P-au-P, 24 oct. 2013 [AlterPresse] --- Dans deux communiqués séparés, le gouvernement haïtien et le président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj), Anel Alexis Joseph, déclarent condamner les événements, survenus le mercredi 23 octobre 2013, au parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince.
Et le gouvernement et le président du Cspj tenteraient de tirer avantage des conséquences d’une « interpellation », visiblement mal conduite, dans la soirée du 22 octobre, par le parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince, dont le responsable est réputé proche des vues gouvernementales.
Un dossier, présenté sous forme d’une affaire judiciaire, mais prenant des couleurs politiques de manière caractérisée, vu l’asservissement de certains magistrats au gouvernement par leurs comportements en tant que « miliciens de la justice », interprètent juristes et dirigeants d’organismes de droits humains.
Devenu progressivement un « persécuté politique », à cause de ses prises de position contre l’actuelle administration politique, l’avocat André Michel a été conduit au parquet, suite à son « interpellation » dans la soirée du mardi 22 octobre 2013.
Après être informé de l’existence d’aucune charge, retenue contre lui, en relation à ladite « interpellation », il a été transporté du greffe au bâtonnat par des collègues, alors que les rumeurs d’un nouvel emprisonnement couraient.
Par la suite, des parlementaires l’ont emmené en voiture au Sénat de la république.
Selon le bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Carlos Hercule, après étude du procès verbal de l’arrestation, un substitut du commissaire du gouvernement a décidé de libérer André Michel sans retenir de charges contre lui.
Cependant, le gouvernement, dans un communiqué, émis ce jeudi 24 octobre 2013, parle de « graves incidents ». Il dit condamner l’intervention des parlementaires.
« Ces agissements constituent des dérives sans précédent dans l’histoire haïtienne et appellent à des réflexions profondes. Ils représentent, en outre, une immixtion grave et une violation flagrante du principe de la séparation des pouvoirs ». Ils « sont de nature à mettre en péril les acquis démocratiques et à saper les fondements d’un véritable État de droit », fulminent Laurent Lamothe et son équipe.
Pour sa part, le président du Cspj, Anel Alexis Joseph, « proteste de la façon la plus énergique » contre « l’intrusion des parlementaires au parquet ».
Les faits du 23 octobre 2013, rapportés par les journalistes, n’ont jamais évoqué d’intervention de parlementaires au parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince, mais au bâtonnat des avocates et avocats de Port-au-Prince.
Anel Alexis Joseph appelle ces derniers « à retourner le prévenu à la justice, pour éviter qu’un mandat d’arrêt ne soit décerné contre lui ».
L’intervention des parlementaires « met en danger les bases de l’État de droit en Haïti », selon Anel Alexis Joseph.
Appelée à réagir sur l’affaire, en conférence de presse ce jeudi, la représentante du secrétaire général des Nations Unies en Haïti, Sandra Honoré, s’est dit « préoccupée par l’interpellation de l’avocat André Michel, dont les circonstances et les motifs ne [lui] paraissent pas très clairs ».
André Michel avait déjà échappé, en août 2013, à une arrestation, jugée irrégulière et conduite par le juge d’instruction Lamarre Bélizaire, réputé proche de l’Exécutif. [kft rc apr 24/10/2013 15:50]