P-au-P, 10 oct. 2013 [AlterPresse] --- Une mère et ses 4 enfants ont perdu la vie le 9 octobre à Tabarre (périphérie nord-est) dans l’effondrement d’un mur de clôture auquel était adossée leur maison de fortune, lors d’inondations causées par des averses diluviennes, apprend AlterPresse.
Le drame s’est déroulé entre une rive de la rivière grise, terrible pour ses crues et le mur de clôture d’une entreprise de fabrication de parpaings.
Un père a assisté impuissant à l’agonie de sa femme et de 3 de ses enfants sous le poids de 12 rangées de parpaings et plusieurs mètres de sable et de gravier, selon les informations obtenues par AlterPresse de la Protection civile et des riverains.
Le mur servait aussi pour la petite maisonnette majoritairement construite avec des bâches.
« Ces pluies ont tristement marqué le quartier. C’est horrible. Ce sont des images qui me font encore pleurer rien que d’y penser » témoigne Guy Ford Ceynou, des sanglots dans la voix.
« Le père a eu la vie sauve de justesse. C’est lui qui nous a alertés. Mais je suis presque sûre qu’il deviendra fou », prédit une dame dans la cinquantaine.
La solidarité des riverains de Tabarre 27 et de la protection civile de la commune n’aura permis qu’au benjamin de la famille âgé de trois mois environ de vivre quelques heures de plus.
« Malgré toute la diligence d’un voisin policier, l’enfant a succombé à l’hôpital où il a été admis », précise Marie Flore Sanon, jeune dans la vingtaine.
A part cette famille, 3 autres se trouvent dans les mêmes conditions de logement. Mais elles ont eu l’intuition de laisser la zone au moment où les puissantes averses ont commencé à s’abattre sur Tabarre.
Réunie dans la vie, dans le dénuement qui les a forcés à se réfugier dans ce coin après le séisme du 12 janvier 2010, ils sont 4 à la morgue de l’hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti, selon les informations fournies à AlterPresse par Jean Edmé, responsable logistique de la commission communale de la protection civile de Tabarre.
« Nous avons fait notre possible pour tenter de sauver cette famille. Malheureusement quand on est arrivé le drame s’était déjà produit. L’espace est tellement exigu qu’on a du opérer manuellement. Avec les gens des environs, on a fait ce qu’on a pu », explique Edmé, de toute évidence choqué et affecté.
En général, à chaque saison pluvieuse, la commission communale de la protection civile de Tabarre demande à ces habitants d’évacuer la zone mais « ils reviennent à chaque fois » comme pour jouer à cache-cache avec les autorités, continue le responsable de logistique.
Le drame du 9 octobre à Tabarre est vu comme « un message clair » relatif au problème de logement et de la protection des citoyens et citoyennes. Il invite chacun et chacune à se « responsabiliser », commente un habitant de la zone.
Depuis quelques temps, il semblerait que Tabarre et les inondations auraient noué une affreuse idylle. Jamais une saison pluvieuse sans que Tabarre ne soit sous les eaux. [efd kft gp apr 10/10/2013 11 :40]