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Haïti-Politique : Une première date... pour quelles élections ?

P-au-P, 03 oct. 2013 [AlterPresse] --- Des membres du Collège transitoire du conseil électoral permanent (Ctcep) et certains politiques ne voient pas, d’un bon œil, la démarche du président de l’institution électorale, Emmanuel Ménard, d’annoncer (sur un ton rappelant étrangement la période de la dictature des Duvalier), sans consultations diverses, une série de mesures et la tenue des prochains scrutins pour, éventuellement, le dimanche 26 janvier 2014, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

À la suite d’une session, dite ordinaire, tenue au local du Ctcep à Pétionville, le mardi 1er octobre 2013 - avec la participation de 8 des neuf membres du Ctcep (la conseillère électorale Marie Cluny Dumay n’était pas présente) -, Ménard rend public un calendrier des prochaines élections pour le renouvellement du tiers du sénat, 140 conseils municipaux et 570 conseils d’administration de sections communales (Casec).

Six des 8 (les conseillers électoraux Néhémy Joseph et Léopold Berlanger ont rejeté la proposition de Ménard) membres présents du Ctcep ont appuyé la proposition du président du Ctcep, déclarant, pour les mois d’octobre et de novembre 2013, la période des processus d’inscription des partis et groupements politiques qui désirent participer aux prochaines élections, celle de l’accréditation des journalistes qui comptent couvrir le processus, celle du recrutement des membres des bureaux de vote, entre autres.

Le moment devrait, surtout, être destiné à l’ « analyse des impondérables (…) et [à la possibilité] d’arriver à une loi électorale, à partir de laquelle certaines dates et certains seraient fixés », estime, cependant, Néhémy Joseph, membre du Ctcep.

La date du 26 janvier 2014, avancée par Emmanuel Ménard, ne peut être que « probable », dit-il.

Léopold Berlanger, un autre membre du Ctcep, invite le président du collège à revenir sur ses affirmations.

Dans un premier temps, Emmanuel Ménard affirmait ne pas être en mesure de lancer le processus, en dehors d’une loi électorale.

Une loi électorale, toujours au parlement, votée, le mercredi 2 octobre 2013, par le sénat de la république, en des termes différents de la chambre des députés.

« C’est un tract, pour la consommation internationale », considère le président du sénat au sujet du (projet de) calendrier électoral provisoire, rendu public par Emmanuel Ménard.

Sauveur Pierre Étienne, membre du directoire du parti politique Organisation du peuple en lutte (Opl), assimile ce changement de position à un « manque de parole (d’un responsable) sous les ordres du palais national ».

« Le président de Ctcep ne sait pas de quoi il parle », souligne-t-il dans un entretien avec AlterPresse.

Le principal dirigeant de l’Opl regrette, surtout, le fait que « les principaux acteurs », n’ont pas été consultés avant toute prise de décision.

Toutefois, l’Opl garde sa position : celle de barrer la route à tout « coup d’État par les urnes », sans écarter la possibilité de participer aux prochains scrutins.

Le contexte n’est pas idéal pour organiser des élections, qui risquent de déboucher sur « un tsunami politique », craint le professeur Pierre Étienne.

Entre-temps, les annonces du président du Ctcep ne changent pas la vision du Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod) qui les qualifie de « provocation ».

Cette initiative (pré calendrier électoral du Ctcep) n’est qu’une « manœuvre de diversion et l’aggravation de l’abcès », pour le porte parole du Mopod, l’ancien sénateur Turneb Delpé.

En attendant la prochaine assemblée du mouvement, le slogan reste le même : « élections en 2013 ou la démission de l’actuelle administration politique ».

Delpé souhaite aussi la démission des membres du Ctcep qui n’auront pas respecté les clauses de leur mandat, celles d’organiser les élections en 2013. [srh kft rc apr 03/09/2013 10:20]