P-au-P, 28 oct. 2013 [AlterPresse] --- La société d’animation et de communication sociale (Saks) appelle le pouvoir exécutif à publier, sans tarder, la loi sur l’académie du Créole haïtien dans le journal officiel Le Moniteur.
A l’occasion de la journée internationale de la langue et de la culture créoles, ce lundi 28 octobre 2013, en marge d’une exposition de livres et d’autres documents autour de la langue Créole à la Fondation connaissance et liberté (Fokal), Saks prône une mobilisation collective pour contribuer davantage à l’avancement de cette langue.
La loi sur la création de l’académie du Créole haïtien a été votée à l’unanimité par le sénat, le 10 décembre 2012. Les députés ont aussi donné un vote favorable, le 23 avril 2013, à cette loi.
Le 2 juillet 2013, le parlement a renvoyé le texte à la présidence sans tenir compte des objections de cette dernière, qui avait argué de l’inexistence d’une version en Français de la loi sur la création de l’académie du Créole haïtien.
Jusqu’à la fin de ce mois d’octobre 2013, le texte n’est pas encore promulgué dans le journal officiel de la république, Le Moniteur.
Saks encourage une intégration effective de la langue Créole dans l’enseignement haïtien, dans un souci de porter les enfants à la maîtriser et aussi d’enseigner les autres matières en Créole.
Saks demande aux autorités étatiques d’encadrer et d’accompagner les producteurs créolophones.
L’exposition organisée par Saks rassemble une multitude d’ouvrages et de documents écrits, pour la plupart, en Créole ainsi que quelques Cds d’émissions produites par Saks et le réseau des femmes des radios communautaires en Haïti (Refraka) sur des thématiques diverses.
Des ouvrages écrits en Créole, comme le « dictionnaire haïtien- français /français haïtien » et le « dictionnaire de synonymes, langue haïtienne, l’école fondamentale » de l’écrivain Joseph Prophète, sont exposés.
« Dwa ak devwa tout Ayisyen » (droit et devoir de tous les Haïtiens) et « Konbit tèt ansanm : pou Ayiti kanpe » (Combite de l’union : pour le relèvement d’Haïti) de Odette Roy Fombrun font aussi partie du décor.
Le texte titré « Teyat kreyòl » (théâtre créole) de Félix Morisseau Leroy et « rabouch », une anthologie du poète Georges Castera ainsi qu’une traduction en Créole du livre d’Albert Camus, « L’étranger », par Guy Régis, sont aussi présentés.
Cette exposition vise à montrer combien la langue créole bouge, souligne le directeur de Saks, Sony Estéus, soulignant que la bataille pour la langue créole doit être quotidienne.
« S’il y a de la volonté chez l’État et de l’accompagnement pour les producteurs créolophones, beaucoup plus de livres seraient produits en Créole », estime Estéus.
Saks invite chacune et chacun à venir apprécier le lot de livres, écrits en Créole, dont des dictionnaires et des grammaires en Créole, pour se faire une idée de l’évolution de la langue.
Des progrès sont enregistrés dans la langue Créole au vu de la quantité de livres disponibles à cette exposition, reconnaït le linguiste Yves Déjean précisant, toutefois, que « la base du problème n’est pas encore résolue ».
Les enfants ont le droit d’avoir, dans leur propre langue, des connaissances qui leur seront utiles, plaide-t-il.
Le linguiste appelle la jeunesse à se mobiliser pour forcer l’État à une plus grande reconnaissance de la langue Créole.
« L’académie de la langue Créole est le chemin de notre identité » : tel est le thème général, retenu pour la journée internationale de la langue Créole en Haiti. [emb kft rc apr 28/102013 15:35]