Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 16 oct. 2013 [AlterPresse] --- L’Unité de construction de logements et de bâtiments publics (Uclbp) serait en phase de faire valider, de manière définitive, une politique nationale de logement et d’habitat, indique le directeur de la division du logement de cette unité, Odnell David.
Cette annonce a été faite par le responsable lors d’une table ronde, réalisée, le mardi 8 octobre 2013, à la Fondation connaissance et liberté (Fokal).
Cette politique aurait l’ambition d’offrir, aux familles à revenus modestes, particulièrement les plus vulnérables, des conditions de logements beaucoup plus saines avec un minimum de services de base.
L’une des options, retenues pour augmenter l’offre de logement, serait de développer des programmes de cités-services dans la zone métropolitaine de la capitale Port-au-Prince, avance David.
Ces cités-services permettraient, non pas d’éliminer les quartiers informels (les bidonvilles), mais d’inverser la tendance en favorisant, à terme, un développement urbain sous contrôle, explique-t-il.
Ces programmes de cités-services vont être mis en œuvre pour accompagner les familles dans une perspective de les aider à construire de meilleurs logements, précise-t-il.
Aucune information ne filtre sur le délai d’implantation de cités-services annoncées.
Depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010, aucune solution durable n’est apportée à la question de logements dans le pays.
Des familles sont relocalisées dans des abris provisoires mal construits, situés, généralement, dans des zones privées de services publics essentiels, comme l’accès à l’eau potable et à l’électricité publique.
De plus, le projet 16/6, mis sur pied par l’État en vue de relocaliser les personnes déplacées, est vu, par des secteurs avisés, comme un échec, parce qu’il n’a fait que reproduire les mêmes structures existantes avant le séisme dévastateur du 12 janvier 2010.
Le dit projet constitue un nettoyage social des places publiques, au lieu d’une réelle solution aux problèmes de logements dans le pays, selon les reproches adressés.
Le projet 16/6 est une opération, mise en place par le gouvernement en vue de faciliter le relogement des familles déplacées de 6 camps de la capitale dans leurs quartiers d’origine (16 quartiers).
Récemment, un projet de maquillage a été mis en œuvre pour cacher les problèmes de logements, auxquels font face les résidentes et résidents de Jalousie qui surplombe le centre de Pétionville (périphérie est).
Les pouvoirs publics doivent adresser la problématique du logement, de manière à pouvoir offrir des solutions de logements qui puissent correspondre aux attentes et aux besoins de la population haïtienne, préconise le directeur de la division logement de l’Uclbp, soulignant la précarité dans laquelle vit la grande majorité de la population nationale.
Pour sa part, la responsable de l’unité urbanisme et habitat au Comité interministériel d’aménagement du territoire (Ciat), Rose-May Guignard, a abordé les perspectives et les enjeux liés à la problématique de l’habitat en Haïti.
L’habitat est un mode d’occupation de l’espace, pour tout ce qui a trait aux logements et à l’environnement, en relation avec les gens qui les habitent et toutes les infrastructures de base, comme les centres de santé, les écoles et les marchés, explique Guignard pour souligner le caractère systémique de l’habitat.
« Faire une ville, c’est penser aux agencements des fonctions existantes dans le milieu, à sa densification, son extension et à la gestion des risques », précise-t-elle, recommandant de penser la ville (en Haïti) dans sa diversité d’habitantes et d’habitants, et les types de produits nécessaires pour subvenir à leurs besoins.
La création de la ville permet de créer la richesse, en s’assurant que les investissements - consentis dans des logements ou des bâtiments - vont croitre en valeur, à travers la mise en place d’infrastructures durables.
« La ville se fait avec des décisions privées. Mais, pour qu’elles marchent bien, il y a des décisions qui doivent être communes et prises par des instances publiques », suggère Rose-May Guignard, intervenant sur le rôle de l’État dans l’aménagement d’une ville.
En ce sens, elle encourage l’État à encadrer les habitantes et habitants dans la construction des villes.
Ce qui requiert des décisions collectives, comme les questions d’infrastructures publiques.
Le rôle de l’État est de s’assurer qu’il y a un système de contrôle performant de construction et de planification urbaine, avance la responsable de l’unité urbanisme et habitat au Ciat. [emb kft rc apr 16/10/2013 11:10]