P-au-P, 16 janv. 2014 [AlterPresse] --- A l’issue de l’ultimatum d’une semaine lancé par des habitants de l’Ile-à-vache au gouvernement Lamothe, une ultime rencontre devrait se tenir ce jeudi 16 janvier sur l’ile située au sud d’Haiti, apprend AlterPresse.
Des habitants de l’Ile-à-vache opposés au projet « Destination touristique » du gouvernement pour « moderniser » l’endroit ont réalisé plusieurs manifestations. Les protestataires craignent d’être expulsés de leurs terres pour laisser la place aux grands hôtels et autres infrastructures annoncés dans le cadre d’un investissement qui devrait s’élever à 260 millions de dollars américains.
Selon le député de la circonscription Cayes/Iles à Vache, Tanis Jean Fenel, une ultime rencontre doit se tenir pour discuter autour de la question et surtout des craintes qui l’entourent.
Cette rencontre devrait avoir lieu en présence de la ministre du tourisme, Stéphanie Balmir Villedrouin, du ministre de l’intérieur et des collectivités territoriales, David Basile, du ministre de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rurale, Thomas Jacques et du secrétaire d’Etat à la production végétale, Fresner Dorcin, selon le député Tanis Jean Fenel.
Le ministère du tourisme a confirmé pour AlterPresse le déplacement à l’Ile à Vache de la ministre Villedrouin, accompagnée de plusieurs experts.
Les responsables de Konbit peyizan Ilavach (en français : Combite paysan de l’Ile-à-Vache) et de la société civile recevront à cette occasion une copie du document du projet, afin que leur propre expert l’examine et décèle les intérêts et préjudices pour la population, explique l’un des chefs de file du mouvement de protestation.
Précédent échange infructueux
La ministre Stéphanie Balmir Villedrouin s’est entretenue le vendredi 10 janvier sur l’ile, avec l’organisation Combite paysan de l’Ile-à-Vache et la société civile autour du projet.
Certains habitants sont repartis insatisfaits. Ils ont exigé que la ministre apporte le document du projet pour qu’ils le consultent.
« La ministre a fait savoir que le projet vise près de 12 plages sur l’ile, dont 1/3 pour l’installation des hôtels, 1/3 pour les plages et 1/3 pour les fermes agricoles. Point besoin d’être un bon mathématicien pour comprendre qu’il ne reste plus grand espace pour la population de l’ile », estime l’un des protestataires, toujours sceptique.
Un manque de communication du gouvernement ?
Le député de l’Ile-à-Vache/Cayes, Tanis Jean Fenel croit que « la revendication des différentes organisations est fondamentale. Cependant, il ne doit pas y avoir de manifestation préalable sur l’ile. Parce que les investisseurs ne viendront pas investir dans l’insécurité ».
Le député estime qu’après son intervention le jeudi 9 janvier, suivi de celui de la ministre du tourisme le vendredi 10 janvier, un bémol a été porté dans les mouvements de protestation.
Tanis pense que ces mouvements s’expliquent par un manque de communication et l’action d’opposants au pouvoir en place qui font croire aux habitants qu’ils seront expulsés.
Sa position reçoit un écho de la part de l’agent intérimaire de l’Ile-à-Vache, Fritz César, affirmant que ce n’est qu’un petit groupe qui manipule la population contre l’application du projet.
« Certaines personnes manifestent sans savoir pourquoi. Une première rencontre devait se tenir le 3 janvier avec elles. Au lieu de nous rencontrer, elles ont choisi de manifester. Finalement, je ne sais quel langage employer pour convaincre la population de ce vaste projet », s’inquiète l’agent intérimaire.
César prévient que le gouvernement fera tout ce qui est possible, parce qu’il ne compte pas perdre ce projet. « Nous allons essayer d’aller dans leur logique, pour trouver un terrain d’entente avec les protestataires », fait-il savoir. [apr 16/01/2014 10 :40]