par Milo Milfort
P-au-P, 31 oct. 2013 [AlterPresse] --- Pendant que l’arrêté controversé du tribunal constitutionnel dominicain déclarant apatrides plus de 250 mille Dominicaines et Dominicains (dont un grand nombre d’ascendance haïtienne) retient l’actualité, la chanson d’un vendeur ambulant haïtien fait des vagues en République Dominicaine, à tel point que son compositeur émerge comme nouvelle star de l’industrie musicale.
« ¡Saluda amiga, saluda amigo ! Saluda vecina, saluda vecino ! Cuando palitó no viene, la gente preguntá : ¿dónde tá palitó ? ¿dónde tá metío ? » [En français : Salut amie, Salut ami. Salut Voisine, Salut Voisin ! Quand Palito ne vient pas, les gens demandent : Où est Palito ? (…)] se retrouve sur toutes les lèvres, même des plus petits.
Considérée comme un phénomène musical en République Domicaine, ‘’Palito de Coco’’ est diffusée en boucle à la radio, la télévision, dans les discothèques, dans le transport en commun, et fait office de sonneries pour les cellulaires, voire d’interprétation de groupes musicaux, selon ce que rapportent plusieurs médias dominicains.
Palito de Coco, de ce qui est dansé à ce qui fait hit
Cette mélodie rythmée se danse, vante les mérites de la douceur (tá dulce, tá bueno) d’une sucette confectionnée à base de coco, mélangée au chocolat et au caramel attachée à un cure dent, que l’on nomme Palito de Coco.
Avec des sucettes étalées sur un plateau, Rumai, le marchand ambulant, est muni d’un couteau qu’il tape sur les rebords, chantant à tue-tête ‘’Palito de Coco’’, dans certaines rues et localités dominicaines, pour pouvoir attirer le maximum de clientes et clients.
La chanson est choyée pour sa fraicheur et sa dynamique rythmique.
La chanson “Palito de coco” est psalmodiée au rythme de Komba, combinaison du “konpa et du “mambo”, un type de mambo haïtien comportant un accent érotique, tout aussi entraînant avec l’accent typiquement sympathique, écrit El Nacional.
Selon la presse dominicaine, cette chanson dépasse les frontières et est diffusée aux États-Unis d’Amérique, à Porto Rico et au Panama, où des versions sont rythmées au bachata, dembow et merengue.
Sur le web, on découvre déjà des contrefaits et des mises en scène autour de la chanson.
Elle détrône celles des artistes, très connus dans les top shows, et fait figure de nouveau phénomène sur les réseaux sociaux, accaparant l’attention de plusieurs milliers d’utilisatrices et d’utilisateurs, où elle fait l’objet de centaines voire de milliers de partages.
Pourtant, ce n’est que récemment, soit en cette fin d’octobre 2013, que Palito de Coco arrive sur les ondes de son pays natal, Haïti, où il est encore peu connu du public.
Mais, d’où vient Rumai, connu sous le nom de Palito de Coco ?
Âgé de 32 ans, le vrai nom de Rumai est Roman Dorléan.
Il est marchand mobile et vit sans papiers, depuis 2011, à La Vega 5nord de la République Dominicaine). Il a dü payer 3 mille 500 pesos dominicains pour son voyage à partir de l’un des points frontaliers d’Haïti, selon ce que rapporte Listin Diario.
Entre autres, il était vendeur de rouleaux de papier hygiénique, travailleur sur les chantiers de construction et, enfin, vendeur de Palito de coco, qui, pour promouvoir celle-ci faite à base de coco, compose une chanson que l’un de ses clients a enregistrée depuis un cellulaire et ensuite postée sur Youtube.
La première vidéo de « Palito de Coco » a été enregistrée il y a environ huit mois (mars 2013) par Wilfrido, un homme de Santiago, révèlé Oliver Peña, qui dirige la société EOP, représentant Rumai.
Producteur du programme régional « Escandalo » pour Microvision dans la province de la Vega (au Nord de la République Dominicaine), Peña est le responsable de la découverte de ce talentueux chanteur, rapportent les médias dominicains.
Avec la répétitivité de l’envoi de la vidéo, dans un des segments de son programme de télévision, il l’a postée sur Youtube, tout en la partageant sur les réseaux sociaux, dont Facebook et Twitter.
Depuis lors, la vidéo est visionnée par plus de 800,000 utilisatrices et utilisateurs dans les réseaux sociaux, et maintenant fait Hit.
Palito de Coco disparaît de la circulation
Toutefois, durant plusieurs semaines, le compositeur de la chanson était introuvable.
Des rumeurs faisaient croire qu’il aurait été rapatrié, vers Haïti, par des agents de l’immigration dominicaine. Version, niée par ces derniers.
Sa chanson devient un succès, au point que des producteurs de télévision et des compagnies éditrices de musique cherchent Palito pour le faire signer un contrat.
La presse et d’autres personnalités ont même offert des primes pour celles et ceux qui l’auraient trouvé. C’était le silence !
La chanteuse urbaine Amara La Negra a offert, le jeudi 10 octobre 2013, via son compte Twitter, un montant de 20 mille pesos dominicains, en guise de récompense pour la personne qui lui permettrait de contacter l’interprète de la chanson « Palito de Coco ».
Quand Palito refait surface…
Quelques jours plus tard, annonçant, depuis son compte Twitter, l’avoir retrouvé à la Vega, La Negra a, du coup, posté une photo en sa compagnie, informant qu’elle réaliserait un remix officiel et une vidéo musicale très prochainement.
Ce qui a été vite fait.
Car, depuis plusieurs jours, une vidéo-clip - en rotation sur les chaînes de télévision dominicaines - est partagée, des milliers de fois, sur les réseaux sociaux.
Oliver Peña, manager du vendeur de « Palito de Coco » le plus populaire, confie avoir reçu plusieurs offres ‘’intéressantes’’ pour le jeune Haïtien. Mais, il n’a pas encore signé de contrat.
L’arrêté controversé et la signification que semble avoir Palito de Coco
Le 23 septembre 2013, le Tribunal Constitutionnel (TC) de la République Dominicaine a adopté une résolution dépossédant de la nationalité dominicaine les descendantes et descendants de migrants, nés depuis 1929 sur le territoire dominicain.
Cette résolution de la plus haute instance du pays, rendant « apatrides » près de 250 mille Dominicaines et Dominicains, sans lien avec la terre haïtienne, a été rendu publique dans un document de 147 pages.
Dès lors, sur l’Ile partagée par les deux pays, la nouvelle fait des remous et provoque des vagues d’indignation et de protestation des autorités régionales et internationales.
C’est dans de tel contexte que Palito de Coco a émergé et que la composition constituerait une réponse « culturelle » au TC.
Depuis la publication de l’arrêt critiqué de la Cour constitutionnelle dominicaine, la vidéo a atteint un niveau de visites phénoménal, a constaté la presse dominicaine.
L’Haïtien Roman Dorlean dit « Rumai » a fait officiellement ses débuts comme artiste le jeudi 17 octobre 2013, dans le programme de Télévision dominicaine, connu sous le nom de ‘’De extremo a extremo’’ sur la chaîne Digital 15, où il a divulgué la vidéo clip de Palito de Coco. [mm kft rc apr 31/10/2013 11:00]