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Haïti-Justice : Le sursis au mandat d’amener contre Me. André Michel n’affectera pas la mobilisation anti-Martelly

Par Edner Fils Décime

P-au-P, 15 nov. 2013 [AlterPresse] --- Moins de 24 heures après l’ordre de sursis, du juge d’instruction Lamarre Belizaire, au mandat d’amener émis contre lui, l’avocat André Michel annonce qu’il « ne fera pas marche arrière » dans la poursuite judiciaire contre la famille du président Joseph Michel Martelly pour corruption et usurpation de fonction.

Se présentant comme « un coq de race », l’homme de loi, opposant farouche à l’administration politique du président Martelly et du premier ministre, Laurent Salvador Lamothe, a rencontré la presse à Port-au-Prince, le jeudi 14 novembre 2013, flanqué de son avocat Samuel Madistin et de son témoin, le syndicaliste et professeur Josué Mérilien.

« L’annulation de ce mandat, qui a été émis contre nous par la famille présidentielle, est d’abord une victoire pour le barreau de Port-au-Prince qui s’est engagé sans réserve pour l’obtenir. Pour nous, du secteur démocratique, ce n’est pas encore la victoire. Toutefois, cette victoire, si modeste soit-elle, est le résultat de la mobilisation populaire », déclare Me Michel.

Un « ordre de sursis », daté du 13 novembre 2013 et paraphé par le juge d’instruction Lamarre Belizaire, est transmis aux « responsables des commissariats de police de la région métropolitaine », pour les informer de la décision du magistrat de surseoir sur le mandat d’amener émis le 1er août 2013 contre Me Michel, « en attendant le cours de l’instruction du dossier de l’assassinat de Frantzy Duverseau ».

L’homme de loi continue de considérer le juge Bélizaire comme un instrument du président de la république.

Cependant, il dit n’avoir aucun sentiment de haine contre « les comploteurs » et les rassure, déjà, qu’il ne prendra pas sa revanche quand l’opposition prendra le pouvoir.

L’avocat prédit déjà les couleurs, quant au mouvement de mobilisation enclenchée, depuis quelques mois dans plusieurs villes du pays, pour réclamer le départ de Martelly du pouvoir.

« Il faut construire le secteur démocratique et populaire, pour en faire une véritable machine de guerre contre ce pouvoir qui symbolise la corruption, le trafic de drogue, l’immoralité politique. (…) La bataille est lancée. Le lundi 18 novembre (2013), nous serons dans les rues, dans tout le pays. Aux armes démocratiques, citoyens ! On ne peut rien avec Martelly au pouvoir, il faut le renverser », a martelé Me. Michel.

Une version de la rencontre du 13 novembre 2013

Faisant suite à la requête du conseil de l’ordre du barreau des avocates et avocats de Port-au-Prince, le juge Lamarre Belizaire - « signataire » du mandat d’amener contre André Michel - aurait demandé à entendre le concerné aux fins de « clore l’enquête une fois pour toutes », selon Me Samuel Madistin.

Lors d’une rencontre avec le conseil de l’ordre, quelques jours avant « l’interrogatoire » du 13 novembre 2013, Bélizaire aurait accepté de retirer le mandat contre Me Michel.

« Comme le juge avait déjà communiqué le dossier au parquet pour ordonnance définitive et que c’est par réquisitoire supplétif que le commissaire du gouvernement a demandé l’audition de Me. Michel dans le cadre de l’enquête, le magistrat Bélizaire a dit préférer entendre l’avocat pour pouvoir clore le dossier », a confié Madistin.

Me. Michel et ses avocats ont toujours soutenu l’argument de la récusation, pour ne pas avoir à se présenter au cabinet d’instruction du juge.

Se rappelant soudainement qu’une récusation prend entre 9 à 12 mois en cour de Cassation, les avocats amis de Me. Michel lui ont conseillé le « choix réaliste » et « plus pratique » de se présenter devant le magistrat.

Et comme le barreau de Port-au-Prince est en grève illimitée depuis le 24 octobre 2013 - pour exiger la démission ou la révocation du commissaire du gouvernement, Francisco René -, Me André Michel n’a pas eu droit à la présence de ses avocats.

« Comme la Constitution et les lois de la république l’autorisent, il a fait appel à un témoin de son choix en la personne du professeur Josué Mérilien », soutient Madistin.

« Aucune loi ne permet à un juge de prendre [pareille mesure]. Sauf en cas de recouvrement des créances de l’État », rappelle Me. Madistin au sujet de l’interdiction de départ contre l’avocat André Michel. [efd kft rc apr 15/11/2013 9:25]