P-au-P, 11 nov. 2013 [AlterPresse] --- Après Port-au-Prince (Ouest) et le Cap Haïtien (Nord), un vent de mécontentement semble toucher d’autres départements géographiques du pays pour des raisons diverses, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Pour exiger le départ du président Joseph Michel Martelly, pour exprimer le ras-le-bol contre la misère et le chômage, pour dénoncer l’instrumentalisation de la justice, pour réclamer des services publics, rendez-vous est, dans tous les cas, pris dans la rue.
Le dialogue entre les pouvoirs exécutif et législatif pourrait être repris, dans les prochains jours, après que la communauté dite internationale a exprimé des inquiétudes et appelé à un retour autour de la table de discussions.
Alors que le ton monte, dans la politique en Haïti, les professionnels de la culture ne chôment pas.
Momentanément, certaines productions culturelles offrent un refuge, loin des slogans, des gaz lacrymogènes, des tirs d’armes à feu, des jets de pierres et de la chaleur du macadam.
Manifestation/Protestation
La longue marche des quartiers populaires sur PetionVille
Des milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens, originaires des quartiers populaires de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, ont répondu à l’appel de Force patriotique pour le respect de la constitution (Fopark, organisation proche du mouvement Lavalas), le jeudi 7 novembre 2013, pour exiger la démission du président Michel Martelly et de son équipe.
Sur fond de lutte de classes, la manifestation a traversé la municipalité de PetionVille (à l’est de la capitale), symbole de pouvoir d’une élite économique et commerciale en Haïti, pour aboutir au Champs de Mars (principale place publique à Port-au-Prince), où elle a été réprimée par la police nationale d’Haïti (Pnh).
Durant le parcours, des partisans du pouvoir ont attaqué les manifestantes et manifestants à coups de pierres, selon des témoins.
La marche a aussi essuyé des tirs d’armes à feu. Ce qui a provoqué des blessés, dont le militant Dieuseul Civil alias « Ti Maksis » (littéralement petit marxiste).
Jacmel dans la rue trois jours durant
Les lundi 4, mardi 5 et mercredi 6 novembre 2013, les riveraines et riverains du centre ville de Jacmel (Sud-Est) ont organisé un mouvement de protestation pour réclamer la construction de 4 ponts, détruits dans cette ville en 2008.
Finalement, l’odeur âcre de pneus usagés enflammés ainsi que les cris des citoyennes et citoyens semblent avoir eu raison des autorités.
Pierre Michel Lafontant, délégué du Sud-Est, a annoncé la reprise des travaux, grâce à un financement de l’agence française de développement.
Marche des avocates et avocats de Port-au-Prince
En renforcement de leur grève illimitée, pour exiger la révocation ou la démission du commissaire du gouvernement, Me Francisco René, les avocates et avocats du barreau de Port-au-Prince, en toges, ont manifesté, en silence, dans les rues de la capitale, le mercredi 6 novembre 2013.
Supportés par d’autres barreaux de la fédération des barreaux d’Haïti,
les femmes et hommes de loi de Port-au-Prince continuent la mobilisation, ce lundi 11 novembre 2013, au parquet près le tribunal civil de la capitale, avec la même revendication.
Ils ont fait 7 tours du bureau du commissaire.
Les barreaux des Gonaïves (haut Artibonite / Nord) et de Saint-Marc (bas Artibonite) sont également rentrés en grève, en solidarité avec leurs homologues de la capitale.
Le ministre de la justice, Jean Renel Sanon, est convoqué, par la commission justice et sécurité de la chambre des députés, sur la question. Le bâtonnier de Port-au-Prince, Carlos Hercule, y est invité également.
Un motard tué, un député cité…Cerca carvajal est en feu
Le weekend écoulé, la ville de Cerca Carvajal (Plateau central) a été particulièrement agitée avec des barricades de pneus usagés enflammés qui ont entravé la circulation. La mort d’un motard est à la base de cette situation.
