au début de l’année 2014, les autorités colombiennes ont sonné l’alarme sur l’errance des migrants haïtiens, auxquels les autorités équatoriennes ont nié l’hospitalité en les empêchant de fouler leur sol.

De Quito à Port-au-Prince, via Bogotá et Panamá

10 migrants haïtiens et ensuite 7 autres, qui se sont vu refuser l’entrée sur le territoire équatorien, respectivement les jeudi 9 et vendredi 10 janvier 2014, ont été conduits par la ligne aérienne Avianca à l’aéroport International El Dorado de Bogotá avant de poursuivre le voyage de retour vers leur pays d’origine via le Panama.

Ces informations ont été fournies par la chancelière María Ángela Holguín et le directeur de la Migration de la Colombie Sergio Bueno, au cours d’une conférence de presse conjointe, tenue le mercredi 15 janvier 2014 dans la capitale Bogota.

L’Équateur, l’une des destinations sud-américaines préférées des migrants haïtiens en quête de meilleures conditions de vie au Brésil, durcit ses lois et politiques. Les autorités de ce pays prennent des mesures drastiques, dont la non-admission (la inadmisiónen Espagnol) et l’obligation de quitter immédiatement le territoire équatorien, en vue de barrer la route à la migration haïtienne.

Les raisons, avancées par les autoritaires migratoires de ce pays sud-américain, ne sont pas toujours claires, puisqu’il n’est pas fait obligation aux Haïtiens, pour être admis en territoire équatorien, de présenter ni visa ni lettre d’invitation (comme c’est le cas pour les Cubains).

Beaucoup de citoyens haïtiens, arrivant à l’aéroport de Quito, seraient immédiatement suspectés d’être des victimes de réseaux de trafiquants de migrants qui leur promettraient l’El Dorado brésilien, en échange de fortes sommes d’argent.

Ces voyageurs haïtiens sont obligés de laisser l’aéroport de Quito et de repartir. Ils sont alors accueillis à l’aéroport de Bogotá (Colombie), où la ligne aérienne Avianca décide de leur sort en établissant des connexions avec d’autres lignes (Copa Airlines, par exemple) en vue de les refouler vers leur pays d’origine dans le plus bref délai.

Cependant, les choses ne se passent pas toujours sans surprise pour des voyageurs d’autres nationalités.

Le mercredi 1er janvier 2014, au lieu de retourner à leur pays d’origine, 6 ressortissants cubains ont demandé l’asile à l’État colombien, après avoir choisi de rester en transit, à l’aéroport de Bogotá. Les autorités équatoriennes avaient préalablement refusé l’admission de ces Cubains sur leur territoire.

Il s’agit d’un « abus de la figure juridique de l’asile », de plus en plus utilisé par des voyageurs en transit, originaires de Cuba, du Bangladesh, de la Somalie et du Népal, selon les autorités colombiennes qui étudient, actuellement, la possibilité d’exiger un visa de transit aux citoyennes et citoyens de ces quatre pays, en vue de remédier à cette situation délicate.

La Colombie, convertie en pays de transit

La Colombie tendrait à devenir, de plus en plus, un pays de transit pour des migrantes et migrants qui proviennent majoritairement de Cuba, de la Chine, du Bangladesh, du Népal et de l’Inde.

Outre les migrants originaires du Liban, de la Somalie, de la République Dominicaine, de l’Équateur et de la Syrie, les citoyens haïtiens figurent dans la liste des nationaux qui utilisent, à un degré moindre, le territoire colombien comme lieu de transit.

En 2012 et 2013, plus de 1,305 migrantes et migrants internationaux auraient été victimes de trafic en Colombie, soulignent les autorités colombiennes.

Ces migrants utilisent toutes les voies, terrestre, maritime et aérienne. Beaucoup d’entre eux transitent par les frontières de la Colombie avec le Brésil, le Venezuela et l’Équateur, en cherchant à atteindre le Panama, dans l’objectif de se rendre aux États-Unis d’Amérique.

D’autres arrivent en transit à l’aéroport international de Bogotá et demandent l’asile, surtout s’ils n’ont pas été admis sur le territoire équatorien.

Des lignes aériennes se trouvent, ainsi, dans l’obligation de transporter ces voyageurs, non admis en Équateur, à l’aéroport International de Bogotá, en vue de les refouler vers leur pays d’origine. L’Équateur n’accepte même pas de les garder sur son territoire, encore moins d’aider dans le processus de déportation ou de refoulement de ces étrangers.

D’autre part, la situation s’est aggravée dans le golfe d’Urabá, situé dans la mer des Caraïbes, à la frontière colombo-panaméenne.

De plus en plus de migrants, en provenance des zones frontalières du Venezuela ou de l’Équateur, périssent dans ce golfe très dangereux des Caraïbes colombiennes, en tentant d’atteindre les côtes panaméennes en quête du rêve américain.

Les trafiquants les conseillent de voyager au cours de la nuit (quand pourtant la mer est plus agitée), afin d’échapper à la vigilance des patrouilles maritimes.

En 2013, les corps sans vie et défigurés de 14 migrants haïtiens ont été retrouvés sur les rives colombiennes d’Urabá ; ils ont été enterrés par les habitants de la ville de Turbo, la capitale d’Urabá, où reposent, dans son cimetière principal, les restes de 85 personnes noyées au cours de la traversée en mer vers Panama. Plusieurs d’entre eux son des migrants qui n’ont pas été identifiés.

En 2009, les autorités colombiennes avaient appréhendé, à la frontière commune avec l’Équateur, plusieurs groupes de migrants haïtiens qui, parait-il, tentaient de se rendre dans l’Amazonie brésilienne.

Depuis lors, les migrants haïtiens auraient abandonné cette route, considérée trop longue et dangereuse (surtout à cause de la présence des acteurs armés, légaux et illégaux).

À la différence des migrants d’autres pays - désireux d’aller aux États-Unis d’Amérique, en passant par le Panamá, d’autres pays centraméricains et la frontière nord-mexicaine -, les Haïtiens se dirigeraient principalement - jusqu’ici - vers le Brésil et, à un degré moindre, vers la Guyane Française.

Le Brésil, le Chili, l’Équateur, le Pérou et la Colombie n’ont pas cessé de demander, entre autres mesures urgentes et nécessaires, un contrôle plus strict de leurs frontières communes et des dispositions de lutte contre les réseaux de trafic de migrantes et migrants, dont des citoyens haïtiens, cubains et des migrants appelés « transcontinentaux » (originaires de l’Afrique et de l’Asie) sont continuellement victimes. [wel rc apr 21/01/2014 9:00]