P-au-P, 31 oct. 2013 [AlterPresse] --- Alors que des institutions universitaires et de communication défendent l’idée de la mise sur pied d’une académie du Créole haïtien, un professeur en communication sociale, le docteur Luné Roc Pierre Louis, est monté au créneau pour critiquer cette initiative, apprend AlterPresse.
« Aujourd’hui, ce qu’il nous faut c’est un centre de recherches scientifiques qui s’occupe de la langue Créole, plutôt que des académiciens de façade qui se pointent chaque matin au bureau, alors qu’ils ne vont rien faire », attaque le professeur Roc Pierre Louis lors d’une conférence, le lundi 28 octobre 2013, journée internationale de la langue et de la culture créoles.
Cette conférence s’est déroulée autour du thème « Refleksyon inivèsite a dwe fè sou lang kreyòl la nan fòmasyon moun kòm zouti nan transmisyon savwa, kòm fenomèn » (la réflexion à produire par l’Université sur la langue Créole, dans la formation de l’être humain comme un outil de transmission du savoir, comme phénomène).
Pour Pierre Louis, une académie ne serait pas déterminante pour la langue.
En revanche, les linguistes, les scientifiques du langage et les philosophes du langage le seraient, affirme-t-il, prônant un centre national de recherches sur le Créole à la place d’une académie.
« L’essentiel, c’est de faire en sorte que la population haïtienne sache lire dans les bonnes conditions. L’intérêt, ce n’est pas d’avoir un public créolophone qui ne sache pas lire. Autant qu’il faut faire la promotion du Créole, il faut faire la promotion de l’Université, la promotion du savoir, pour permettre au Créole d’avoir sa [vraie] place dans la société »,argue-t-il devant plus d’une cinquantaine d’étudiantes et d’étudiants de la Faculté des Sciences Humaines (Fasch).
Luné Roc Pierre Louis s’interroge également sur les membres de cette académie et sur la manière dont ils seront choisis, alors que l’Université d’État est déjà établie et a besoin d’être renforcée.
Une loi, portant sur la création de l’académie de la langue Créole et ratifiée par les deux chambres, traîne actuellement dans les tiroirs du président Michel Martelly, attendant sa promulgation dans le journal officiel de la république, Le Moniteur, après le rejet des contestations, en juillet 2013, par sénateurs et députés. [jep kft rc apr 31/10/2013 0:30]