P-au-P., 10 août. 04 [AlterPresse] --- Le gouvernement haïtien met sur pied une commission devant préparer les activités de célébration du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti, alors que les opinions sont partagées sur le contexte de travail de cette entité, formée d’intellectuels haïtiens bien connus et présidée par le professeur Leslie François Manigat.
Les activités de célébration devraient débuter le 18 novembre 2004 pour s’achever le 30 janvier 2005.
En présentant la commission à la presse le 9 août, le Premier ministre Gérard Latortue a justifié la formation de celle-ci par le fait que la célébration de cet événement capital au début de l’année, sous le régime lavalas, était un rendez-vous manqué.
Accueillie favorablement par des secteurs de l’intelligentsia haïtienne, la démarche gouvernementale est questionnée par les étudiants de la Faculté des Sciences Humaines, haut lieu de la résistance contre le régime déchu de l’ex- président Jean Bertrand Aristide. Interrogés par la presse, ces étudiants mettent en doute la possibilité de célébrer en toute « autonomie » les 200 ans d’Haïti sans interférence des forces étrangères présentes sur le territoire.
Le président de la commission (ancien Chef d’Etat et candidat déclaré à la présidence lors des compétitions électorales prévues en 2005) a donné la garantie que celle-ci fera un bon travail. Manigat a souligné comme un gage de succès la qualité des membres composant la commission. Tous ses membres ont été choisis sur la base de leur compétence, a-t-il ajouté.
« Célébrer le bicentenaire de l’indépendance d’Haïti est plus que nécessaire en raison du caractère unique de cet événement dans l’histoire universelle, a renchéri le président de la commission.
« Nous devons saisir de l’opportunité de la mise en branle prochaine des activités de célébration du bicentenaire de l’indépendance pour jeter les bases d’une déconcentration de l’Université d’Etat d’Haïti », a pour sa part précisé le professeur d’histoire Victor Benoit, un autre membre de la commission (un des principaux responsables également de la Convergence Démocratique, coalition d’opposition à l’ancien régime).
« Nous devons prendre l’occasion de la fête de Vertières pour jeter les bases de l’Université de Vertières », dans le Nord d’Haïti, a lancé Victor Benoit. C’est à Vertières (Nord d’Haïti) qu’eut lieu la bataille décisive remportée par l’Armée indigène, le 18 novembre 2003.
Pour sa part, l’historienne Suzy Castor estime que « vu les circonstances, il ne faudrait pas seulement célébrer l’année de l’indépendance. Il nous faudrait célébrer une décade de l’indépendance ».
Selon Suzy Castor, « c’est cette décade qui nous permettra de construire ce pays que nous voulons, de jeter les nouvelles bases dont nous rêvons et pour lesquelles nous devons travailler ».
Les autres membres de la commission de célébration du bicentenaire sont Fritz Daguillard, un écrivain haïtien évoluant dans la diaspora, l’historien Claude Moïse, rédacteur en chef du Quotidien haïtien « Le Matin », l’historien Michel Hector, président de la Société haïtienne d’histoire et de géographie, l’archéologue et historien de l’art, Michel Philippe Lerebours et la sociologue Michèle Pierre Louis, présidente de la fondation « Konesans ak libète » (Connaissance et liberté). [vs gp apr 10/08/2004 22:40]