De notre envoyée spéciale Francesca Theosmy
Bruxelles, 2 déc. 2013 [AlterPresse] --- Analyser la situation avant de décider d’accorder ou non des compensations aux victimes de l’épidémie de choléra en Haïti, c’est ce que préconise la Haut-commissaire adjointe des Nations Unies aux droits humains, Flavia Pansieri.
Répondant aux questions d’un groupe de journalistes haïtiens en marge des Journées européennes de développement à Bruxelles, Flavia Pansieri a dit ne pas vouloir se prononcer à la place de la justice.
« La seule chose, que je peux vous dire, c’est que nous croyons important que nous procédions à une analyse de la situation, avec pour but de voir s’il faut recourir à des mesures de réparations ou pas. Mais, en ce moment, étant donné que le procès est en cours, il serait [déplacé] de dire autre chose », réagit-elle.
Une plainte a été déposée, le mercredi 9 octobre 2013, à New York, par 5 avocats haïtiens représentant des victimes de l’épidémie.
La plainte souligne la négligence des Nations Unies dans l’éclatement de la maladie et exige des compensations pour les victimes.
Jusqu’ici, les Nations Unies continuent de nier toute implication.
Depuis son apparition en octobre 2010 en Haïti, le choléra a déjà fait près de 9 mille morts, dont plus de 300 depuis janvier 2013.
Des flambées ne cessent point d’éclater, surtout dans les zones où l’accès aux soins et aux sanitaires est précaire.
Les organisations luttant pour un dédommagement des victimes ont très souvent été irritées par l’attitude du gouvernement qu’elles accusent de passivité face à la situation.
Évitant de parler de responsabilité totale des Nations Unies, dans l’apparition du choléra, le premier ministre Laurent Salvador Lamothe a proposé la mise en place d’une commission mixte devant étudier les voies et moyens de combattre le choléra en Haïti.
A la suite de cette proposition, le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (Onu), le sud-coréen Ban Ki-moon, a dépêché à Port-au-Prince, le vendredi 11 octobre 2013, Pedro Mandrano, sous-secrétaire général adjoint en charge de la réponse au choléra pour Haïti, qui a déjà discuté avec Lamothe sur la question, selon le quotidien Le Nouvelliste.
Les ministères de la santé publique et de la population (Mspp), des Affaires étrangères (Mae), le bureau du premier ministre et la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement (Dinepa) seront représentés au sein de ladite commission.
Par ailleurs, la question du choléra en Haïti est aussi une affaire de respect des droits humains, qui constitue un véritable étendard pour les Nations Unies.
L’issue du procès, engagé à New York, pourrait ébranler le système des missions de maintien de la paix.
La Mission des Nations Unies pour la stabilisation d’Haïti (Minustah), pointée dans l’apparition du choléra, est également mise en cause dans des affaires de viols et de torture.
Pour Flavia Pansieri, le respect des droits humains en Haïti passe par un renforcement des structures de l’État et des compétences.
« Ce qui est important, aussi, c’est de s’engager, de la part de la population haïtienne, pour que ce soit un processus qui vienne de l’intérieur, qui appartienne au peuple, et qui ne soit pas seulement une recommandation de l’extérieur », rappelle-t-elle. [kft gp apr 2/12/2013 13:40]