P-au-P., 18 août 04 [AlterPresse].- Le « match de la paix » entre le Brésil et Haiti a débuté vers 2 :45 au stade Sylvio Cator en présence des autorités haitiennes et brésiliennes, notamment le président provisoire Boniface Alexandre et le premier ministre Gérard Latortue, du coté haitien, et le président du Brésil Lula da Silva.
Ce match amical entre les quintuples champions du monde brésiliens et les joueurs haïtiens a pour but officiellement de contribuer à restaurer la paix sur un territoire meurtri par des conflits politiques aigus pendant 200 ans.
Malgré de nombreuses failles administratives dans l’organisation de la rencontre (problèmes de cartes d’accréditation pour la Presse nationale et internationale, difficultés logistiques et carence de planification dans la distribution de billets d’entrée au match), les supporteurs du ballon rond ont accueilli dans l’enthousiasme les superstars brésiliennes, dont Ronaldo, Roberto Carlos et Ronaldinho.
Montés sur des chars de l’armée brésilienne qui dirige la Mission des Nations Unies de Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) depuis début juin 2004,ces derniers et leurs autres coéquipiers ont effectué un parcours d’environ 15 kilomètres à l’intérieur de la capitale haïtienne avant de rejoindre le Stade Sylvio Cator où allait se dérouler la partie. De nombreux haïtiens arboraient des drapeaux bleu et rouge d’Haïti et vert et jaune du Brésil.
Aucun incident n’a été déploré, en dépit de la ferveur des fanatiques de football haïtiens qui voulaient s’approcher de Ronaldo pour avoir un autographe ou échanger quelques mots avec l’attaquant vedette de la sélection auriverde et du Real Madrid d’Espagne.
Cependant, des actes de violence ont été enregistrés en début de matinée du 18 août les quartiers de Cité Soleil (grande agglomération populaire à la sortie nord de Port-au-Prince) et du Bel Air (au cœur de la capitale) où des barricades de pneus enflammés ont été érigées, des jets de pierre lancés, des pare-brise de véhicules brisés par des mains inconnues. Des patrouilles de la Police Nationale d’Haïti (PNH) sont intervenues particulièrement à Cité Soleil pour rétablir le calme, tandis que des hélicoptères de la MINUSTAH sillonaient le ciel de la zone métropolitaine de Port-au-Prince afin de prévenir tout éventuel dérapage.
Depuis quelques jours, des rumeurs persistantes laissaient croire que les partisans du régime lavalas déchu le 29 février 2004 s’apprêtaient à user d’actes répréhensibles pour boycotter la rencontre de football et profiter du même coup pour réclamer le retour physique en Haïti de l’ex-dictateur Jean-Bertrand Aristide. Ces partisans lavalas, qui avaient manifesté dans la capitale le samedi 14 août en faveur de leur ancien chef, caressaient l’intention de s’emparer de la majorité des billets d’entrée disponibles pour le match en vue d’entonner des slogans pro-Aristide pendant le match, selon les mêmes sources.
Toujours est-il que la foule était nombreuse dans diverses artères en attendant l’arrivée de leurs idoles, le football étant le sport-roi en Haïti où beaucoup de fanatiques ne jurent que par l’équipe nationale de football du Brésil (la seleçao).
En milieu de matinée ce 18 août 2004, la plupart des entreprises publiques et privées, y compris les banques, bureaux et autres services, avaient renvoyé leurs employés en prévision du match tant attendu de football. Plusieurs magasins avaient baissé leurs rideaux, tandis que la circulation était difficile sur différentes artères à cause des dispositifs de sécurité mis en place pour l’occasion.
Le ghanéen Kofi Annan, le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a adressé un message de circonstance en faveur du rétablissement de la paix en Haïti, tandis que le suisse Joseph Blatter, secrétaire général de la Féd’eration Internationale de Footbal Association (FIFA) a rappelé combien ce sport pouvait aider à des tâches nobles, comme celle du jour en Haïti supportée par le président du Brésil Luis Ignacio Da Silva (Lula) qui assistera au match au Stade Sylvio Cator en compagnie du président uruguayen Battle Ibanez et de son homologue haïtien le président provisoire Boniface Alexandre.
Plusieurs journalistes haïtiens et étrangers ont déploré le manque de planification constaté du côté du comité organisateur de la rencontre de football en ce qui concerne les cartes d’accréditation au match. Même le ministre de l’Education Nationale haïtien Pierre Buteau a été contraint, dans la matinée du 18 août 2004, de se rendre dans un hôtel de la capitale, en compagnie du recteur de l’Université d’Etat d’Haïti Pierre Marie Paquiot pour s’enquérir de cartes d’accréditation non encore reçues à seulement trois heures et demie du coup d’envoi du match de football Haïti-Brésil, a constaté AlterPresse.
La faiblesse en organisation de l’événement a occasionné la vente de tickets au marché noir. Un billet de 500 gourdes (environ US $ 15.00) a été acheté jusqu’à 1,000.00 gourdes à la fin de la matinée du 18 août dans les rues de Port-au-Prince.
A signaler que le sélectionneur de la seleçao Carlos Alberto Pareira a décidé de sanctionner les joueurs Dida, Cafu, Kaka (Milan AC, Italie), Lucio et Ze Roberto (Bayern Munich, Allemagne) qui n’ont pas répondu à sa convocation pour le match avec Haïti, parce que leurs clubs ne les ont pas libérés. Ces 5 joueurs ne seront pas appelés pour les deux prochaines rencontres de la sélection brésilienne contre la Bolivie (éliminatoires de la Coupe du Monde 2006) et l’Allemagne (match amical) en septembre 2004. [rc apr 18/08/04 14 :55]