P-au-P, 10 déc. 2013 [AlterPresse] --- L’organisation Force de réflexion et d’action sur la problématique de logements en Haïti (Fòs refleksyon ak aksyon sou koze kay / Frakka) dénonce des actes de vandalisme, dont sont victimes, le samedi 7 décembre 2013, plusieurs résidentes et résidents de Village Mosaïque, de la part de civils, d’autorités judiciaires et policières.
Le juge de paix de la Croix des Bouquets, municipalité au nord-est de Port-au-Prince, plus d’une vingtaine individus armés de machettes, de bâtons et de masses, soutenus par des agents de l’Unité départementale pour le maintien d’ordre (Udmo), ont déguerpi, de force, près de 126 familles vivant dans des tentes crasseuses au Village Mosaïque, situé dans la zone de Lanmè frape à Canaan, rapporte Frakka dans une note rendue publique, ce lundi 9 décembre 2013.
Pourtant, cette portion de terre, sur laquelle ont été chassées ces familles, est l’objet d’un arrêté déclarant d’utilité publique les propriétés s’étendant de l’angle de la Rivière Bretelle à la Route nationale numéro 1, par Bon Repos et Corail-Cesselesse, formant un polygone avec la zone communément appelée Cocombre, selon ce qui est écrit dans le journal officiel Le Moniteur numéro 21, du lundi 22 mars 2010.
L’arrêté a été rendu public, deux mois après le tragique séisme du mardi 12 janvier 2010, qui a fait environ 300 mille morts et laissé au moins 1,3 million de personnes sans abris.
Près de quatre ans après le séisme, plus de 170,000 personnes déplacées croupissent encore dans les camps et pas moins de 16,000 autres risquent d’être confrontées à des régimes d’expulsions forcées.
Ces familles déplacées, expulsées le 7 décembre 2013 dans le camp de Village Mosaïque, ont déjà été victimes d’évictions, en mai 2012, par la municipalité de Delmas.
« Dès la publication du présent arrêté, tous travaux de construction, de percement de routes, de lotissement ou autre exploitation du sol, ainsi que toute transaction ou aliénation immobilière sont et demeurent interdits sur toute l’étendue de l’espace définie »,stipule l’article 2 de l’arrêté du président (14 mai 2006 - 14 mai 2011) de l’époque, René Garcia Préval.
« C’est parce que la personne, qui se dit propriétaire, sait qu’il dispose de pouvoir et d’autorité. Il est clair que personne ne devrait y construire. Mais, les personnes déplacées, l’ont investi, parce que, victimes dans le tremblement de terre du 12 janvier 2018, elles n’ont aucun endroit où aller », considère Reyneld Sanon, secrétaire exécutif de la Frakka.
L’organisation Défenseurs des droits des opprimés (Dop), une instance défendant le droit des personnes expulsées des camps et offrant de l’accompagnement juridique aux mouvements sociaux, abonde dans le même sens.
Personne n’a le droit de déguerpir ces gens, parce que le terrain « appartient à l’État. Aucun particulier n’a le droit, puisque l’État l’a déclaré d’utilité publique », souligne, catégorique, Me Dyliet Jean Baptiste, responsable des affaires juridiques et directeur exécutif ai de Dop.
Ce lundi 9 décembre 2013, « des agents de la police haïtienne seraient revenus pour détruire ce qui restait encore sur les lieux », révèle à AlterPresse une source bien informée.
« Cet acte traduit comment cette société fonctionne hors la loi. Ce n’est rien d’autre qu’un acte de banditisme, parce que personne n’a le droit d’utiliser le terrain », continue Me. Jean Baptiste joint au téléphone par AlterPresse.
Étant opposée à ce genre de pratiques, l’organisation Dop va compiler les éléments d’informations pour trouver justice et réparation en faveur des victimes, annonce l’avocat.
De son côté la Frakka proteste contre cet acte « arbitraire et illégal », perpétré par un homme qui s’estime fort, avec la complicité d’autorités policières et juridiques.
Elle demande au parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince de mettre l’action publique en mouvement contre toutes personnes impliquées dans ces actes arbitraires et de vandalisme. [mm kft rc apr 10/12/2013 1:15]