par Jean Élie Paul
P-au-P, 10 janv. 2014 [AlterPresse] --- Quatre ans après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, qui a détruit le centre économique et administratif d’Haïti, la capitale Port-au-Prince, et plusieurs autres communes, le pays a connu des avancées significatives.
Mais, il ne peut toujours pas faire face à des phénomènes de l’ampleur du désastre enregistré en 2010, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.
« La carte existe, les ingénieurs ont la formation, mais il faudrait, quelque part, que les mairies puissent intervenir pour contrôler. On n’a pas encore les outils pour cela. Alors que tout est là (les normes de construction, le zonage), il faut l’institution de contrôle, qui n’existe pas encore », explique à AlterPresse Michèle Oriol, directrice de la Commission interministérielle pour l’aménagement du territoire (Ciat).
L’outil, dont dispose les mairies légalement pour faire ce contrôle, reste le permis de construire.
Cependant, les mairies n’ont pas le personnel rodé pour agir contre des citoyennes et citoyens qui ne respecteraient pas les normes de construction établies, relève Oriol.
Un long chemin avant un relèvement durable
« Le tremblement de terre a surpris, dans un contexte où les plans n’existaient pas, où les institutions n’avaient pas les moyens de gérer déjà la vie quotidienne de la ville, voire de gérer une catastrophe aussi grave que le tremblement de terre », rappelle Michèle Oriol.
Constructions anarchiques, surpopulation… le tremblement de terre a trouvé un terrain propice pour tisser un drame gigantesque.
Les réactions politiques trop lentes l’ont aidé. La plupart des personnes, qui ont quitté Port-au-Prince après le 12 janvier 2010, étaient déjà revenues, six mois plus tard, dans la capitale haïtienne.
46% de la population urbaine du pays vit dans les 6 communes de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, selon la plus récente enquête de l’Institut haïtien de statistiques et d’informatique (Ihsi) dont les résultats ont été rendus publics en 2013.
Quatre ans après le 12 janvier 2010, « Port-au-Prince n’a pas de plan d’urbanisme. Il n’y a pas de politique de la ville. Du moins, il n’y en pas un qui soit adopté, ni même un processus légal », constate Michèle Oriol.
Le micro-zonage sismique
Alors que des risques sismiques se révèlent de plus en plus imminents, les résultats du micro-zonage sismique sur l’aire métropolitaine de la capitale Port-au-Prince, ne sont toujours pas finalisés.
Il faudrait, aussi, une étude sur les risques d’inondations, dans la perspective de dresser un plan global d’urbanisme, suggère la Ciat.
Le micro-zonage sismique est un élément, alors que l’aménagement du territoire est pluridisciplinaire.
« Très complexe, la gestion d’une ville ou d’un territoire demande des institutions fortes ainsi que des investissements ».
Financement du projet « Boucle Centre-Artibonite »
Les dernières tentatives (qui datent d’avant 1986), de produire un plan d’aménagement à l’échelle nationale, n‘ont pas abouti.
Après le séisme, les autorités haïtiennes ont cherché des solutions qui les ont menées à l’élaboration du projet de la Boucle Centre-Artibonite.
Regroupant 14 communes, situées dans trois départements (Artibonite, Centre et Nord), le projet dénommé Boucle Centre-Artibonite s’inscrit dans le cadre d’une structuration du territoire haïtien, suite au séisme du 12 janvier 2010.
Les centres urbains, de dix de ces 14 communes, jalonnent la Boucle.
Quatre communes, Boucan Carré, Lascahobas et Saut-d’Eau (ouvertes sur Mirebalais / bas Plateau central), et Maïssade (à mi-chemin entre Hinche / haut Plateau central et Saint-Michel de l’Attalaye / Artibonite), occupent l’intérieur de ce territoire.
A la fin du moins de décembre 2013, la Banque Mondiale a approuvé un peu plus de 50 millions de dollars américains (Us $ 1.00 = 45.00 gourdes ; 1 euro = 63.00 gourdes aujourd’hui) pour ce projet « Boucle Centre-Artibonite ».
Ce financement vise des points précis, à l’image des réseaux de routes secondaires, une partie des grandes routes et les plans d’urbanisme pour les villes du Plateau central, fait savoir la Ciat.
Les perspectives pour l’année 2014
En 2014, Haïti devrait avancer, peu à peu, sur son projet de cadastre.
La commission interministérielle pour l’aménagement du territoire, qui a déjà conduit quatre études-pilotes à Port-au-Prince, projette, désormais, de se rendre dans les provinces, en commençant par 8 communes.
A la fin du mois de janvier 2014, la Ciat sera au Cap-Haïtien dans le cadre du forum régional pour le Nord.
D’ici le mois de mars 2014, un forum national devrait être organisé autour des grandes priorités pour les villes haïtiennes.
Par ailleurs, seraient en cours d’élaboration plusieurs projets de loi, notamment sur le métier d’arpenteur, sur le métier de notaire et sur l’enregistrement.
Des arrêtés de délimitation, sur plusieurs sites historiques, ont été pris concernant, entre autres, la Citadelle Laferrière (Nord), le Pic Macaya (Sud), la Forêt des Pins (Ouest) et le Parc La Visite (Sud-Est).
Formation des maçons et des ingénieurs
Depuis le tremblement de terre de 2010, ont été réalisés des sessions de formation pour maçons, architectes et ingénieurs, la production de plusieurs petits manuels ainsi qu’un code de construction.
Une partie des sessions de formation a été dirigée sur l’habitat populaire, circonscrit autour de petites maisons sans étage ou avec un seul étage.
D’autres ont touché des ingénieurs et architectes, qui savent maintenant comment faire les calculs pour construire une maison en zone à risque. [jep kft rc apr 10/01/2014 15:45]