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Haïti-Justice : Plus d’une centaine d’avocats et avocates en toge marchent contre le commissaire de P-au-P

P-au-P, 06 nov. 2013 [AlterPresse] --- Toges noires, constitution ou manuel de droit en mains, plus d’une centaine d’avocates et d’avocats du barreau de Port-au-Prince ont marché en silence, ce mercredi 6 novembre 2013, dans les rues de la capitale haïtienne, pour continuer à réclamer la tête de Francisco René, commissaire du gouvernement près le tribunal civil de cette juridiction, et de Lamarre Bélizaire, juge d’instruction.

Cette manifestation des femmes et hommes de loi de Port-au-Prince a reçu le soutien de plusieurs barreaux, dont celui de Petit-Goave, de Saint-Marc (barreau d’origine de Me René), de la Croix-des-Bouquets (Ouest - Barreau d’adoption du commissaire), de Mirebalais et Hinche (Est), de Miragoane (Nippes/ Sud-Ouest), des Cayes (Sud) et des Gonaïves (Nord).

Les slogans « Non à l’arrestation illégale et arbitraire d’un avocat ; oui au respect des droits et libertés de l’avocat, pas d’investissements garantis sans des avocats libres de pratiquer », inscrits sur les banderoles digitalisées, ont exprimé ce que les femmes et hommes de loi n’ont pas voulu crier.

Des dizaines de supporters ont, tout de même, animé tout le parcours de la marche avec des slogans contre le régime en place, sous le regard maintes fois nerveux et agacé des deux colonnes d’agents du Corps d’intervention et de maintien de l’ordre (Cimo), venus sécuriser la manifestation.

Les avocats, eux-mêmes, n’ont pipé mot durant le parcours.

C’est uniquement avant la délivrance du message de circonstance du bâtonnier, devant le ministère de la justice, que les avocats ont repris les slogans scandés par Aviol Fleurant : « Vive la démocratie, vive la liberté, vive la justice. A bas l’arbitraire, A bas l’injustice. Francisco [René] doit partir ! Résistance ».

Départ de Francisco René : dire non à l’arbitraire ?

« Nous n’acceptons plus qu’un seul de nos membres soit victime d’arrestation illégale et arbitraire. Nous n’acceptons plus que Francisco René jette l’opprobre sur la profession d’avocat. L’affront, que Francisco René a fait à tous les avocats de la République, ne sera réparé qu’avec son départ », a martelé Me Hercule devant le ministère de la justice.

De toutes leurs forces, les avocats ont affirmé n’être pas prêts à reprendre le travail avec Me René.

Le bâtonnier se dit conscient que le commissaire a le support de la présidence et de la primature, l’appui du président du Cspj, l’aval du ministre de la justice.

Mais, il dit croire qu’ « avec la volonté, la détermination, le courage et la force de chaque avocat, la toge triomphera de toutes les armes de perversion et vaincra toutes les forces de persécution ».

A défaut d’être présent et par mesure de sécurité, Me André Michel -dont l’arrestation, jugée illégale et arbitraire, est à la base du mouvement- s’est fait représenter symboliquement par sa toge.

Et le porteur n’a pas manqué pas d’y coller une pancarte explicite « Me André Michel, avocat du peuple ».

Des militants proches du mouvement Lavalas, Rony Thimotée de Fòs patriyotik pou respè konstitisyon (Fopark), Mirlande Hyppolite Manigat, membre du mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod) - auquel appartient Me Michel également -, ont, entre autres, été remarqués.

Guy Numa, membre du Mouvement démocratique Populaire (Modep), et d’autres militants d’organisation du mouvement social haïtien ont payé de leur présence.

Le bâtonnier de Port-au-Prince, Me Hercule, a convoqué tous les avocats à se présenter, à partir du lundi 11 novembre 2013, tous les jours, au parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince, pour continuer la mobilisation visant la révocation de Me René. [efd kft gp apr 06/11/2013 16:00]