P-au-P, 23 oct. 2013 [AlterPresse] ---- Plusieurs familles, dont des locataires, victimes, d’une opération musclée de déguerpissement enregistrée à 5:00 am (9:00 gmt) le samedi 19 octobre 2013, à Delmas 33 (au nord-est de la capitale), réclament justice et réparation auprès des autorités haïtiennes.
Ce jour là, c’est sous la pression de tracteurs et de brutalité inattendue de policiers nationaux que ces familles ont pris leurs jambes à leur cou, témoigne un locataire délogé qui indique qu’aucun avertissement préalable ne lui a été donné par les autorités.
« Mon bail devait expirer en 2018 », fait savoir ce père de famille, l’air désespéré.
L’opération du samedi 19 octobre 2013 a été effectuée avec une sauvagerie telle que certaines personnes ont eu seulement le temps de sauver leur vie et quelques affaires, explique le locataire.
Après la démolition, certains ont été accueillis par des amis, tandis que d’autres se démènent, jusqu’à présent, pour trouver un toit pour dormir, apprend-on.
« Les livres et les cartables de mes enfants sont encore sous les décombres », regrette une locataire, qui dit avoir été obligée de se réfugier avec sa famille chez une amie à Delmas 31.
Faisant part de sa frustration, la victime, l’air traumatisé, affirme ressentir des picotements sur le visage, qui seraient causés par les émotions vécues lors de cette expulsion forcée.
Le mardi 22 octobre 2013, un tracteur et deux camions du ministère des travaux publics, transports et communications (Mtptc) effectuaient des travaux d’enlèvement des débris sous le regard désabusé des riverains, à Delmas 33, près du local du laboratoire national du bâtiment et des travaux publics, constatait AlterPresse.
Des jeunes, parmi eux des enfants, armés de marteaux, tentent de s’accaparer des barres de fer, enfouies sous les décombres.
Des casseurs de briques sont aussi à l’œuvre pour récupérer quelques-unes.
Les débris sont tout ce qui reste des maisons de dizaines de familles, pour la plupart, des locataires expulsées aux environs de 5:00 heures a.m locales, le samedi 19 octobre 2013.
Dans une note en date du lundi 21 octobre 2013, la Fòs refleksyon ak aksyon sou koze kay ( Force de réflexion et d’action pour le logement / Frakka) dénonce ces actes arbitraires et d’injustice, orchestrés par des mains inconnues qui ont commandité la destruction de plus d’une trentaine de maisons à Delmas 33.
Ces personnes expulsées reconnaissent avoir été victimes d’un gouvernement, qu’elles ont hissé au pouvoir lors de l’élection présidentielle de novembre 2010 et de mars 2011, rapporte Frakka.
Si le pays n’était pas dirigé par des délinquants et des bandits, ces actes ne seraient pas perpétrés contre une population que les dirigeants ont pour devoir de protéger, ajoute-t-elle, citant les propos des victimes.
La force de réflexion et d’action pour le logement demande au parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince de mettre l’action publique en mouvement contre les propriétaires de maisons qui, eux, auraient reçu un dédommagement de l’État, tout en continuant à recevoir de l’argent de leurs locataires.
Frakka appelle les victimes à s’organiser en vue de forcer le gouvernement à prendre ses responsabilités, dans le cadre de ce dossier, jusqu’à ce que justice et réparation leur soient rendues. [emb kft rc apr 23/10/2013 10:30]