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Haiti-Musique : Swit Djakata, un lourd héritage

Par Jean Wilder Pierresaint

P-au-P., 24 oct. 2013 [AlterPresse] --- La jeune formation musicale de tendance racine Swit Djakata vient de fêter ses deux ans d’existence. Entre voix et percussions, par sa performance, Swit Djakata, emmené par le jeune tambourineur Woulele, nous interpelle quand au véritable avenir de cette tendance et à sa relève.

A coté des évènements historiques autour de Dessalines, père fondateur de la Patrie haïtienne, qui ont marqué symboliquement ou concrètement la journée du 17 octobre 2013, le rendez-vous culturel était fixé au restaurant Vert Galant jeudi dernier où la formation musicale « Swit Djakata » a fêté ses deux ans d’existence. Prometteur, « Swit Djakata » est l’émanation directe du groupe Djakata fondé par le tambourineur très connu Samba Zao, père de « Woulele » leader du groupe « Swit Djakata ».

En guise d’introduction à ce concert, le premier morceau du groupe Djakata a été un hymne au drapeau haïtien joué sur du nago. Bonne entrée en matière pour une journée historique qui a marqué douloureusement notre histoire de peuple. Du nago, on passe à la contredanse avec la chanson folklorique baptisée ‘’Bèl congo’’. Très connu dans les milieux ruraux, Bèl congo est un chant traditionnel qui fait l’apologie de l’eau, de la solidarité entre lessiveuse et de la danse. « Larivyè mwen te ye mwen tande w kantonad o/ Di yo ya louvri baryè a pou mwen », les mots se perdent dans des roulements de tambours impressionnants, guidés avec maestria par Woulele. Marchant sur la trace de son père, Le jeune Woulele a un avenir très prometteur. Nous avons eu la chance de le voir sur scène à de nombreuses reprises. Il fait preuve d’une certaine habileté et d’une certaine sérénité au tambour. Son visage accueillant de jeune homme de bon commerce lui vaut les sympathies de son public.

Les musiques s’enchainent. La contredanse fait place au djoumba avec ‘’Plante’’, un morceau qui célèbre les bienfaits des arbres. Du nationalisme à la solidarité en passant par l’environnement, les thématiques abordées par la musique de Djakata sont l’expression d’un certain engagement au niveau social et politique. Portant tous des tresses, ils sont huit (8) percussionnistes et chanteurs. Le maestro Woulele Marcelin : voix et tambour, Frantz Larrieux : voix et percussions, Anilus Buton Junior : voix et percussions, Charles Jerry : basse, Léon Paul Stéphane : kata. Après cette série de trois morceaux, le groupe cède la place aux artistes et groupes invités, venus souhaiter longue vie à Djakata.

Le groupe « Sosyete Pam », constitué globalement de sambas très expérimentés, a gravi le podium.
Leur répertoire laisse découvrir un intérêt particulier pour l’enfance et l’éducation. Malgré la force de leur sujet, un accueil mitigé leur était réservé.

Puis est arrivé le jeune chansonnier haïtien Kerb auteur de la chanson à succès ‘’Merde’’. Le chanteur interprète une chanson imagée aux thématiques croisées sur l’église et les réalités que nous vivons. Il est rejoint par Woulele au tambour dans l’interprétation de Merde, cette chanson qui dénonce une société exigeante qui n’offre pas grand-chose mais qui demande beaucoup. La mauvaise qualité du son a empêché le public, suspendu aux lèvres et à la guitare du jeune artiste, de jouir le feeling de la chanson qui est pourtant un franc succès.

Place à un autre ami de « Swit djakata » : le groupe Sobo D, emmené par Philipe Pierre dit Pipo. C’est l’une des grandes satisfactions de la soirée. Le groupe a enchainé des interprétations très gaies qui ont emballé le public présent. Parmi ces interprétations figure la chanson « Madanm » de Louis Lesly Marcelin dit Samba Zao. Pipo, à la guitare et au chant, a été bien reçu par le public.

Les invités ne se sont pas fait prier : ils ont défilé un par un sur le podium, souhaitant un joyeux anniversaire à « Swit Djakata ».

Le groupe Swit Djakata doit se professionnaliser davantage

La soirée a été une réussite. Mais le groupe Swit Djakata doit se professionnaliser davantage s’il veut s’imposer et devenir une référence dans le secteur. Swit Djakata est un lourd héritage à gérer si on considère le poids du répertoire musical traditionnel de Djakata et le chemin déjà tracé par Samba Zao et bien d’autres qui ont porté haut le flambeau de la musique racine en Haïti et ailleurs.

Il est aussi important de souligner les performances relativement piètres du Dj par rapport à ses choix de musique pendant les moments d’intermède. Au milieu de la soirée, il assommait l’assistance de musiques qui ne collent pas du tout à l’événement. On n’oubliera pas la qualité du son qui laissait à désirer. Le groupe doit penser à améliorer la qualité du son pour mieux vendre son image. [jwp ts gp apr 24/10/2013 17 :00]

Cette chronique est produite dans le cadre du programme de production et diffusion d’informations multimédia, pour une meilleure appréciation des activités culturelles en Haïti. Il est mis en place par le Groupe Medialternatif et Caracoli, institutions impliquées dans la communication sociale et la promotion culturelle, avec le soutien de la Fondation de France et de la Fondation Culture Création, à travers le programme FIL Culture.

Depuis octobre 2012, AlterPresse (agence en ligne du Groupe Médialternatif) et Caracoli éditent un agenda culturel hebdomadaire. Agenda et compte rendu sont adaptés pour alimenter une chronique radio qui est diffusée sur cinq stations : Radio Kiskeya (Ouest), Radio Express et Radio Jacmel Inter (Sud-Est), Radio Paillant Inter et Radio PSG (Nippes, une partie du Sud-Ouest).