Extrtait d’un rapport rendu public par le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh)
Document soumis à AlterPresse le 11 janvier 2014
Le séisme du 12 janvier 2010 à offert aux haïtiens l’opportunité de reconstruire le pays. En ce sens, le RNDDH prend acte du lancement par le gouvernement MARTELLY / LAMOTHE des travaux de construction de bâtiments débutés dans le département de l’Ouest cependant, l’organisation affirme que quatre (4) ans après, les bases de la reconstruction du pays ne sont que timidement jetées. D’une part, rien ne garantit que la population soit mieux préparée à affronter les catastrophes naturelles. En effet, des séances de sensibilisation et de formation se sont multipliées partout dans le pays, exhortant la population à la vigilance, cependant, les dernières intempéries qui ont touché le pays prouvent, par le nombre de victimes, que la population haïtienne, notamment, celle qui vit sous les tentes et dans les abris semi-temporels, est très vulnérable. D’autre part, les autorités étatiques semblent avoir décidé de ne pas prendre en compte les recommandations de plusieurs organisations de droits humains qui ont plaidé pour une reconstruction axée sur les droits humains, devant prendre en compte la participation de tous, notamment des personnes à besoins spécifiques dont le nombre a augmenté en raison du séisme.
Les maigres impacts enregistrés dans le cadre de la reconstruction concernent les interventions réalisées, sur une base participative, par les organisations nationales de concert avec les organisations internationales.
Au nombre de trois cent six (306), les sites de relocalisation et les camps d’hébergement accueillent cent soixante onze mille neuf cent soixante quatorze (171.974) personnes déplacés. Ces personnes vivent dans des conditions infrahumaines et tentent au jour le jour, de survivre.
Avec le départ des organisations internationales humanitaires, la ruée des expatriés a cessé. Ces derniers, des experts toutes catégories confondues, se sont enrichis au détriment de la population haïtienne qui pourtant aurait pu bénéficier de ces activités génératrices de revenus pour se relever.
Le gouvernement MARTELLY / LAMOTHE, au lieu d’adopter des mesures visant à aider les personnes démunies, a choisi des mesures cosmétiques comme par exemple la peinture du bidonville Jalousie exposé aux risques sismiques et atmosphériques et la subvention de la location d’une maison à certaines victimes qui occupaient les camps.
Avec maladresse et dans l’irrespect total des droits des propriétaires, les personnes qui habitaient dans les zones déclarées d’utilité publique par le gouvernement PREVAL / BELLERIVE d’une part et par le gouvernement MARTELLY / LAMOTHE d’autre part, ont été encore une fois victimes. Elles n’ont pas été informées des décisions prises à leur encontre et elles se sont vu imposer une somme d’argent pour leur expropriation. C’est d’ailleurs pourquoi des manifestations ont été organisées par les propriétaires qui protestaient contre les méthodes peu orthodoxes des autorités étatiques.
Au détriment des firmes haïtiennes de construction, les travaux recensés dans le cadre de ce rapport, ont été confiés à des firmes étrangères avec une préférence accentuée pour les firmes dominicaines, comme si les firmes haïtiennes existantes ne peuvent réaliser les grands travaux de construction. Ce faisant, le gouvernement MARTELLY / LAMOTHE a réduit des opportunités d’emploi dont les haïtiens auraient pu profiter et a ouvert le marché de l’emploi, déjà très restreint, aux étrangers.
Par ailleurs, le Président Michel Joseph MARTELLY présente le projet 16/6 comme étant le plus grand succès jamais réalisé par son gouvernement. La propagande onéreuse et mensongère qui a entouré et qui entoure encore la mise en œuvre du projet 16/6 a dû coûter presqu’autant que le montant du projet lui-même. Pourtant le gouvernement MARTELLY / LAMOTHE n’est pas parvenu à résoudre le problème de logement à travers ce projet pour la seule raison que celui-ci n’était pas issu d’une politique générale qui tient compte des questions de droits humains.
Il est donc clair que pour les organisations de droits humains, le projet 16/6 a constitué un palliatif au problème du logement rendu plus évident par le séisme du 12 janvier 2010. Lors même que le nombre des personnes déplacées a diminué et que les espaces publics et les établissements scolaires ont été vidés de leur population, le problème du droit au logement reste entier. Sa résolution ne semble pas être pour demain.
Il est déplorable que les dirigeants haïtiens n’aient pas compris que la reconstruction doit commencer à la base c’est à dire d’abord avec la formation d’une nouvelle citoyenneté, porteuse de la refondation et du développement définitif d’Haïti. Ce n’est qu’ainsi qu’Haïti cessera à jamais d’être un pays quémandeur et passera du rang de pays de consommation à celui de pays de production.