P-au-P, 12 janv. 2014 [AlterPresse] --- C’est dans une atmosphère de forte émotion et de recueillement, dans le parfum des Ylang Ylang, que plusieurs dizaines de personnes ont commémoré, au mémorial du Parc de Martissant (secteur sud), le 4e anniversaire du séisme ravageur du 12 janvier 2010.
En mémoire des familles des 23 sous-quartiers de Martissant, qui ont perdu des membres et proches, 23 plantules Ylang Ylang ont été mises en terre.
L’ancienne première ministre Michèle Duvivier Pierre-Louis et l’ancienne gouverneure du Canada, Michaelle Jean, des artistes, personnalités de la société civile, militants de divers mouvements et membres de la communauté de Martissant ; ont pris part à la commémoration, organisée par la Fondation connaissance et liberté (Fokal).
Acte de mémoire d’un passé qui ne passe pas
Michèle Duvivier Pierre-Louis, souligne l’importance de se rappeler les disparus.
« Faire acte de mémoire n’est pas pour continuer à pleurer, mais pour prendre son courage fermement, pour avancer et s’engager en citoyen, citoyenne responsable dans la vie de sa communauté de son pays », estime-t-elle.
L’acte de mémoire est, donc, un moment de réflexion, à la fois individuel et collectif, en vue de se construire et de construire ensemble sa communauté.
Une résidente de Martissant, ayant été affectée dans le drame du 12 janvier 2010, invite à « profiter de la vie pour reconstruire le pays, en abandonnant les constructions anarchiques et en s’engageant à protéger son environnement. Chaque seconde doit être consacrée à lutter pour des idéaux de lendemains radieux ».
Donnant la parole « au silence d’un passé qui ne passe pas », le psychologue Daniel Dérivois, maître de conférence à l’Université de Lyon 2, souligne combien « le traumatisme haïtien est un traumatisme de mémoire ».
D’où la nécessité d’entretenir la mémoire haïtienne dans sa multidimensionnalité.
Considérant le 12 janvier 2010 comme « plus qu’une date », mais comme un « moment de fraternité », Dérivois pense que l’instant du séisme a rappelé aux Haïtiens qu’ils sont « frères de sang, d’esprit, de terre ».
In memoriam…
La lecture du texte « In memoriam », de et par Jean René Lemoine, a mis en mots les images encore vivantes du drame du 12 janvier 2010, qui a causé la mort de 300,000 personnes.
Ce texte, que l’auteur dédie aux vivants et à la mémoire des disparus, est un dialogue entre une fille morte, retrouvée le 18 janvier 2010, sous les décombres, et enterrée dans la maison de sa grand-mère, au Bois-Verna (centre), sous le citronnier où son père a enterré son nombril à sa naissance.
Le texte a suscité beaucoup d’émotion dans l’assistance. Ne pouvant plus se contenir, une dame s’est effondrée.
Les chants vodous a capela de trois jeunes chanteurs ont accompagné les participantes et participants jusqu’à la minute de silence, observée en mémoire des disparus, peu avant l’instant fatidique, 4:53 PM, qui a vu tout basculer il y a 4 ans. [efd gp apr 12/01/2014 22:10]