Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 31 oct. 2013 [AlterPresse] --- Les mécanismes de financement à mettre en œuvre dans les hôpitaux, notamment publics, ont été au cœur des discussions engagées lors du troisième « colloque Ary Bordes sur le système de soins en Haïti », déroulé les mardi 29 et mercredi 30 octobre 2013, observe AlterPresse.
Il n’y a pas beaucoup d’études réalisées sur l’impact des mécanismes de financement dans les hôpitaux en Haïti, déplore le docteur Junot Félix.
« Le problème de financement des soins de santé est un problème social », reconnait-il, appelant la population à se battre pour avoir un système de financement public des soins de santé dans le pays.
Les Haïtiennes et Haïtiens doivent commencer à réfléchir sur les types de système de santé, existant dans le pays, en vue de déterminer les mécanismes de financement à adopter, encourage Dr. Félix, souhaitant la réalisation d’études pour déterminer les coûts des soins de santé en Haïti.
Une étude - menée dans les départements du Sud, de la Grande Anse (une partie du Sud-Ouest) et du Nord-Ouest, sur les effets des politiques nationales de financement sur l’accès aux soins de santé, a permis de faire l’inventaire de quelques mécanismes de financements mis en place dans des institutions départementales, rappelle Félix.
Il s’agit, notamment, des systèmes de recouvrement des coûts (un montant fixe pour la consultation, incluant les frais de dossiers médicaux) et d’exemptions partielles ou de réduction de coûts (pour les femmes, les enfants de moins de cinq ans, etc.).
Dans le système de recouvrement des coûts, des frais peuvent être imposés aux usagères et usagers par les hôpitaux, afin de recouvrer certains coûts associés aux services fournis.
Le système de recouvrement des coûts pose une barrière à l’accès des soins dans les hôpitaux, avance le professeur agrégé au département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, Valéry Ridde, qui souligne le dysfonctionnement de cette stratégie dans plusieurs pays.
Pour sa part, le directeur technique de la compagnie d’assurance Alternative (Aic), Emile Pantaléon, a souligné l’importance des assurances dans le financement des soins en Haïti.
Les assurances pourraient constituer une source de financement complémentaire pour les hôpitaux à but non lucratif, estime-t-il, insistant sur le manque d’accès de la majorité de la population à des programmes de santé en Haïti.
Pantaléon appelle l’État et les banques à une décentralisation du réseau médical, en incitant notamment les prestataires privés à s’établir en province lors de ce troisième colloque « Ary Bordes », déroulé autour de l’amélioration de la performance des hôpitaux publics haïtiens.
« L’hôpital public dans le système de soins en Haïti : défis, enjeux et stratégies pour l’amélioration de la performance » : tel a été le thème de ce colloque de deux jours (29 et 30 octobre 2013).
Supporté par le Ministère de la santé publique et de la population (Mspp) et le Projet d’appui au renforcement des capacités en gestion de la santé en Haïti (Parc), ce colloque a réuni plusieurs décideurs et gestionnaires du système de santé, ainsi que des structures gouvernementales haïtiennes, des partenaires techniques et financiers. [emb kft rc apr 31/10/2013 10:50]