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Haïti-Presse : L’éventuel complot pour assassiner un journaliste annoncé par le gouvernement soulève des remous

Nouvelle menace à la liberté de la presse ? Annonce de répression et de persécution politique contre l’opposition ?

P-au-P, 21 oct. 2013 [AlterPresse] --- La publication de la nouvelle d’un éventuel complot visant l’assassinat du journaliste Jean Monard Metellus, animateur de deux émissions d’analyse politique sur la radiotélévision Caraïbes (un média privé), par le ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp) le vendredi 18 octobre, suscite de multiples réactions.

C’est d’abord le concerné, Jean Monard Metellus qui réagit à la nouvelle.

« Je ne veux faire le jeu de personne », a déclaré le journaliste, à l’ouverture, le samedi 19 octobre 2013, de l’une de ses émissions, 24 heures après l’annonce du ministère de la justice.

Il affirme « ne pas avoir peur », tout en se gardant de négliger ou de renchérir l’annonce des autorités de la justice.

Selon le Mjsp, une branche de l’opposition politique, hostile à la tenue des prochaines élections sénatoriales partielles et locales, serait à la tête de ce complot.

Celle-ci aurait même donné 10 mille dollars américains à deux individus pour exécuter le journaliste.

Le secrétaire général de l’Association des journalistes haïtiens (Ajh), Jacques Desrosiers cherche l’équilibre et déclare à AlterPresse que « si c’est vrai, le ministère doit faire ce que de droit ».

C’est une « menace réelle à la liberté de la presse », estime Desrosiers qui se veut prudent, en souhaitant « qu’on n’utilise [pas cette information] comme un outil de persécution contre l’opposition politique.

Ce message des autorités de l’État représente également une « pression » et essentiellement « une intimidation psychologique » pour pousser le journaliste à abandonner son travail, croit Desrosiers.

Pour sa part, le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) juge « grossier, maladroit et suspect » le communiqué du ministère.

Il s’agit « d’un prétexte pour déclencher une vaste répression contre les citoyens », selon Pierre Espérance, directeur exécutif du Rnddh.

Va-t-on assister à de nouveaux actes de répression et de persécution contre des membres de l’opposition à Martelly et à son équipe au pouvoir ?

Parlant le même langage, par rapport à ce dossier, parlementaires et politiques assimilent le communiqué du 18 octobre 2013 à « de la diversion » pour faire taire des réalités qui accablent la population.

De mai 2011 à date (octobre 2013, pas une semaine ne passe sans l’éclatement d’un scandale, ni des déclarations fracassantes frisant l’arrogance, la provocation, l’autoritarisme, le déni, l’irrespect des droits humains, rattachés à l’administration politique actuelle.

La dernière « boulette », le président Joseph Michel Martelly croit, au mépris des normes constitutionnelles, que l’exécutif serait au-dessus du parlement et du système judiciaire.

Il y a quelques semaines, un journaliste de Radio Télé Kiskeya a été molesté, dans l’exercice de sa fonction, par un agent de sécurité de Martelly ....

Parallèlement, un juge d’instruction, favorable au gouvernement, a sommé en justice la journaliste Lilianne Pierre-Paul pour une information publique, diffusée à son encontre par la station Radio Télé Kiskeya.

Pourquoi les autorités, imbues de tant de détails d’une telle rencontre (du jeudi 17 octobre 2013), n’ont pas du tout agi contre les commanditaires et conspirateurs ?, s’interrogent beaucoup, avec anxiété, se rappelant les manœuvres d’anciens gouvernements et de régimes fascistes, à l’instar de la période des Duvalier.

« Absurde », disent-ils.

Au lieu d’une opération pour arrêter les conspirateurs, les responsables de la justice indiquent être disposés à mettre des policiers nationaux pour assurer la sécurité du journaliste Jean Monard Métellus.

Une offre que le confrère a déclinée.

« L’opinion sait à quoi s’en tenir. L’administration politique actuelle portera la responsabilité... s’il m’arrive quoi que ce soit », avertit le confrère de Radio Télé Caraïbes.

Le communiqué du 18 octobre 2013 du Mjsp intervient, environ une semaine après la découverte, par Métellus, d’un acte de sabotage dans son véhicule privé.

Les écrous des roues de son véhicule ont été préalablement desserrés par une main inconnue. Le journaliste, qui faisait route vers le Nord du pays, le dimanche 13 octobre, en a fait le constat après avoir entendu un bruit anormal dans le fonctionnement de son véhicule. [srh kft apr 21/10/2013 14 :35]