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Haïti-Science : Pour une utilisation des technologies au service du bien social

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 27 sept. 2013 [AlterPresse] --- Divers acteurs, issus du monde académique, encouragent une utilisation plus rationnelle des technologies pour favoriser un renforcement des liens dans la société, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.

« Le défi réel est de faire que la technologie, l’innovation et les nouveaux médias se mettent au service d’une société inclusive », souligne le recteur de l’Université Quisqueya (Uniq) Jacky Lumarque, lors du premier sommet pour le bien social à Port-au-Prince (Haiti), le mardi 24 septembre 2013.

La sauvegarde du lien social est nécessaire pour le bon fonctionnement de la société, avance le recteur de l’Uniq, prônant l’utilisation d’une technologie misant sur « une rationalité matérielle », qui manque beaucoup à Haïti.

Lumarque encourage la formation à distance des jeunes, à travers la technologie.

Il appelle à une exigence de devoir d’innovation pour former des citoyennes et des citoyens haïtiens, capables de répondre aux besoins sociaux de leur pays.

Entre espoirs et inquiétudes

En dépit de la contribution des progrès technologiques au bien être humain, il existe toujours un fossé entre pays riches et pays pauvres, lequel fossé s’accroit, souligne, pour sa part, le recteur de l’Université d’État d’Haiti (Ueh), Jean Vernet Henry.

Henry souhaite l’utilisation des technologies pour réduire de pareils écarts, dans la perspective d’un mieux-être dans les pays pauvres, notamment Haïti.

Ces « progrès technologiques génèrent beaucoup d’espoirs, quant à leurs retombées positives. Mais, elles sont aussi accompagnées de nombreuses incertitudes, quant à leurs impacts sur l’environnement et même sur la vie », signale le recteur de l’Ueh, signalant, en exemple, le réchauffement climatique à l’échelle planétaire.

Reconnaissant l’importance des technologies de l’information et de la communication (Tic) à l’université, le recteur de l’Ueh invite à se prémunir contre une utilisation passive de cette absorption technologique qui est, de nature, à bloquer toute initiative prenant pas en compte la protection de l’environnement.

« Le fondamental doit résider sur l’humain », qui doit rejeter tout individualisme, préconise Henry.

Refus du savoir importé et du mimétisme

Le recteur Lumarque critique le fait d’engager des docteurs à l’université, qui se contentent de mimer la recherche scientifique moderne, parce que, dit-il, les problématiques - sur lesquelles ils travaillent et qui sont importées - ne correspondent pas au milieu.

Lumarque recommande d’aboutir à une université haïtienne pertinente, qui refuse le mimétisme et la singerie, dans ses programmes de recherche, en acceptant de former des citoyennes et citoyens capables de trouver des réponses aux besoins de leur pays.

« L’université ne doit pas se contenter de donner des diplômes, sans qualification, aux universitaires, ni de mettre des jeunes (sur le marché) qui n’auront jamais la chance de trouver un emploi », met en garde Lumarque.

Tout en prônant un modèle d’université au service des jeunes et ouvert sur la réalité du pays, l’amour, et l’honnêteté, Lumarque déplore l’absence de politique publique dans le domaine de l’éducation, où l’enseignement supérieur n’inclut aucun agenda national.

La technologie face à la société et l’université

De son coté, le directeur général de l’École supérieure d’infotronique d’Haïti (Esih), Patrick Attié, attire l’attention des actrices et acteurs publics sur le danger du modèle d’université existant dans le pays.

Attié craint qu’un mauvais usage des technologies rende « nos enfants plus bêtes qu’il y avait 30 à 40 ans ».

Les enfants, en difficultés d’apprentissage, sont plus créatifs que celles et ceux qui ont toutes les technologies à leur portée, si ces derniers ne sont pas préparés, soutient le directeur de l’Esih, précisant que « la technologie en soi n’est pas responsable ».

Le sommet du 24 septembre 2013 entre dans le cadre du forum international sur le bien social, qui se tient à New York du 21 au 24 septembre 2013.

« Comment la technologie, l’innovation et les nouveaux médias peuvent se mettre au service d’un avenir meilleur et apporter des solutions aux grands défis d’aujourd’hui ? » : tel était le thème du sommet. [emb kft rc apr 27/09/2013 15:55]