P-au-P, 05 déc. 2013 [AlterPresse] --- La mission de la Commission interaméricaine des droits humains (Cidh) en République Dominicaine, cette semaine, continue de susciter des controverses dans les milieux politiques de ce pays, selon ce que révèle la presse dominicaine.
Arrivée à Santo Domingo le 29 novembre 2013, cette structure au sein de l’Organisation des États américains (Oea) arpente les artères dominicaines, en vue de débusquer les implications éventuelles du verdict 163-13 du Tribunal Constitutionnel, visant à déchoir de la nationalité dominicaine plusieurs milliers de Dominicaines et de Dominicains, nés de parents étrangers de 1929 à nos jours.
La République Dominicaine est un pays souverain, elle ne saurait être sous les dictées de la Cidh, a déclaré, le mercredi 4 décembre 2013 à Santo Domingo, le ministre dominicain de l’intégration régionale, Miguel Mejia.
La délégation de la Cidh serait venue du territoire voisin d’Haïti avec un guide pré-élaboré, ce qui expliquerait, du coup, qu’elle serait privée de toutes capacités de diversifier les opinions, critique Miguel Mejia.
Contrairement aux souhaits du ministre Mejia, le président Danilo Medina s’est entretenu, dans l’après-midi du jeudi 5 décembre, avec des membres de la délégation de la Cidh. Mais, la teneur des échanges n’est pas révélée.
Pour sa part, le président du sénat dominicain, Reinaldo Pared Perez, qualifie de conspiration contre la République Dominicaine - de secteurs internes et externes - la présence de la Cidh et les consultations entamées avec les Dominicaines et Dominicains d’ascendance haïtienne.
Confirmant qu’il n’a pas reçu la délégation, Pared Perez laisse croire que le jugement du Tc est mal interprété.
Cette décision est irrévocable, elle n’a pas d’effet rétroactif, puisqu’elle n’est pas une loi, dit-il.
Au même titre que Mejia, Pared Perez dénonce une idée préconçue de la situation, que se ferait la délégation de la Cidh.
Pared Perez exprime déjà des doutes sur les résultats préliminaires de la mission de la Cidh, attendus pour ce vendredi 6 décembre 2013.
La Cidh aurait utilisé une méthodologie « invasive et intrusive » pour recevoir les dénonciations et plaintes des personnes affectées par la sentence du 23 septembre 2013, estime, de son côté, le président de la Junte Centrale Électorale (Jce), Roberto Rosario.
Rosario considère la visite des membres de la Commission comme un « concours de popularité » et une manière de promouvoir des discours non conformes.
Les résultats de la mission reflèteront la même position émise en octobre dernier par la Cidh, prévient Rosario.
En octobre 2013, la Cidh a fait valoir ses préoccupations quant aux effets négatifs que peut causer la sentence du 23 septembre 2013.
Dans l’intervalle, la délégation de la Cidh a pu enregistrer les dénonciations et plaintes de Dominicaines et Dominicains d’ascendance haïtienne et résidant dans l’Est de la République Dominicaine.
Suivant les récriminations exprimées par des centaines de personnes vivant dans les bateyes, ainsi que de Consuelo (San Pedro de Macoris), Guaymate (La Romana), l’absence de documentation induit des difficultés pour avoir une vie organisée et digne, comme aller à l’école, trouver un emploi et fonder une famille, rapporte le quotidien Listin Diario. [mm kft rc apr 5/12/2013 16:00]