P-au-P, 16 oct. 2013 [AlterPresse] --- Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) considère comme « positive », la démarche entreprise par les avocats des victimes du choléra en Haïti, qui ont déposé une plainte, le mercredi 9 octobre 2013, contre l’Organisation des Nations Unies (Onu), à New York.
La Mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah) a une obligation et un devoir de dédommager les victimes du choléra, et de travailler - à travers leurs agences dans le pays - pour lutter contre cette maladie, en améliorant les structures sanitaires, préconise le directeur exécutif du Rnddh, Pierre Espérance, dans une interview accordée à AlterPresse.
La plainte du 9 octobre 2013 pointe du doigt la responsabilité des casques bleus népalais de la Minustah, dans l’introduction du choléra en Haïti en octobre 2010.
Déposée par cinq avocats haïtiens à New York, la plainte du 9 octobre 2013 souligne la négligence des Nations Unies dans l’apparition de cette épidémie dans le pays et exige des compensations pour les victimes.
Le gouvernement actuel ne donne aucun accompagnement aux victimes du choléra et à celles ayant subi des abus de droits humains, comme les violations sexuelles, signale Espérance, critiquant l’alignement du pouvoir actuel sur la position des Nations Unies.
Le premier ministre Laurent Salvador Lamothe a proposé à l’Onu la mise en place d’une commission mixte devant étudier les voies et moyens de combattre le choléra en Haïti.
A la suite de cette proposition, Ban Ki-moon a dépêché à Port-au-Prince, le vendredi 11 octobre 2013, Pedro Mandrano, sous-secrétaire général adjoint en charge de la réponse au choléra pour Haïti, qui a déjà discuté avec Lamothe sur la question, rapporte le quotidien Le Nouvelliste.
Les ministères de la santé publique et de la population (Mspp), des Affaires étrangères (Mae), le bureau du premier ministre et la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement (Dinepa) seront représentés au sein de ladite commission.
Un des avocats de l’organisation défenseurs des opprimés (Dop), Me. Patrice Florvilus, dénonce, à nouveau, la passivité du gouvernement haïtien, qui essaie de jeter de la poudre aux yeux des gens en annonçant la formation de cette commission mixte d’éradication du choléra.
« Il ne peut y avoir d’éradication, sans tenir compte des victimes de la maladie et de ses auteurs, à savoir la Minustah », estime Florvilus, ajoutant qu’il y a lieu à des interpellations civiles.
Pour sa part, le directeur exécutif du Rnddh appelle à une mobilisation nationale et internationale, capable de pousser l’Etat haïtien et les Nations Unies à assumer leurs responsabilités.
Le 26 septembre 2013, le Collectif de solidarité avec les victimes du choléra a organisé une marche, devant le siège des Nations Unies, pour réclamer justice et réparation pour les victimes et leurs familles.
Depuis 2010, le choléra a fait plus de 8 mille 300 morts en Haïti.
De plus, le Conseil de sécurité des Nations Unies a approuvé, le jeudi 10 octobre 2013, une résolution visant à prolonger le mandat de la Minustah jusqu’au 15 octobre 2014.
Déployée depuis juin 2004 en Haïti, la force onusienne continue d’être décriée chez plusieurs secteurs.
Cette mission n’est pas à la hauteur de sa tâche. Elle n’a rien fait dans la mise en œuvre de l’État de droit, ni dans la lutte contre la corruption et l’impunité, fustige Espérance, constatant une régression du pays à ce niveau.
Citant, en exemple, les arrestations de prisonniers politiques, comme les frères Enold et Josué Florestal, le directeur exécutif du Rnddh accuse la Minustah de cautionner les violations des droits humains. [emb kft rc apr 16/10/2013 13:10]