P-au-P, 12 déc. 2013 [AlterPresse] --- La loi électorale, devant régir les prochaines sénatoriales et collectivités territoriales en Haïti, vient d’être promulguée dans le journal officiel de la république « Le Moniteur ». Un pas de plus est franchi.
Pourtant, le contexte est critique. Les manifestations sont régulièrement réprimées par la police et les prosélytes du pouvoir « tèt kale » (crâne rasé). Le spectre de la corruption hante les dédales du pouvoir.
Par ailleurs, des organisations mondiales et régionales resserrent l’étau sur la république voisine en ce qui concerne le processus de déchoir, de leur nationalité dominicaine, des milliers de Dominicaines et de Dominicains, pour la plupart.
•Parlement
Loi électorale : Publication dans le journal officiel de la république
Après plusieurs mois de tergiversations, la loi électorale a été publiée dans un numéro spécial du journal officiel de la république, « Le Moniteur ».
Quelles suites seront données à la publication de la nouvelle loi électorale, dont un article interdit la candidature des agents exécutifs intérimaires placés, depuis début 2012, à la tête de différentes municipalités en violation des principes constitutionnels ?
Y aura-t-il une nouvelle structure de gestion du processus électoral, étant donné que le collège (de gestion) transitoire du conseil électoral permanent (Ctcep) ne pourra point tenir de scrutin avant la fin de l’année 2013 ?
Le président du sénat sort de ses gonds
Face aux critiques, fusant des proches du pouvoir sur sa correspondance adressée à plusieurs parlements latinoaméricains dont celui du Chili, le président du sénat, Dieusseul Simon Desras, fait une sortie fracassante, qualifiant ceux qui l’accusent de haute trahison d’ « ignorants qui ne savent pas de quoi ils parlent », notamment son collègue du Sud-Est, Wensesslas Lambert.
Dans cette lettre datée du 4 novembre 2013, adressée notamment à son homologue chilien, le sénateur Desras a dit vouloir mettre en garde les troupes chiliennes, membres de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (Minustah), contre toutes velléités de massacrer la population « assoiffée de démocratie » et qui s’insurgerait contre le pouvoir « arbitraire et totalitaire » du président Joseph Michel Martelly.
•Protestations
La police et les pro-Martelly répriment l’opposition aux Cayes
Comme ils l’ont annoncé dans la presse et malgré l’apparente distance de la présidence par rapport à ces zélés de Martelly, un groupe d’individus - se disant proches du pouvoir - ont violemment, par des jets de pierres, réprimé, le samedi 7 décembre 2013, une manifestation de l’opposition politique dans la ville des Cayes (Sud).
Les bombes de gaz lacrymogènes de la police nationale d’Haïti (Pnh) ont dissuadé les opposants au pouvoir Martelly, qui tentaient de reprendre le mouvement.
Les sénateurs Francky Exius et Jean-Charles Moïse ont, de justesse, été épargnés par les pierres des partisans du pouvoir.
André Michel, l’avocat et militant politique - arrêté de manière « illégale et arbitraire » dans la soirée du mardi 22 octobre 2013, puis libéré le lendemain mercredi 23 octobre - a été remarqué à cette manifestation avortée.
La police nationale tient à distance de l’ambassade dominicaine une manifestation contre la dénationalisation
Plusieurs manifestants, qui devaient délivrer un message contre la dénationalisation de milliers de Dominicaines et de Dominicains d’ascendance haïtienne devant l’ambassade de cette république au centre de Pétionville, ont été stoppés, le vendredi 6 décembre 2013, par des agents du Corps d’intervention et de maintien de l’ordre (Cimo) à l’entrée de cette commune.
Tout au long de leur parcours, les manifestants ont lancé des slogans contre la république voisine et contre l’administration politique actuelle, dont ils qualifient de « moribonde » la gestion dans ce dossier.
Ne pouvant pas avoir accès à l’ambassade, ils ont mis symboliquement le feu – en présence des policiers nationaux – à un cercueil représentant Martelly et les actions « racistes » des autorités dominicaines.
Kolektif pou libere Ayiti dénonce
A l’occasion d’un sit-in, organisé le jeudi 5 décembre 2013 devant les locaux du consulat dominicain au Cap-Haïtien, le kolektif pou libere Ayiti a dénoncé l’attitude passive et le silence qu’il juge « complice » de Martelly dans le dossier dominicain, alors que plusieurs organisations hémisphériques et mondiales s’insurgent contre la décision « raciste » dominicaine.
Le collectif a profité de l’occasion pour crier sa colère contre les agissements des autorités de la république voisine d’Haïti, par rapport aux immigrantes et immigrants haïtiens, et à leurs descendants.
•Dossier dénationalisation
Exigence de Hcr : restitution de la nationalité. Qualification du Cidh : discrimination, violation
Dans une déclaration, en date du 5 décembre 2013, le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr) enjoint le gouvernement dominicain à restituer, dans un court délai, la nationalité dominicaine aux dizaines de milliers de personnes, affectées par la décision de la cour constitutionnelle (du 23 septembre 2013) tendant à les rendre apatrides.
La sentence 168-13 du Tribunal constitutionnel (Tc) dominicain est discriminatoire. Elle viole les droits des Dominicaines et Dominicains d’ascendance haïtienne, selon les conclusions préliminaires du rapport de la commission interaméricaine des droits humains (Cidh), dont une délégation a enquêté sur le dossier, du 2 au 5 décembre 2013 en République Dominicaine.
La communauté économique des Caraïbes (Caricom) a récemment suspendu l’étude de la demande d’adhésion de la République Dominicaine.
•Salaire Minimum
Le rapport du Css décrié
Des parlementaires et des syndicalistes continuent de crier au scandale, contre le rapport du Conseil supérieur des salaire(Css), fixant le salaire minimum journalier à 225.00 gourdes (US $ 1.00 = 45.00 gourdes ; 1 euro = 63.00 gourdes aujourd’hui), à partir de janvier 2014, dans la branche de la sous-traitance en Haïti.
« Injustice faite aux travailleurs, décision criminelle, décision anti-pauvre » sont les qualificatifs collés à cette décision.
Pour sa part, le Css fait l’éloge des conclusions de son rapport, qu’il juge viables.
Face à ce « scandale », les sénateurs invitent le ministre des affaires sociales, Charles Jean-Jacques, à se faire accompagner de membres du Css, au début de la deuxième quinzaine de décembre 2013, pour des échanges sur la question. [efd kft rc apr 12/12/2013 1:35]