P-au-P, 05 déc. 2013 [AlterPresse] --- La décision de la cour constitutionnelle dominicaine d’enlever la nationalité dominicaine à toutes les personnes nées de parents étrangers sur le sol dominicain à partir de l’année 1929 est une « menace à la stabilité régionale », selon une vingtaine de parlementaires étasuniens.
Cette sentence risque de conduire à « une crise humanitaire », craignent ces membres du Congrès américain, dans une lettre adressée au président dominicain Danilo Medina et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Tout en appelant « à la protection des milliers de Dominicaines et de Dominicains, courant actuellement le risque de devenir apatrides », dans leur lettre en date du 30 octobre 2013, ils exhortent Medina « à prendre toutes les mesures nécessaires pour freiner la campagne de dénationalisation ».
Les conséquences sont déjà notables en République Dominicaine.
En application de la sentence du 23 septembre 2013, des milliers de Dominicaines et de Dominicains, qui disposaient de passeports de leur pays depuis de nombreuses années, se sont vus refuser le droit de renouvellement de ce document officiel, sur lequel des visas étrangers valides ont été apposés, suivant des témoignages recueillis par AlterPresse.
Le devoir des gouvernements du monde est de « prévenir l’apatridie », rappellent les parlementaires américains qui s’inquiètent de l’impact négatif de cette disposition « raciste et xénophobe », dénoncée par de nombreuses voix régionales et internationales.
Adoptée le 23 septembre 2013, la disposition du tribunal constitutionnel dominicain concerne plus de 210 mille citoyennes et citoyens dominicains, dont une grande partie d’ascendance haïtienne.
En deux jours, la Commission interaméricaine de droits humains (Cidh), de l’Organisation des États américains (Oea) - qui enquête, en République Dominicaine, sur la question - a déjà reçu plus de deux mille plaintes de Dominicaines et Dominicains d’ascendance haïtienne, mobilisés pour la circonstance.
Le mardi 3 décembre 2013, la Cidh a décidé d’augmenter la quantité de postes de réception des plaintes et témoignages, intégrant, pour le 4 décembre, 5 villes dominicaines, dont San Pedro de Marcoris, La Romana (Est) et Dajabon (Nord).
Une publication préliminaire des résultats de la mission d’investigation de la Cidh est attendue pour le vendredi 6 décembre 2013. [srh kft rc gp apr 05/12/2013 8:55]