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Haïti-Rép.Dom. : Les conclusions préliminaires de la Cidh, rejetées par des autorités dominicaines

P-au-P, 09 déc. 2013 [AlterPresse] --- Les conclusions préliminaires du rapport d’enquête de la Commission interaméricaine des droits humains (Cidh), révélées le vendredi 6 décembre 2013, suscitent beaucoup de réactions, les unes les plus controversées que les autres, chez certaines autorités dominicaines, qui les rejettent d’un revers de main.

En mission d’environ une semaine en République Dominicaine, la délégation de la Cidh a rendu, lors d’une conférence de presse le vendredi 6 décembre 2013, un rapport accablant de la situation des Dominicaines et Dominicains d’ascendance haïtienne, affectés par la sentence 168-13 du Tribunal Constitutionnel (Tc) dominicain du 23 septembre 2013 les rendant apatrides.

En plus de ses effets discriminatoires en République Dominicaine, la sentence du Tc viole les droits à la nationalité et à l’égalité des Dominicaines et Dominicains d’ascendance haïtienne, indique la Cidh.

Ladite sentence tend à aggraver davantage la situation de ces personnes, ajoute la Cidh.

Exprimant sa désapprobation et son mécontentement, le ministère dominicain des affaires étrangères réfute les conclusions préliminaires du rapport de la Cidh, les considérant comme subjectives, partiales et unilatérales.

« S’il est vrai que le pays peut enregistrer les manifestations de racisme et d’intolérance, ces expressions sont toujours individuelles. Elles ne reflètent, en aucun cas, la position partagée par des institutions représentatives dominicaines ni par la majorité de la population », avance cet organisme public dominicain.

Le ministère dominicain des affaires étrangères dit réitérer son engagement à respecter la dignité humaine et les droits fondamentaux des personnes, touchées par la décision rendue par la Cour constitutionnelle.

En ce qui concerne la situation de marginalisation et de pauvreté, dans laquelle se trouvent de nombreuses migrantes et de nombreux migrants en République Dominicaine, il est juste de signaler que, malheureusement, c’est une situation courante des milliers de citoyennes et citoyens dominicains qui vivent encore dans la pauvreté, fait savoir ce ministère.

La Cidh savait déjà ce qu’elle allait avoir comme rapport, relève, pour sa part, le ministre dominicain de la présidence, Gustavo Montalvo.

Tout en refusant d’opiner longuement sur les conclusions de la Cidh, Montalvo dit ne pas les reconnaître.

Avant même la publication des conclusions préliminaires de ce rapport, Montalvo avait laissé entendre que la Cidh était venue en République Dominicaine avec des idées préconçues.

De rejets en rejets ?

D’un autre côté, le Cardinal Nicolas de Jésus Lopez Rodriguez a aussi exprimé son rejet des conclusions préliminaires de la Cidh, soutenant que la commission « n’a pas à venir s’immiscer dans nos affaires, parce que les problèmes de ce pays, c’est à nous de les résoudre ».

Il n’est pas certain que des milliers de descendants haïtiens soient apatrides, parce que la Constitution haïtienne leur garantit la nationalité, qu’importe leurs lieux de naissance, avance Lopez Rodriguez, reprenant les arguments des extrémistes et ultranationalistes dominicains.

Lopez Rodriguez appelle la Cidh à respecter son pays, comme on respecte les grands pays.

« L’unique chose, qu’il importe de faire, est de travailler à la régularisation de ces personnes », dit le cardinal romain dominicain.

Aucune nation n’a été aussi solidaire avec Haïti que la République Dominicaine, au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier 2010, ajoute Lopez Rodriguez, exhortant les commissaires à se rendre ailleurs.

Assurant que la République Dominicaine a toujours été solidaire avec Haïti, le président de la chambre dominicaine des députés, Abel Martinez Duran, rejette « catégoriquement » le rapport préliminaire de la Cidh.

« Nous sommes souverains et nos lois constitutionnelles doivent être respectées », argumente-t-il, soutenant que la Constitution dominicaine n’est pas négociable et que la sentence 168-13 du Tc doit être respectée.

Martinez Duran affirme dénoncer divers secteurs de son pays, influencés par des questions politiques, qui stimulent un jeu en vue de susciter des sanctions appelées à affecter les normes du droit national et international.

Pourtant, tout en étant conscientes de la nécessité de trouver une solution au problème causé par la sentence de septembre 2013, plusieurs autorités (du pouvoir exécutif et législatif dominicain) ont reconnu l’existence d’un problème de respect du droit à la nationalité, au détriment de personnes d’ascendance haïtienne, rapporte la délégation de la Commission interaméricaine des droits humains.

Les conclusions préliminaires du rapport exigent, de la République Dominicaine, de garantir le droit à la nationalité des personnes qui jouissaient déjà de ce droit, entre 1929 et 2010. [mm kft rc apr 09/12/2013 13:55]