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Haïti-Salaire minimum : Les patrons ferment les usines d’assemblage suite aux manifestations ouvrières

P-au-P, 12 déc. 2013 [AlterPresse] --- Les patrons du secteur de l’assemblage, regroupés au sein de l’Association des industries d’Haïti (Adih) ont annoncé la fermeture ce 12 décembre des usines de sous-traitance de la zone métropolitaine suite aux protestations ouvrières contre le salaire minimum de 225 gourdes.

Dans une note parvenue à AlterPresse, l’association dit « informer les ouvriers et ouvrières que les entreprises d’assemblage et de textile de la zone métropolitaine seront fermées ce jeudi 12 décembre, ce en vue d’assurer la sécurité des employés et de leur lieu de travail ».

L’Adih dénonce les violences perpétrées dans l’enceinte de plusieurs usines d’assemblage, selon elle, durant les journées de manifestation ouvrière qu’ont connues Port-au-Prince ces derniers jours.

« Des individus ont pénétré violemment dans l’enceinte de plusieurs usines pour semer la panique scandant ‘’mete yo deyò’’ et forcer les ouvriers à abandonner leur poste de travail », affirme l’Adih, dans son communiqué rendu public le 11 décembre.

L’adih avance que cette situation s’est davantage détériorée dans la matinée du 11 décembre 2013, et « de nouveau provoqué, de manière violente, la fermeture forcée de plusieurs entreprises ».

Elle appelle le gouvernement, la direction générale de la Société nationale des Parcs Industriels (Sonapi), les responsables de la sécurité publique à prendre toutes les dispositions nécessaires afin que les entreprises, tant à la Sonapi qu’en dehors du Parc, puissent fonctionner et que le droit au travail des ouvriers et ouvrières soit garanti.

L’association « rappelle que chacun de ces incidents violents contribue à décourager les investisseurs haïtiens et étrangers, avec pour conséquence l’aggravation de la situation de chômage endémique que connait notre pays ».

Les manifestants réagissent !

La décision de l’Adih a provoqué le mécontentement de centaines d’ouvriers et ouvrières des industries du secteur textile haïtien entamant ce 12 décembre 2013, leur 3e journée de manifestation dans certaines rues de Port-au-Prince pour continuer de réclamer un salaire minimum de 500 gourdes.

« On n’en peut plus (nou pa kapab ankò) », « Attachez-moi à la taille, on n’en peut plus (mare vant mwen m pa ka sipòte ankò) », scandent à tue-tête les protestataires armés de branches d’arbres, déterminés à continuer leur mouvement.

Pour la plupart, des jeunes femmes dans la vingtaine, les protestataires ont arpenté le Boulevard Toussaint Louverture (route de l’aéroport) et se sont rendus à nouveau devant le Parlement haïtien.

Encore une fois, ils rejettent le salaire minimum de 225 gourdes proposé fin novembre dernier par le Conseil supérieur des salaires (Css), instance chargée d’augmenter les salaires de différents secteurs de travail du pays.

La manifestation ouvrière d’hier, 11 décembre, a été empêchée d’arriver jusqu’à l’Hôtel Oasis à Pétion-Ville où des agents de la police ont fait barrage. Ils ont du rebrousser chemin pour retourner à la Société nationale des parcs industriels (Sonapi).

« Nous le savons pertinemment, la police est le bras armé des patrons et de l’Etat. Il y a aucune différence entre l’Etat et les patrons », déclare Télémarque Pierre, coordonnateur général du Syndicat des ouvriers du textile et de l’habillement (Sota), commentant les actes des agents de la Compagnie d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo).

Pour leur première journée de manifestation ouvrière, le 10 décembre dernier, les contestataires se sont rendus au Parlement haïtien pour apporter aux parlementaires leurs desiderata. [mm kft gp apr 12/12/2013 13 :00]