Certains ont attribué cette mort à un policier national qui aurait tiré le motocycliste, après une altercation ayant suivi un accident dans lequel est cité le nom du député Arodon Bien-Aimé. Ce que le parlementaire a démenti.
Parlement
La mathématique constitutionnelle sauve 3 ministres du gouvernement Lamothe
Visiblement acculés sur tous les points, par de graves accusations de corruption, de détournement de fonds, de violation des lois républicaines, les trois ministres du gouvernement du premier ministre Laurent Salvador Lamothe - interpellés au sénat le mardi 5 novembre 2013, ont pu sauver leurs postes.
Pourtant, 14 (en moyenne) sur 18 sénateurs ont voté pour une motion de censure.
Selon la Constitution haïtienne, il faut 16 sénateurs (sur 30) pour renvoyer un ministre interpellé.
Les ministres de la justice, de l’intérieur et des affaires étrangères, respectivement Jean Renel Sanon, David Bazile et Pierre Richard Casimir, ont fait l’objet de cette interpellation qui a duré plus de 8 heures d’horloge.
Élections : possible convocation des députés à l’extraordinaire ?
Le président de la république pourrait convoquer les députés, en session extraordinaire, en vue de voter la loi électorale devant régir les probables élections, sénatoriales partielles et locales, projetées pour le 26 janvier 2014 selon un pré-calendrier (contesté), proposé par le président du Collège transitoire de gestion du conseil électoral permanent (Ctcep), Emmanuel Ménard.
Au courant de la semaine, la lettre y relative pourrait être transmise au président de la chambre des députés, selon la radio privée Signal FM, citant le porte-parole de la présidence, Lucien Jura.
Politique
La communauté internationale, inquiète, appelle à un accord
La représentante spéciale du secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (Onu) en Haïti, la Trinitéenne Sandra Honoré, les ambassadeurs et représentants de la France, des États-Unis d’Amérique, du Canada, du Brésil, de l’Espagne, de l’Organisation des États américains (Oea) et de l’Union Européenne (Ue), ont appelé, dans un communiqué conjoint, à une reprise du dialogue entre les pouvoirs exécutif et législatif.
Le président de la république a exigé, des présidents des deux chambres (sénat et chambre des députés), un mandat de leur assemblée respective pour pouvoir continuer le dialogue.
Des acteurs politiques et des membres de la société civile appellent à la démission de Martelly.
Développement durable
Un observatoire de la décentralisation, de la gestion des risques et désastres
Un observatoire de la décentralisation, de la gestion des risques et désastres en Haïti (Odgrdh) a été lancé, le jeudi 7 novembre 2013, à Delmas, par l’Association Citoyens sans frontières (Csf), que dirige l’ancien maire de Port-au-Prince, Jean Yves Jason.
L’association Csf voudrait apporter la décentralisation comme une nouvelle doctrine pour maîtriser le destin collectif des actrices et acteurs de la résilience en Haïti.
Culture
Louis-Philippe Dalembert, primé par la Société des Gens de Lettres
L’écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert a été reçu Prix Thyde Monnier, par la Société des Gens de Lettres, pour son roman « Ballade d’un amour inachevé », publié aux éditions Mercure de France.
Le concerné signera son roman, du jeudi 12 au dimanche 15 décembre 2013, au palais municipal de Delmas, à l’occasion de la Foire internationale du Livre d’Haïti (Filh) organisée par la Direction nationale du livre (Dnl).
L’apport des musiques noires à la culture mondiale
Du vendredi 8 au mercredi 27 novembre 2013, le Musée du panthéon national (Mupanah) accueille l’exposition multimédia itinérante « L’odyssée des musiques noires », produite par le média français Mondomix.
Cette exposition numérique interactive se propose de mettre, sous les projecteurs, l’histoire des migrations du peuple noir et son influence sur la culture populaire mondiale. [efd kft rc apr 11/11/2013 13:30]