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Haïti-Rép. Dominicaine : Le gouvernement haïtien « vivement préoccupé » par la dénationalisation des Dominicains d’ascendance haïtienne

Les Nations Unies se prononceront, dans une semaine, sur la décision de la cour constitutionnelle dominicaine

P-au-P, 1er oct. 2013 [AlterPresse] --- Les autorités haïtiennes ont exprimé leur vive préoccupation par rapport à la décision de la Cour constitutionnelle de la République Dominicaine d’enlever la nationalité dominicaine à toutes les personnes nées de parents étrangers, sans papiers à partir de 1929, dans un communiqué émis ce mardi 1er octobre 2013.

La décision de la Cour constitutionnelle, prise le 26 septembre 2013, concerne des milliers de Dominicaines et Dominicains d’ascendance haïtienne.

Face à cette situation, le ministère haïtien des affaires étrangères (Mae) annonce avoir rappelé, pour consultation, son ambassadeur accrédité à Santo Domingo, Fritz N. Cinéas.

La chancellerie haïtienne « fixera la position du gouvernement haïtien dans les meilleurs délais ».

Dans le même sens, le président de la commission des affaires étrangères, de la chambre des députés, Abel Descollines, entend convoquer, pour le jeudi 3 octobre 2013, le chancelier Pierre Richard Casimir, afin qu’il apporte des éclaircissements sur les mesures qui seront prises pour contrecarrer la décision de la République Dominicaine.

De son côté, « le système des Nations Unies étudie la cohérence du verdict de la cour constitutionnelle dominicaine avec les traités internationaux ratifiés par ce pays ».

L’Onu se penche sur l’affaire et fixera, elle aussi, sa position officielle dans une semaine, indique Lorenzo Jiménez de Luis, coordonnateur résident de l’Organisation des Nations Unies (Onu) en République Dominicaine.

« C’est un acte raciste et anti-Haïti, parce que la décision a été prise contre les descendants haïtiens dans le pays », estime Colette Lespinasse, coordonnatrice du Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr).

Cette action va renforcer tous les difficultés rencontrées par les descendantes et descendants d’Haïtiens en République Dominicaine, et conséquemment augmentera le nombre de sans papiers.

Actuellement, il y aurait plus de 200 mille descendantes et descendants d’Haïtiens en République Dominicaine.

La « sentence » de la cour constitutionnelle de la République Dominicaine va fragiliser la situation des droits humains de ces personnes dénationalisées. Des groupes hostiles peuvent en profiter pour s’emparer de leurs biens.

« En outre, c’est un acte qui attaque la diaspora haïtienne en général, parce que ces gens font partie de la diaspora haïtienne. C’est l’une des diasporas les plus anciennes (d’Haïti)... », rappelle Lespinasse.

Le Garr demande à toutes les diasporas du monde entier d’élever la voix pour condamner la décision de la Cour constitutionnelle dominicaine.

« La récente décision de la Cour constitutionnelle dominicaine, tendant à ravir des droits acquis à plusieurs centaines de milliers de ressortissants dominicains, sous le simple prétexte qu’ils descendent d’Haïtiens entrés illégalement dans le pays voisin, constitue une mesure injustifiable, dont les conséquences incalculables risquent de créer une situation de tension accrue entre les deux nations qui se partagent l’île », réagit, pour sa part, le parti politique Fusion, qui se dit, lui aussi, préoccupé.

Depuis 2013, un coup de froid plane sur les relations haitiano-dominicaines, envenimées par la confirmation de la décision (adoptée depuis janvier 2008) du gouvernement haïtien d’interdire l’importation, sans un certificat pertinent, de produits carnés dominicains susceptibles d’être porteurs d’un virus grippal. [jep kft rc apr 1er/10/2013 13:50]