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Haïti-RD/Droits humains : Victime de soldats dominicains, une commerçante haïtienne réclame justice et réparation

Par Milo Milfort

Ouanaminthe, 18 déc. 2013 [AlterPresse] --- Pour une nouvelle fois, Mariette Pierre, une jeune commerçante haïtienne, réclame justice et réparation pour les torts subis de soldats dominicains, il y a 2 ans (en 2011), sur la frontière haïtiano-dominicaine, entre Ouanaminthe et Dajabon, selon les informations dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Âgée de 33 ans, mère de cinq enfants, Pierre a relaté le cas d’agression par balle subie de militaires dominicains.

Son témoignage a ému l’assistance qui participait aux activités de clôture, le mardi 17 décembre 2013, du projet « vers une culture de droits humains et une coexistence pacifique à la frontière haïtiano-dominicaine », à Ouanaminthe (Nord-Est d’Haïti).

Elle a reçu une balle, logée entre son épaule gauche et le dos, d’un agent du Corps dominicain spécialisé de sécurité frontalière (Cesfront), au cours d’une discussion entre des soldats dominicains et des commerçantes traversant la frontière, rapporte la détaillante de vêtements neufs.

« J’allais rentrer dans la partie dominicaine de la frontière. Un soldat m’a demandé est-ce que j’ai payé ? Je lui ai répondu : oui, j’ai payé. Il m’a ordonnée de sortir. En sortant, j’ai été atteinte d’une balle dans le dos », raconte-t-elle.

La voix crispée et les yeux pleins de larmes, elle a fait état de ses péripéties entre Haïti et la République Dominicaine.

Durant tout son parcours médical, elle a reçu l’accompagnement technique et financier des responsables du Réseau frontalier Jano Siksè (Rfjs), un regroupement de promotion et de défense des droits des humains.

Suivis juridiques en souffrance ?

Affectée par plusieurs infections, la commerçante confie que sa blessure n’est toujours pas guérie.

De plus, « rien n’est encore dit sur la question de jugement », regrette Pierre, qui repose ses espoirs de justice et réparation sur les démarches du Rfjs.

« Mariette est l’une des mille et une victimes de la frontière. C’est une zone où sont enregistrées, tous les jours, de nombreuses violations des droits humains », signale Mike Lysias Joseph, responsable de communication et plaidoyer à l’organisation Solidarite fwontalye.

« Je ne peux rien faire. Vous voyez cette main-là, il m’est impossible de la lever. Je n’ai désormais qu’une seule main », souligne Mariette Pierre.

Problèmes de mobilité, que confirme Solidarite fwontalye, soutenant combien il est devenu difficile à la victime haïtienne (de soldats dominicains) d’accomplir des activités domestiques.

« C’est à cause de cette blessure à la frontière qu’elle a cet handicap au bras gauche », ajoute Solidarite fwontalye.

A date, les procédures légales de convocation en justice du soldat impliqué n’ont pas pu arriver à terme, à cause, entre autres, des changements effectués dans le consulat haïtien à Dajabon (ville dominicaine frontalière avec Ouanaminthe).

« L’actuel consul en poste ne manifeste pas trop de volonté pour accompagner les Haïtiens victimes. Pourtant, tous les suivis, que nécessite ce cas, doivent se faire en République Dominicaine », dénonce Solidarite fwontalye.

« En tant qu’institution fonctionnant en Haïti, nous n’avons pas vraiment la possibilité d’aller accompagner Mariette Pierre dans les suivis légaux », se désole Solidarite fwontalye, appelant à l’aide des autorités des deux côtés de l’île. [mm kft rc apr 18/12/2013 13:10]