P-au-P., 05 aout 04 AlterPresse] --- L’organisation paysanne « Tèt Kole Ti Peyizan » a marqué le sixième
anniversaire de l’assassinat du père Jean Pierre Louis dit Tijan par un
sit-in ce 3 août devant le Ministère de la Justice, à Port-au-Prince.
Les manifestants ont déploré le fait que les assassins du directeur du
Service Oecuménique pour le Développement et l’Education Populaire (SEDEP)
continue jouir de l’impunité.
Ils ont remis une lettre ouverte au ministre de la justice Bernard Gousse
pour lui demander de faire accélérer le dossier pour que les proches du
défunt puissent enfin obtenir justice.
Le prêtre Jean Pierre Louis a été assassiné de plusieurs balles, le 3 août
1998 à Port-au-Prince, dans la cour même du SEDEP.
Il fut un tenant de la théologie de la libération et un accompagnateur des
organisations paysannes et des mouvements de jeunes.
Dans une prise de position le 3 août 2003, sous le régime de Jean Bertrand
Aristide, le SEDEP avait indiqué que « l’ une des raisons qui explique
l’assassinat du Père Pierre-Louis, est sa dénonciation constante de la
politique mise en œuvre par des gouvernements successifs, au détriment de
l’intérêt du pays et de la population ».
C’est aussi ce qui explique "la volonté du pouvoir de faire le black-out
sur le dossier, en ne prenant aucune initiative pour forcer la police et la
justice à trouver et juger les criminels", avait poursuivi les membres du
SEDEP.
Selon eux, « les mêmes raisons sont à la base du traitement réservé aux cas
d’assassinats du journaliste Jean Dominique et de son gardien Jean Claude
Louissaint, du journaliste Brignol Lindor, du prêtre Jean-Marie Vincent et
de mille autres dossiers, embrouillés dans le système d’impunité de lavalas
».
Les funérailles du Père Jean Pierre Louis, célébrées en sa paroisse de
Mont-Carmel, banlieue sud de Port-au-Prince, avaient été marquées par des
actions violentes de groupes proches du parti au pouvoir à l’époque, Fanmi
Lavalas.
Les proches du prêtre, qui scandaient des slogans hostiles au
pouvoir, avaient été pris à partie par les partisans du régime. Ces
derniers en avaient également profité pour éparpiller des centaines de
photos de Jean Bertrand Aristide, qui allait revenir au pouvoir 2 ans plus
tard. [vs apr 05/08/04 08:00]